C’est l’un des plus grands et des plus beaux projets métropolitains. La Citadelle de Marseille développée par le Groupe SOS sur le site du Fort d’Entrecasteaux, dominant le Vieux-Port depuis la colline St-Victor, va devenir à partir de fin 2022 un lieu où l’on viendra se promener et apprendre. Interview grand format du directeur du projet, Cyprien Fonvielle.
Pourquoi le Groupe SOS s’est positionné pour gérer le site du fort d’Entrecasteaux et a présenté le projet de Citadelle de Marseille ?
Cyprien Fonvielle : Lorsque la Ville de Marseille a lancé un appel à projet, il est apparu naturel pour Acta Vista qui travaillait sur le site de se positionner. Les équipes avaient déjà en tête une série d’activités qu’ils rêvaient de voir se développer sur ce lieu. Acta Vista et le Groupe SOS ont décidé donc de répondre à l’appel à projets et ont réussi à convaincre la Ville en s’inscrivant dans l’ADN de ce qu’ils portaient depuis le départ : les questions d’inclusion et d’inclusion active. Ce qui intéresse Acta Vista c’est d’interroger la place de l’individu au sein de la société et d’accompagner les acteurs de la société pour qu’ils comprennent l’intérêt d’intégrer au maximum les individus dans leurs différences tout simplement. Tout ce travail mené par Acta Vista depuis des années autour du patrimoine pour essayer de permettre à chacun de se redessiner un avenir, une place pleine et entière au sein de la société va dans ce sens.
Comprendre l’intérêt de s’appuyer sur les personnes quelles que soient leurs différences.
Cyprien Fonvielle : Nous considérons que le patrimoine est un trait d’union qui permet à l’individu de comprendre tout ce que le collectif peut produire. Les chantiers d’Acta Vista montrent aussi aux personnes qui y travaillent la confiance que la société leur accorde en leur confiant ce qu’elle considère comme ses éléments les plus précieux. C’est donc un vecteur de valorisation extrêmement important et pertinent. Tout le projet porté par Groupe SOS s’articule autour de ces questions : comment à partir de ce lieu on va travailler les questions d’inclusion ? Comment à partir de ce lieu on va parler de l’individu, parler du fonctionnement de la société et permettre, à tout un chacun à travers l’histoire de Marseille, à travers l’histoire des individus qui ont fait l’histoire de Marseille, de comprendre l’intérêt de s’appuyer sur les personnes quelles que soient leurs différences. C’est le socle de départ.
La précédente municipalité avait surtout privilégier des projets à dominante immobilière, commerciale ou touristique dans ces derniers choix (Villa Valmer, Hangar J1 par exemple). Là c’est un projet différent. Pourquoi ce choix ?
Cyprien Fonvielle : Cela s’explique en partie par la signature d’Acta Vista sur ce lieu qui a commencé à développer l’identité autour du fort. Cela s’explique aussi par la nécessité de développer sur cette rive du Vieux-Port un projet d’attractivité touristique.
C’est donc bien un projet touristique aussi ?
Cyprien Fonvielle : Nous voulons qu’il soit accessible et attractif pour le plus grand nombre. C’est pour cela qu’il y a plusieurs facettes. On va développer tout un volet de programmation artistique et toute une muséographie qui aura pour vocation à raconter un autre visage de Marseille. Ce qui est intéressant quand on arrive sur ce site, c’est que l’on pose un nouveau regard sur Marseille, de par la situation géographique mais aussi parce qu’il témoigne d’une nouvelle période de l’histoire de la ville, son développement à partir du 17e siècle, notamment son développement économique très fort à partir de cette époque. Il nous apparait très intéressant d’apporter sur ce lieu, à la fois un récit sociétal comme s’y engage Acta Vista, mais également de dessiner les portes d’entrée qui permettront au grand public d’avoir envie de le découvrir. Et effectivement ce n’est pas forcément sur la thématique de l’inclusion que les gens qui viennent à Marseille vont spontanément se dire « tiens on y va ». Ils seront notamment attirés par la programmation artistique visible depuis le Vieux-Port avec la création d’œuvres monumentales. Nous allons proposer la visite d’un monument qui raconte une histoire. A l’intérieur, on trouve d’ailleurs de nombreuses traces du passage de ceux qui ont vécu ici. C’est un lieu unique jamais ouvert au public depuis sa création.
