Le camion Bianucci décharge les machines à coudre, brodeuses, tables de coupe griffées de la marque Juki. « Les meilleures du marché » se targuent les fournisseurs qui acheminent les machines dans la nouvelle école de confection textile du quartier des Aygalades (15e arr.) de Marseille à deux pas du métro Capitaine Gèze, sur la zone du parc Eiffeil. Les locaux de la« Fask Academy» sentent la peinture fraîche, les fils tombent du plafond et le lino façon parquet vient d’être posé. « D’ici fin novembre, nous ouvrons aux premiers élèves ! » s’enthousiasme Jocelyn Meire, le président fondateur de l’école. Mais pour le moment, les candidatures se font timides. L’équipe pédagogique concède « avoir du mal à recruter » les 15 élèves attendus.
Un projet économique soutenu par la Région Sud
Le projet s’est dessiné dans la tête de Jocelyn Meire en réponse aux échos des professionnels de son réseau d’entreprises Fask (Fashion Skills). « J’entends que le textile est au ralenti alors qu’il y a un marché made in France et local. » raconte-t-il à Gomet’. A force de persuasions auprès des collectivités et des entreprises, le fondateur parvient à récolter 350 000 euros pour développer l’école. Selon lui, la difficulté de convaincre les parties prenantes émane de la disparition des industries de la mode sur le territoire. « Beaucoup de gens pensent que cette industrie n’existe plus car elle a déserté la ville » témoigne Jocelyn Meire. La Région Sud a suivi le projet et représente un atout majeur pour la Fask Academy. « Si la Région n’avait pas suivi à 50%, le projet n’aurait pas abouti » raconte-t-il.
Si la Fask academy ne dépend pas du rectorat d’Aix-Marseille, puisque c’est une école privée hors-contrat, son ouverture doit être déclarée au recteur. Avec l’obtention du label « école de production », la Fask Academy se positionne comme un substitut au lycée professionnel pour « les décrocheurs scolaires, les déconnectés de l’école » explique Jocelyn Meire. D’autant que, cette formation en deux ans pour devenir couturier, est « totalement gratuite » et « permet de se préparer à l’obtention d’un CAP métiers de la mode, vêtements flous » ajoute l’ambassadeur du projet.
Pour rentrer dans ses coûts, l’école, soutenue par son association-mère Fask, a développé son propre business modèle. La direction table sur 450 000 euros de recettes dont 2/3 de subventions publiques et de mécénat d’entreprises (300 000 euros) et 1/3 de ventes de produits confectionnés par les élèves (150 000 euros) suite aux commandes de marques (tote bag, tee-shirt…).
Une direction bienveillante pour l’excellence de la filière
Pour enseigner à la promotion, un maître professionnel a été recruté. Avec 25 ans d’expérience dans les ateliers de HOM, sous-vêtements produits à Marseille, et sa passion pour son métier, Sandrine Blanc était le profil idéal. Ton posé et regard assuré, elle nous confie : « Je ne pouvais pas refuser cette opportunité ». Cette chef d’atelier de profession, espère « donner aux élèves l’excellence du métier et les tirer vers le haut ».
L’embauche de la directrice générale Valérie Pintard, ancienne responsable régionale de la formation des Compagnons du devoirs, est aussi rassurante pour le projet. Elle reprend le slogan de Fask : « poésie & industrie ». Pour elle « la poésie, c’est des histoires ». Et depuis son arrivée, Valérie Pintard développe des« histoires» communes avec Pôle emploi, les missions locales, la Cité des métiers et l’Ecole de la deuxième chance pour recruter ses futurs élèves.
Si les candidats sont encore attendus par l’équipe pédagogique, Jocelyn se projette déjà à l’horizon de trois ans. « L’objectif est de créer un brevet professionnel pour permettre à nos élèves de poursuivre leur formation après les deux ans, pour devenir chef d’atelier ».
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