Provence Promotion a présenté son bilan 2019 avec un record de 80 nouvelles implantations d’entreprises mais la crise de la Covid devrait freiner cette croissance en 2020. L’agence de développement économique du département adapte sa stratégie pour rester attractif en cette période incertaine.
Provence Promotion a présenté son bilan avec 80 entreprises implantées sur le département l’an dernier. Etes-vous satisfait ?
Jean-Luc Chauvin : Evidemment ! On affiche une croissance de plus de 30% sur les quatre dernières années. C’est exceptionnel. 2019 a été notre meilleure année avec donc 80 entreprises qui s’installent dans les Bouches-du-Rhône et surtout cela représente 1 935 emplois directs.
Pouvez-vous nous donner quelques exemples de ces nouveaux arrivants ?
Jean-Luc Chauvin : Parmi nos beaux succès, il y a le canadien Magellan qui a repris l’usine SII, une filiale du groupe Bonnans à Marignane. Cela nous permet de conserver les 80 emplois de l’usine. Le croisiériste anglais Croisières Maritimes & Voyages a également installé son siège social France sur les quais de la Joliette à Marseille. Pour le faire tourner, il recrute 15 personnes. On a également la start-up parisienne Qarnot Consulting, avec sa solution de serveur informatique qui permet de chauffer les bâtiment, qui a ouvert des bureaux à Aix-en-Provence. Elle y emploie 10 personnes. Enfin, CMA CGM a rapatrié le siège de sa nouvelle filiale Ceva logistics à la Joliette avec 200 salariés.
Ce sont de belles annonces mais la crise du coronavirus na va-t-elle pas avoir un impact négatif sur ces projets ?
Jean-Luc Chauvin : Cela a été l’une de nos craintes. Aussi, Provence Promotion a sondé toutes les entreprises qui ont annoncé leur intention de s’installer sur le territoire et bonne surprise, la quasi-totalité d’entre elles, plus de 80%, confirment bien poursuivre leur investissement. Pour les entreprises étrangères, c’est un peu mois avec 66% mais cela reste très convenable. En termes d’emplois, plus de 70% des projets sont conformes à leurs prévisions et maintiennent leurs objectifs de créations à moyen terme, 6% ont revu à la baisse les prévisions d’embauches et 24% ne se prononcent pas encore.
Dans le nouveau contexte économique, vous avez dû abaisser vos objectifs pour 2020 ?
Jean-Luc Chauvin : C’est encore difficile d’avoir une prévision précise pour l’année qui vient mais nous ne serons évidemment pas au niveau que l’on escomptait avant la crise. Initialement, on attendait une nouvelle année record avec plus de 85 projets d’implantations dans les tuyaux. Nous ne pourrons pas atteindre ce chiffre.
Quelle stratégie adopte Provence Promotion pour l’attractivité économique du territoire face à la crise ?
On regarde les secteurs qui résistent le mieux au contexte, voir qui en profite comme la santé et le numérique. Et nous avons de la chance car ce sont les domaines où nous sommes les meilleurs. Nous sommes toujours attractifs pour les secteurs qui résistent à la crise. Plus d’un tiers des entreprises qui sont arrivés chez nous l’an dernier travaillent dans le digital. La santé est le quatrième secteur le plus attractif sur le territoire et il est en croissance avec de nouveaux projets qui vont arriver et attirer encore plus les biotechs et les medtechs comme le village à l’hôpital Sainte-Marguerite. L’IHU a aussi été très médiatisé pendant la crise et ça a un impact positif pour l’image de la filière en local. On est trois fois plus attractif sur la santé que la moyenne nationale. Enfin, le Président Macron a bien insisté dernièrement sur le développement des nouvelles industries vertes comme les biocarburants ou les batteries. Ici, on est très bon. Nous sommes en train de créer des pôles éco-industriel autour de l’Etang de Berre, de Gardanne ou encore à Rousset avec beaucoup de terrain disponible. Le potentiel est énorme. Globalement, nos secteurs cibles sont en phase avec la stratégie du gouvernement.
Est-ce que vous n’allez pas avoir plus de mal à attirer des entreprises étrangères ?
C’est possible et on l’anticipe. On a créé une nouvelle mission, le pôle influence, qui cible en particulier les patrons des grandes sociétés installées à Paris. Avec le confinement, on a vu que le télétravail était tout à fait viable et de plus en plus de grands groupes envisagent de quitter les capitales où les prix sont très chers pour des territoires plus abordables et proposant une meilleure qualité de vie à leurs salariés. L’idée, c’est de créer un réseau de proximité avec les décideurs de premier rang pour les convaincre de s’installer à Marseille. On s’appuie sur les grands patrons marseillais pour profiter de leurs connexions. Il existe par exemple le réseau des Marseillais de Paris qui organise des soirées avec leur réseau pour promouvoir la ville. Stéphane Richard, le P-dg d’Orange, est l’un de nos meilleurs commerciaux. On peut aussi compter sur Bernard Gainnier, le patron marseillais de PriceWaterhouseCooper France, qui mène aussi une action d’influence avec Provence Promotion. On essaie aussi de comprendre le processus de décisions des grands patrons. On a sélectionné un panel de 15 chefs d’entreprises qui ont choisi de s’installer en dehors de Paris, on les a interrogé sur les raisons de leurs choix et on dévoilera les résultats de cette enquête à l’occasion d’un salon à l’automne.
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