Il est 19h, Stéphane Paoli vient tout juste de rentrer à son bureau, rue des Cordeliers à Aix-en-Provence. « Nous avons fait le tour des bureaux de vote, pour saluer les assesseurs, rencontrer les électeurs. Mais on n’a pas parlé politique ! » Celui qui a rassemblé 16,81% des voix, face à Anne-Laure Petel pour LREM qui en a plus du double (37,18%) l’ignore encore, mais il se pressent déjà au second tour. « On n’est pas dans le cadre de l’élection de François Fillon, éliminé au premier tour. A voir maintenant quels sont les scores pour connaître la stratégie à adopter. » Et notamment, mobiliser l’électorat qui n’a pas voté.
« Le stress, ce n’est pas mon truc. » Cravate noire et chemise blanche, il apparaît souriant, mais le temps passe. Dans la pièce attenante à son bureau, un open space avec un vidéoprojecteur et un tableau Excel. Rémi, étudiant en droit, et deux autres bénévoles s’affairent à remplir les cases. « Nous sommes en lien avec les assesseurs des bureaux de vote qui nous communiquent les résultats de 200 premiers bulletins. » Ce n’est pas fameux, Petel est donnée gagnante partout. Mais rien ne départit Stéphane Paoli de sa bonne humeur. « Ca ne veut rien dire », lâche-t-il, sourire aux lèvres.
Une trentaine de bénévoles sont présents au QG. « Des militants, mais aussi des apolitiques, venus me donner un coup de main par amitié pour moi », explique le candidat. Rémi est concentré, reporte avec application les résultats qu’on lui communique par SMS depuis Puyricard, Fuveau, Trets et les 15 autres villages qui composent, outre Aix-en-Provence, la 14e circonscription. Pour parler de son candidat, cet étudiant en management de 22 ans lève tout juste les yeux de son écran. « Des mecs comme ça, il en sort tous les 20 ans. Je crois en ce candidat jeune, altruiste. C’est la meilleure alternative à la vague Macron. Il prône le renouvellement, n’est pas carriériste pour un sou. 10 ans qu’il est élu. » Malgré la tension qui commence à grimper dans tout le QG, les militants sont unanimes : ils sont confiants. Sur un pan de mur, des mots de soutiens, d’amour, presque. « Que ta victoire soit belle », « La victoire est évidemment pour toi », « Le meilleur c’est Paoli ».
Le 2ème tour, ça commence ce soir
Annabelle Martinez, 36 ans, aborde, comme presque tous les bénévoles, à son poignet un bracelet tressé bleu blanc rouge. « Une pacotille achetée sur Amazon », précise-t-elle. « Et attention, on n’est pas Front national ! Ils n’ont pas le monopole du patriotisme, ni du drapeau français », prévient un autre. « Ce soir, je soutiens le candidat pour lequel j’ai travaillé dur depuis des semaines, reprend Annabelle Martinez. Développement du réseau, fidélisation, management des équipes, c’est un boulot à temps plein ! S’il perd, oui, je serais très déçue. »
De défaite, Sylvie, 52 ans, ne veut pas en entendre parler. « Je viens pour apporter un soutien moral à mon candidat. Je suis sure qu’il va gagner ! Jusqu’au bout il doit y croire. » Il est près de 20h, les estimations sont plus précises, et Louis se veut lucide. « On a perdu, chuchote-t-il. A moins d’un miracle, et je n’ai jamais vu de miracle en politique, on est en train de se faire laminer. » Ce buraliste à la retraite vient de la gauche mais « celle-ci a tendance à maltraiter les commerçants. » Alors il débarque à droite. « J’aime bien Maryse. J’ai beaucoup bossé avec Christian Kert et là, je donne un coup de main ici. Je suis passionné par la politique, j’aime la prévision électorale. C’est ce qu’on fait ce soir. »
Place à présent à la campagne du second tour. « Ça va passer vite », affirme Stéphane Paoli. Les résultats ne sont pas encore définitifs, mais ce soir il s’agira déjà de les analyser les résultats, rédiger la profession de foi du candidat, organiser la distribution, le tractage, le boîtage, définir la stratégie à adopter et le planning à respecter. « Le deuxième tour, ça ne commence pas demain, ça commence ce soir ! »