« L’immuno-oncologie est aujourd’hui le domaine le plus dynamique de la cancérologie », le PDG et fondateur de HalioDx, Vincet Fert (photo) en est persuadé. Ainsi, sa société a décidé de s’intéresser à la réaction immunitaire et l’environnement tumorale plutôt qu’à la seule cellule cancéreuse pour mieux prévoir le traitement de la maladie. Concrètement, Immunoscore va compter le nombre de lymphocytes T et déterminer leur localisation dans différentes régions de la tumeur. Les résultats permettent alors de classifier les patients et de prédire leur survie. « Par exemple, cela peut aider les médecins à décider de prescrire une chimiothérapie ou à effectuer une chirurgie », explique Vincent Fert.
HalioDx : la fille de l’ancienne pépite Ipsogen
Créée en mars 2015, la société est en fait la continuité de l’aventure Ipsogen qui a débuté en 1999. En 2011, Ipsogen a été racheté par l’allemand Qiagen. « Cependant, nous avons senti que la nouvelle direction envisageait la possibilité de délocaliser l’activité outre-Rhin. On se sentait un peu les parents pauvres au sein de ce grand groupe alors je leur ai proposé de reprendre les actifs et les salariés pour pérenniser notre activité », raconte Vincent Fert. Finalement, les associés ont racheté l’activité en 2014 avec les 75 personnes travaillant à Luminy. Le divorce s’est fait en douceur car HalioDx continue de travailler pour Qiagen en lui proposant ses services ce qui lui a permis de générer un joli chiffre d’affaires de 7,5 millions d’euros l’an dernier. Elle a même réussi à lever plus de 8 millions d’euros depuis sa naissance auprès de MICare, Sofipaca et Sham Innovation Santé.
Vendre Immunoscore aux hôpitaux dès 2018
Jérôme Galon, directeur de recherche à l’Inserm et président du conseil scientifique de HalioDx, a lancé il y a quatre ans une étude sur 2 800 patients dans 17 pays. Le test a ainsi pu valider ses performances sur le cancer du colon. La start-up installée sur le campus de Luminy vient de commencer la commercialisation d’Immunoscore. Ses premiers clients sont les centres académiques pour des études translationnelles mais de nombreuses entreprises de biotechnologies ont également utilisé son test pour les aider dans leurs essais cliniques sur les molécules candidates. La prochaine étape est de toucher les établissements hospitaliers. Pour ce faire, HalioDx devrait benéficier d’un marquage CE dès l’an prochain. Elle a également lancé de nouvelles études cliniques pour convaincre la Haute Autorité Santé (HAS) de l’efficacité de son kit diagnostic. Un dossier pour le remboursement d’Immunoscore a déjà été déposé auprès de l’HAS. La PME devrait donc pouvoir travailler directement avec les praticiens à partir de début 2018.
Après le cancer du colon, HalioDx s’intéresse au sein et au rectum
Si Immunoscore ne fonctionne actuellement que sur le colon, HalioDx prévoit de rapidement élargir son rayon d’action. Les deux prochaines pathologies ciblées sont le cancer du sein et celui du rectum. « Mais cela prend du temps, ce sont des traitements et des prises en charge différentes. On doit s’adapter à la réalité clinique », prévient Vincent Fert. Avec le seul test sur le cancer du colon, l’entreprise espère couvrir 30 à 40 % des 200 000 patients touchés chaque année en Europe et aux Etats-Unis. Pour suivre sa croissance, elle est en recrutement permanent. L’effectif devrait atteindre la centaine de personne d’ici la fin de l’année et dépasser les 120 en 2018. Mais comme beaucoup de PME hébergées sur le campus de Luminy, elle se retrouve confrontée à des problèmes d’espace. « On attend depuis longtemps la création de nouveaux bureaux pour pouvoir grandir. Un hôtel d’entreprises devait être créée mais il a été retardé. Maintenant, on nous parle de 20 000 m2 de terrain qui vont bientôt être aménagés mais, aujourd’hui, on n’a pas de calendrier précis », regrette le patron de la société.
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