Les visiteurs vont découvrir l’histoire de Marseille à partir d’une dynamique enclenchée ici par Louis XIV
Cyprien Fonvielle
Sauf pour les journées du patrimoine ?
Cyprien Fonvielle : Le fort a été ouvert en effet. Mais pas le haut fort dans lequel on a les plus importants témoignages. Les espaces de garnison sont aussi présents dans cette partie. Les militaires laissent beaucoup de traces… Les visiteurs vont découvrir l’histoire de Marseille à partir d’une dynamique enclenchée ici par Louis XIV. A partir de cette histoire on va pouvoir remettre au centre la place des individus dans cette histoire, remettre les individus au centre de la société. Il y aura de nombreuses facettes : un espace muséal donc avec des expositions, et également des activités telles que la ferme urbaine que l’on veut développer sur les glacis ouest qui permettront de redonner vie à ce lieu. Et de permettre aux Marseillais d’y venir et de s’en emparer.
Il y a donc de nombreuses dimensions. Comment allez-vous vous organiser pour gérer le projet ?
Cyprien Fonvielle : C’est l’association La Citadelle de Marseille qui va piloter et porter l’ensemble du projet et gérer le lieu. Elle a été créée pour être titulaire du bail. Ce dernier doit être signé de façon définitive en février 2021. La Citadelle de Marseille est membre du Groupe SOS comme Acta Vista ou BAO formation, les deux autres structures basées ici. La Citadelle de Marseille pourra faire appel aux entités du Groupe SOS pour développer les opérations mais pourra aussi interroger et impliquer d’autres partenaires. Il y a encore beaucoup de travaux à réaliser avant l’ouverture au public. Acta Vista est naturellement mobiliser sur ce volet. On ne peut pas parler d’inclusion et de projet sociétal sans faire appel aux chantiers d’insertion et à l’implication de personnes en difficulté. C’est l’enjeu pour la restauration du lieu mais aussi pour sa gestion et son animation futures. On va développer des chantiers d’insertion de médiation culturelle, d’entretien, d’accueil du public, de sécurité ou encore d’aménagement et de gestion d’une ferme urbaine.
Allez-vous faire appel à des structures externes ?
Cyprien Fonvielle : Oui sur l’ingénierie, nous allons faire appel à d’autres structures, dans le Groupe SOS ou ailleurs. Nous ne voulons pas reproduire un système de citadelle bloquée et fermée sur elle-même, sur son rocher en plein cœur de Marseille. Les partenaires vont nous apporter des compétences complémentaires.
On va lancer des appels à projets ouverts à différents acteurs, notamment les acteurs culturels.
Cyprien Fonvielle
On va lancer des appels à projets ouverts à différents acteurs, notamment les acteurs culturels. On va aussi lancer des appels autour des actions éducatives. Des liens sont déjà tissés avec le Rectorat avec lequel on espère signer une convention de partenariat d’ici la fin de l’année. Même chose avec Aix Marseille Université avec laquelle nous voulons travailler sur la mesure de l’impact social. Nous voulons aussi trouver des partenaires qui viennent développer des activités sur place, dans le lieu, à partir du moment où il partage le cahier des charges de nos valeurs. Nous ne pourrons et nous ne voulons pas faire les choses seuls. L’enjeu est d’arriver à tisser des partenariats qui soient enrichissants pour tout le monde.
Demain la suite de notre entretien avec le directeur de La Citadelle de Marseille
[Interview] Jardins, ferme, musée… les trois piliers de la Citadelle de Marseille (2/3)
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