SOS Méditerranée monte au créneau. Après avoir eu connaissance des propos tenus par le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner lors de la clôture du G7, vendredi 5 avril, l’ONG de sauvetage en mer a décidé de prendre sa plume et de s’adresser directement au ministre à travers une lettre ouverte (à lire ici) publiée mardi 9 avril. La raison ? Des déclarations que M. Castaner a faites lors de la conférence de presse qui a clôturé la réunion des ministres de l’Intérieur du G7, et « qui jettent le discrédit sur notre action » pour l’ONG.
En réponse à une question sur le rôle des ONG engagées en mer Méditerranée, le ministre a affirmé qu’« en Méditerranée centrale on a observé de façon tout à fait documentée, je vous le dis, une réelle collusion à certains moments, entre les trafiquants de migrants et certaines ONG. » Et d’ajouter : « On a observé que certains navires d’ONG étaient ainsi en contact téléphonique direct avec des passeurs […] Les ONG, dans ce cas-là, ont pu se faire complices des passeurs ».
« De graves accusations à l’encontre des ONG » pour SOS Méditerranée
De tels propos relaient « de graves accusations à l’encontre des ONG de sauvetage en mer » et ne peuvent que jeter « un discrédit général sur les acteurs du sauvetage en mer » écrit SOS Méditerranée. « Aucune de ces accusations n’a jamais été démontrée ni étayée par la moindre preuve » et « aucune des procédures judiciaires entamées n’a abouti » rétorque-t-elle, ajoutant au passage que les ONG de sauvetage ainsi qu’elle-même « travaillent systématiquement dans le respect absolu du droit maritime international ». « Nous n’avons jamais eu et n’aurons jamais le moindre contact avec les passeurs et trafiquants d’êtres humains dont nous sommes les premiers à condamner les agissements criminels ».
L’organisation a tenu ensuite à rappeler au ministre que la mer Méditerranée centrale « reste l’axe migratoire le plus mortel au monde où plus de 18 000 personnes ont perdu la vie » au cours des cinq dernières passées. « Le droit y est bafoué depuis juin 2018, avec la fermeture des ports italiens et le transfert des responsabilités du sauvetage aux garde-côtes libyens » poursuit-elle, regrettant que depuis ces événements « aucun mécanisme de débarquement des rescapés conforme au droit maritime » n’ait été mis en place par les Etats européens.
Christophe Castaner avait finalement conclu son propos en demandant que les ONG aient « une attitude responsable ». Ce à quoi SOS Méditerranée répond finalement qu’elle en appelle elle aussi à la responsabilité du ministre « pour faire cesser les attaques infondées et protéger les acteurs du sauvetage en mer injustement incriminés », et la responsabilité de la France et « des autres Etats européens de faire appliquer le droit », « alors que l’Union européenne a progressivement abdiqué son devoir d’assistance en Méditerranée ».
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