A la tête de la liste écologiste Debout Marseille !, Sébastien Barles est arrivé en cinquième position du premier tour des élections municipales sur l’ensemble de la ville de Marseille, avec 8,94 % des suffrages. Lui même candidat dans le secteur 1-7, il a réalisé un score de 10,8 %, loin derrière la candidate du Printemps marseillais Sophie Camard (39 % des voix). Alors qu’il appelle ce 18 mars matin via Twitter à « suspendre la campagne » dans le contexte actuel de coronavirus, il décrypte pour Gomet’ les résultats du premier tour et nous livre sa vision en vue du second tour.
Vous appelez sur Twitter à suspendre la campagne. Cela signifie-t-il que les négociations de second tour sont interrompues ?
Sébastien Barles : Oui, elles sont interrompues. Je pense qu’il y d’autres urgences que préparer le second tour qui aura peut-être lieu en juin, voir reporté au mois d’octobre. Pour l’instant ce n’est plus l’actualité.
L’urgence est aujourd’hui à la crise sanitaire. C’est pourquoi nous appelons à suspendre la campagne électorale pour concentrer nos efforts sur l’endiguement de l’épidémie.
Aussi,nous appelons à la plus grande prudence & au respect strict des consignes sanitaires #DeboutMarseille— Sébastien Barles (@sebbarles) March 18, 2020
Votre liste écologiste Debout Marseille obtient un peu moins de 9 % à l’échelle de la ville lors du premier tour. Quel regard portez-vous sur ces résultats ?
Sébastien Barles : On a été pénalisés par le contexte, par le fait que le ton de la campagne était à l’écologie pendant toute sa durée, sauf les dernières semaines où il y a eu une repolarisation gauche-droite avec le 49-3 et la réforme des retraites, qui se voit aussi nationalement. La question écologiste a été un peu reléguée, il n’y a pas eu les marches pour le climat qui auraient pu bénéficier au vote écolo. On a également vu que la peur liée à l’urgence sanitaire effraie beaucoup l’électorat écolo, et il a raison. Ils se sont donc démobilisés dans les urnes. Après, cela est clair et net, il y a une prime à la liste unitaire du Printemps marseillais, vers laquelle est allée une bonne partie de notre électorat.
Secteur | Candidat tête de liste Debout Marseille ! | Score |
Secteur 1-7 | Sébastien Barles | 10,80 % |
Secteur 2-3 | Nouriati Djambae | 7,05 % |
Secteur 4-5 | Fabien Perez | 8,17 % |
Secteur 6-8 | Christine Juste | 11,94 % |
Secteur 9-10 | Hervé Menchon | 10,00 % |
Secteur 11-12 | Jean-Marc Signes | 9,00 % |
Secteur 13-14 | Mohamed Bensaada* | 5,87 % |
Secteur 15-16 | Chahidati Soilihi | 5,40 % |
*A la tête de la liste d’union Unir ! |
Quelle est votre explication sur ce report d’une partie de votre électorat vers le Printemps marseillais que vous évoquez ?
Sébastien Barles : Même si elle n’était pas uniquement colorée verte, la liste du Printemps marseillais avait une coloration verte, et certains sont allés vers cette liste unitaire parce que Marseille est dans un contexte particulier, il y a état d’urgence, et peut-être que nous n’avions pas mesuré cela. On avait compris qu’il y avait une vraie aspiration à changer, mais on pouvait penser que les gens allaient comprendre qu’il y a deux tours et qu’il est bien de rassembler autour d’un projet au premier tour. Pour nous ce n’est pas un échec, c’était la première fois qu’il y avait une liste écolo à Marseille, on fait plus de 10 % dans beaucoup de secteurs, même si c’est compliqué dans les quartiers populaires. On a porté le débat sur les enjeux métropolitains et écologiques, nous sommes fiers de ce que nous avons fait.
Quelle va être votre positionnement dans ce long entre-deux tours qui s’annonce ?
Sébastien Barles : L’idée maintenant est d’aller sur un contrat pour gagner la Ville, pour battre Vassal. Nous avons commencé à discuter avec le Printemps marseillais, il y a des convergences. Il faut anticiper le fait qu’une partie de l’électorat RN ne s’est pas mobilisé. Il faut donc voir quel front on fait, et sur quel périmètre dans ces cas-là. C’est pour ça que nous appelons à une démarche différente de celle d’une pure fusion à deux, parce qu’il a peut-être secteur par secteur des périmètres différents à envisager. Je pense à Samia Ghali sur le 15-16, pour éviter la triangulaire Coppola-Ghali-RN. On peut aussi gagner le 6-8, il y a même une volonté chez certains LREM de battre le système Vassal. Notre idée est donc de faire un large appel auprès de tous ceux qui souhaitent battre Vassal.
Qui selon vous pourrait répondre à cet appel que vous lancez ? Pourriez-vous vous-même être un pont entre le Printemps et LREM ?
L’idée est de transcender les appareils, qu’il n’y ait pas de logos, pas de logo écolo, pas les logos des partis de gauche ni le logo En Marche.
Sébastien Barles
S.B. : Ce ne sera pas uniquement le périmètre Debout Marseille ! écolo. Nous monterions bien un front très large, autour d’un contrat pour Marseille et des enjeux métropolitains, un vrai contrat pour les Marseillais, et non pas une liste de fusion. On est un peu dans l’inédit, et pour battre ce système, il faut innover et inventer autre chose. Ceci étant, je ne veux pas de fusion avec LREM. Avec des gens de LREM éventuellement, car l’idée est de transcender les appareils, qu’il n’y ait pas de logos, pas de logo écolo, pas les logos des partis de gauche ni le logo En Marche. Avec certaines personnalités d’EM nous sommes au diapason sur Marseille, même si nous ne sommes pas forcément d’accord sur la politique gouvernementale.
Et quid d’Yvon Berland dans le 6-8, que doit-il faire selon vous ?
S.B. : Si Yvon Berland veut se maintenir, il peut se maintenir, mais peut-être qu’il doit être numéro 2 derrière le Printemps ou la candidate écolo.On a trois têtes de liste qui pourraient faire ensemble. Je pense qu’il y a possibilité de prendre le 6-8, il ne faut pas négliger cette possibilité-là. Déjà qu’il y a eu un déclassement un peu précipité sur le 13-14. Pour moi, il aurait fallu en discuter collectivement avec le candidat de Samia Ghali [ndlr : Julien Rossi], avec les candidats écolos de la liste Unir, discuter de la meilleure stratégie à adopter pour éviter la réélection de Ravier.
Lien utile :
> 8e secteur de Marseille : la réponse glaciale de Coppola à l’invitation de Ghali
> L’actualité de Sébastien Barles dans les archives de Gomet’.