Le nouveau monde est déjà vieux
La République en marche n’est pas en panne à Marseille mais son moteur manque de carburant. Pourtant il y a du monde au portillon pour obtenir son ticket pour les municipales. Depuis son promontoire jupitérien Emmanuel Macron qui aime autant courir en short sur la Corniche que porter le maillot de l’OM, en pince toujours pour cette ville. Pas une passion façon Albert Londres, Francis Carco, Jean-Claude Izzo ou Robert Guédiguian, non quelque chose de moins contemplatif et de plus pragmatique. Et si Marseille la rebelle tombait dans l’escarcelle du président de la République le plus confronté depuis le début de la Ve République à la rébellion ? Un joli pied de nez aux oppositions multipolaires qui couvrirait de plus bruyamment la cacophonie qui s’est installée dans son camp à Paris, Bordeaux et ailleurs. Pour l’heure, LREM avance quelques pions. Un ancien président d’Université Yvon Berland, qui a déjà transmis un projet à l’Elysée sans passer par la case militante. Un patron des patrons Johan Bencivenga (Président de l’Union patronale des Bouches-du-Rhône) qui analyse le marché, consulte tous azimuts et comptabilise les atouts qu’il a dans son jeu où les réseaux comptent pour beaucoup. Un député marcheur élu des quartiers Nord, Saïd Ahamada, originaire de la Réunion bon élève de la macronie et fin observateur des quartiers en détresse. Mais comme le disait Staline à propos du Vatican cela ne fait pas beaucoup de divisions. Sauf que Marseille a besoin de l’Etat, donc de Macron, donc d’en Marche. CQFD comme on le dit sous cape dans ce parti plus virtuel que visible. Mme Vassal et les Républicains espèrent que ce sillon-là ne sera que partiellement labouré et que les marcheurs, au prix d’un arrangement entre amis, la rejoindront, si elle passe le premier tour en tête. Les Marcheurs, anciens ou très nouveaux, comptent bien la faire mentir et inverser l’ordre de cette équation à tant d’inconnues.
Et Marseille dans tout ça
Chacun y va donc de sa prospective, de ses calculs, de ses projections. On lit et on entend des mots qui font consensus. Environnement, dynamique économique, tourisme, attractivité, sécurité, embellissement… On perçoit moins ceux qui réclament l’urgence : abandon, injustice, dégradation, dépeuplement, inégalité… C’est pourtant là qu’il faudra porter l’effort. Dans ces plaies vives qui vont de la rue d’Aubagne aux écoles abandonnées, des friches industrielles aux transports anorexiques, de la violence quotidienne au chômage massif. Pour l’heure seul le rassemblement national prospère sur ce terreau toxique en avançant des solutions radicales et mortifères. Les élections municipales à venir ne pourront sérieusement faire l’économie du bilan de décennies perdues et de leurs conséquences économiques, sociales et culturelles. Celle ou celui qui ne saisira qu’un bout de la corde sera condamné à terme à la tempête. Jamais la politique n’avait eu un rendez-vous aussi urgent et décisif avec elle-même. La vie de la cité dépendra de ce que sera 2020.