Pour clore sa saison, le théâtre du Gymnase présente Les Oiseaux, une pièce d’Arsitophane de 2 400 ans, rarement jouée mais dont la modernité étonne. Dans une mise en scène de Laurent Pelly, avec la compagnie du théâtre national de Toulouse c’est un joyeux moment qui attend le public et les adolescents. Laurent Pelly nous en parle. Embarquement pour Coucouville-sur-Nuage !
Gomet’ : Pouvez-vous nous résumer Les Oiseaux ?
Laurent Pelly : Deux hommes quittent Athènes et partent à la rencontre d’un mythe : Térée, l’ancien roi condamné et chassé, qui connaît peut-être un lieu pour vivre tranquillement ; ce qu’on entendrait aujourd’hui pour escrocs. Ils fuient la cité envahie, corrompue… Mais il y a aussi l’idée de la prise de pouvoir et de la manipulation des oiseaux à qui on dit « Mais c’est vous qui avez le pouvoir avant les Dieux ». C’est une critique jubilatoire de la démocratie mais ce n’est pas non plus une attaque frontale. Ça parle aussi de la nature et de la confrontation de l’humain à la nature.
Qu’est ce qui vous a le plus motivé dans l’envie de monter cette pièce ? L’auteur, Aristophane, ou l’histoire ?
L.P : Aristophane m’intéresse depuis longtemps. Il est l’origine de la comédie. On retrouve avec lui tout le matériel de la comédie moderne. Mais c’est aussi une pièce extrêmement lucide et politiquement étonnante, sur Athènes à cette époque mais le sujet reste universel. On se rend compte que l’humanité n’a pas beaucoup évolué. Cette pièce est magique : elle est d’une drôlerie… J’admire l’audace littéraire ou théâtral d’Arsitophane : donner la parole à des oiseaux, c’est incroyable. Il faut savoir qu’elle n’a été jouée qu’une seule fois à l’époque, à l’occasion d’un concours de théâtre, une sorte de carnaval annuel où se jouaient comédies et tragédies. On avait le droit de dire tout le mal que l’on peut penser.
Pourquoi cette pièce a été si peu jouée ?
L.P. : Elle est compliquée à monter. On est dix-huit sur scène mais on pourrait être beaucoup plus. Elle est difficile à jouer parce que Aristophane n’a laissé aucune indication de rôle et que les traductions étaient plutôt des adaptations. Il y a des zones mystérieuses. Agathe Mélinand, qui traduit tous les textes pour moi, a vraiment fait une traduction pour rendre le texte le plus jouable en respectant la rythmique de la langue ancienne.
Vous avez réalisé les costumes et le décor des Oiseaux. Est ce devenu une nécessité pour vous de faire plus que la mise en scène ?
L.P. : Je ne fais pas souvent la scénographie de mes spectacles mais là, la représentation des oiseaux et de la nature soulevait la question de savoir si on allait vers quelque chose de pseudo réaliste ou quelque chose de poétique. Est-ce qu’il fallait faire voler les acteurs ? Mais une fois que l’acteur est en l’air, qu’est ce qu’on en fait ? Et dans le texte d’Aristophane, il y a des chants d’oiseaux, ce sont des onomatopées. Pour les costumes, je fais ceux de tous mes spectacles et là, c’était impensable de déguiser les acteurs en oiseaux. Je cherche toujours des solutions poétiques à ce genre de problèmes alors j’ai créé une sorte de kit avec deux ailes, un bec et une queue, à la disposition de chaque acteur. Dans le travail de préparation, on a regardé pas mal de films animaliers sur les oiseaux pour étudier leur déplacement. Et donc oui, là ça m’a paru évident de m’occuper aussi de la scénographie.
Quel message en tirer aujourd’hui ?
L.P. : Comme je vous disais, c’est une critique de la démocratie mais c’est aussi une critique de la religion. Qui sont les Dieux ? Pourquoi leur donne-t-on autant de pouvoir ? Là, la gravité se dit avec poésie. On dit beaucoup de choses aujourd’hui sur ces sujets mais ce qui est important, c’est d’être ensemble et ça donne plus de force à ce qui est raconté.
Informations pratiques
> Théâtre du Gymnase – 4 rue du Théâtre français, Marseille 1er
> du mardi 13 juin au samedi 17 juin à 20h30, merdredi 14 juin à 19h
> de 35 € à 9 €
> réservations au 08 2013 2013 ou billetterie en ligne