C’est l’un des plus grands et des plus beaux projets métropolitains. La Citadelle de Marseille développée par le Groupe SOS sur le site du Fort d’Entrecasteaux, dominant le Vieux-Port depuis la colline St-Victor, va devenir à partir de fin 2022 un lieu où l’on viendra se promener et apprendre. Interview grand format du directeur du projet, Cyprien Fonvielle. Aujourd’hui la 2e partie de notre entretien (lire ici la première partie).
A partir de quand comptez-vous lancer ces appels à projets ?
Cyprien Fonvielle : Nous sommes d’abord sur le phasage de nos travaux. Nous nous devons, pour respecter nos engagements avec la Ville de Marseille, d’ouvrir les jardins publics, côté Vieux-Port avec un objectif à fin 2022 début 2023. Nous allons créer un premier chantier d’insertion pour les aménagements paysagers. Le projet comporte aussi l’ouverture d’un café sur la pointe des jardins. Parallèlement, on pourra lancer une première partie de la programmation artistique. Dans ce cadre, nous allons ouvrir les premiers appels à projets à l’horizon de fin 2021 pour voir quels types de structures et d’artistes nous pouvons mobiliser sur cette ouverture au public. L’idée est d’avoir tout au long de l’année, des événements artistiques et culturels. Cette première ouverture sera accompagnée d’une scénographie qui expliquera déjà l’histoire du lieu et le calendrier du projet avec les étapes à venir.
Comment êtes-vous organisés pour définir ces jardins ?
Cyprien Fonvielle : Nous avons en interne une architecte du patrimoine, Isabelle Guerin, qui a été mobilisée et qui a constitué autour d’elle une équipe avec notamment un paysagiste. Le projet est d’avoir un jardin d’espèces endogènes, économes en consommation d’eau, et qui soit pleinement adapté à cet espace très exposé au mistral. L’enjeu est de planter sur les 6000 m2 de surface des espaces de moins en moins présentes sur le territoire méditerranéen comme les amandiers, les pistachiers ou les grenadiers.
L’objectif pour nous à l’horizon de l’ouverture du Fort en 2026 est que le site soit davantage intégré dans le plan des circulation, notamment la circulation douce.
Cyprien Fonvielle
Il y avait eu à l’époque du projet de reconfiguration du Vieux-Port lancé en 2010 un projet de parc urbain recouvrant une partie du projet du bassin du carénage. Est-ce que votre jardin pourrait être le point de départ d’une reconquête de la nature dans le quartier ?
Cyprien Fonvielle : C’est notre espoir. En ouvrant ici un lieu qui crée une attractivité spécifique sur cette partie du Vieux-Port, on a l’espoir que les aménagements qui ont été pensés mais pas totalement réalisés soient prolongés jusqu’au jardin du Pharo et intégrer l‘enceinte du site. Il y a des problèmes de circulation. Nous sommes en train de discuter avec la Ville et la Métropole. Ils en ont pleinement conscience. L’objectif pour nous à l’horizon de l’ouverture du Fort en 2026 est que le site soit davantage intégré dans le plan des circulation, notamment la circulation douce. Nous espérons que le projet de réaménagement du Vieux-Port puisse se poursuivre jusqu’au pied du Fort.
La Citadelle de Marseille hébergera une ferme urbaine. Pourquoi un tel projet ?
Cyprien Fonvielle : Nous avons d’abord réalisé un benchmark pour connaître quelles étaient les expériences ailleurs et pour savoir s’il était intéressant de créer un espace de culture, de production et de sensibilisation sur l’agriculture (essence locale et endogène) en cœur de ville. Beaucoup de fermes urbaines ou de projets existent à Marseille ou dans d’autres villes. On a la chance ici d’avoir en plein centre-ville une surface de plus d’un hectare disponible. Il y a peu de villes en Europe qui disposent d’un tel espace en plein centre. Et quand il existe, il sert surtout à densifier. Là, il n’y a pas de projet immobilier. Tant mieux.
Nous sommes allés au potager de Chambord (…) Nous avons commencé à travailler avec le Domaine du possible à Arles
Cyprien Fonvielle
Donc nous nous sommes lancés dans ce projet avec deux objectifs : la sensibilisation mais aussi la production. Le fort, capable de résister à un siège, se devait d’être le plus autonome possible, d’où par exemple la présence du moulin à huile situé à l’entrée. Il y a aussi un réseau d’eau spécifique, que nous voulons réutiliser, avec des grandes citernes qui récupèrent les eaux de ruissèlement. Nous voulons recréer cette forme d’autonomie sur les glacis. L’idée est aussi de travailler en circuit-court avec des restaurants du quartier ou des familles de la périphérie. C’est un enjeu important qui va permettre d’équilibrer le projet. Nous sommes sur un site très minéral, lié à sa géographie et à son architecture. Nous n’avons pas la possibilité de planter une végétation de hautes tiges parce que nous sommes sur un bâtiment classé. On plantera plutôt des arbres fruitiers de petites tailles, des légumes bien sûr. Il y aura aussi des animaux Nous allons produire dans la ferme toujours dans le cadre de chantiers d’insertion. Nous ne sommes pas dans un projet de reconstitution d’une ferme historique mais bien dans une approche contemporaine.
Des partenariats sont possibles également sur ce projet de ferme urbaine ?
Cyprien Fonvielle : Oui. Le benchmark a été très utile. Nous sommes allés au potager de Chambord par exemple. Cela nous permet d‘éviter de « faire couler l’eau tiède alors que d’autres font couler de l’eau chaude depuis longtemps. » On va continuer à regarder ailleurs. L’idée est que nous ayons fait le tour, d’ici la fin de l’année, pour mieux dessiner notre propre projet et nous aider à trouver des partenaires. Parmi eux, nous avons déjà identifié au sein du groupe une entité qui s’appelle Fermes d’avenir, spécialisée en agroécologie et permaculture. Nous avons commencé à travailler avec le Domaine du possible à Arles. Il a développé une approche en agroforesterie et permaculture en zone méditerranéenne qui nous intéresse. On veut essayer de travailler avec des lycées agricoles du territoire, avec AgroParisTech. Et nous allons aller à la rencontre des équipes du potager du Roi à Versailles pour voir comment s’associer aussi. L’objectif est d’ouvrir la ferme urbaine en 2024.