Les mauvaises nouvelles s’accumulent pour l’Aquarius, le navire de sauvetage de migrants en Méditerranée, affrété par l’association SOS Méditerranée. Après avoir accueilli à son bord ces derniers jours 141 migrants secourus au large de la Libye, le navire opéré avec Médecins sans Frontières, s’est vu refusé d’accoster en lieu sûr en Italie et à Malte. Même si le port de Sète, par la voix de son président Jean-Claude Gayssot, s’est dit prêt à accueillir le bateau, la France ne s’est pour l’instant pas prononcé sur une telle hypothèse, préférant chercher une solution avec un autre pays européen.
Alors que l’association SOS Méditerranée demande aux autorités européennes de respecter le droit maritime international qui oblige un pays à accueillir un navire en détresse, une autre mauvaise nouvelle est venue ternir la journée du lundi 13 août. Les autorités de Gibraltar ont e effet annoncé qu’elles retiraient leur pavillon à l’Aquarius compte tenu de la poursuite de ses opérations de sauvetage dans un contexte où les ports de débarquement se font de plus en plus rares.
SOS Méditerranée a réagi à cette décision du territoire britannique en dénonçant une manoeuvre politique. « Alors que l’Aquarius et son armateur étaient dans un dialogue avec l’Autorité Maritime de Gibraltar pour répondre à l’argumentaire abusif développé par celle-ci, la publication d’un communiqué de presse, visiblement rédigé dans la précipitation et l’incompréhension du contexte actuel, ne peut que témoigner d’une volonté délibérée de stopper l’activité de sauvetage de l’Aquarius, l’un des derniers navires de sauvetage civil et humanitaire en Méditerranée. »
30 000 personnes secourues en deux ans et demi
Depuis quatre ans, au moins 15 000 hommes, femmes et enfants sont morts noyés en Méditerranée en tentant la traversée sur des embarcations de fortune selon l’association. SOS Méditerranée est une association de citoyens qui affrète l’Aquarius, pour porter secours à celles et ceux qui fuient pour sauver leur vie. Depuis février 2016, près de 30 000 personnes ont été secourues dont 23% sont des mineurs. Après une escale forcée en juillet dernier dans le port de Marseille, le navire a repris ses opérations début août malgré un contexte politique européen hostile, venu notamment d’Italie, avec l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir.
Repères
MSF et SOS Méditerranée alertent sur « l’explosion du nombre de morts en mer ces derniers mois »
Dans un communiqué diffusé lundi 13 août MSF et SOS Méditerranée exhortent les autorités européennes à respecter le droit international et stigmatisent l’échec du système d’asile européen. Extraits.
« MSF et SOS Méditerranée se déclarent, une nouvelle fois, extrêmement préoccupées par les politiques européennes actuellement menées. Celles-ci constituent une véritable entrave au déploiement effectif d’une assistance humanitaire efficace, et n’ont eu pour effet que de faire exploser le nombre de morts en mer ces derniers mois. L’Aquarius est désormais l’un des deux derniers navires humanitaires de recherche et sauvetage présents en Méditerranée centrale. La criminalisation et l’obstruction du travail des organisations humanitaires sont le reflet d’un système européen de l’asile en échec, et de la défaite des Etats membres de l’Union européenne à relocaliser les demandeurs d’asile qui arrivent en Europe.
SOS Méditerranée et MSF exhortent une nouvelle fois tous les gouvernements européens ainsi que les autorités maritimes compétentes à reconnaître la gravité de la crise humanitaire qui sévit en Méditerranée, à garantir un accès rapide à des lieux sûrs où débarquer les rescapés, et à faciliter plutôt qu’entraver le déploiement d’une assistance humanitaire essentielle en Méditerranée centrale. »Liens utiles
> Nos précédents articles sur SOS Méditerranée
> Le site de SOS Méditerranée.