Laurent Lhardit député PS des Bouches-du-Rhône a été porté début mars à la présidence du groupe d’amitié France Algérie qui réunit 45 élus issus des différents groupes politiques de l’Assemblée nationale, (il compte un autre député des Bouches-du-Rhône, Sébastien Delogu, LFI). Laurent Lhardit répond aux questions de Gomet’.
La relation avec l’Algérie est chaotique et a du mal à se stabiliser. Quel rôle peut jouer le groupe parlementaire d’amitié France Algérie ?
Laurent Lhardit : Nous travaillons dans trois grandes directions. D’abord, soutenir la poursuite du travail de mémoire, qui est la condition première si nous voulons avoir des relations apaisées entre la France et l’Algérie. Ce travail a été fait avec l’Allemagne après 1945, et il a porté ses fruits jusqu’à créer le couple solide de l’Europe actuelle. Nous avons besoin de partager une même vision de notre histoire commune, à ce sujet je me rendrai la semaine prochaine à Sétif, puis à Alger avec une délégation de parlementaires dans le cadre des commémorations des massacres du 8 mai 1945.
Notre groupe d’amitié souhaite également éclairer les intérêts stratégiques et économiques que nous partageons avec les Algériens, au moment où la France et l’Europe doivent construire des alliances face à des grands blocs politiques qui nous sont hostiles ou inamicaux. Nous avons des intérêts partagés avec l’Algérie, des coopérations dans le domaine militaire, la lutte antiterroriste ou l’économie, je pense notamment à ce sujet au trafic commercial entre le nord de l’Europe et le sud de l’Afrique appelé à une très forte croissance et pour lequel nous avons des intérêts communs et concordants.
Enfin, nous souhaitons mettre en lumière les liens fructueux qui existent depuis toujours entre les sociétés civiles des deux pays, qui passent outre les tensions diplomatiques et qui forment le socle vivant de la relation constante entre Français et Algériens.
Monsieur Retailleau court derrière l’extrême droite française
Entre le ministre de l’Intérieur, le ministre des Affaires étrangères et le président de la République, y a-t-il place pour une diplomatie parlementaire ?
L. L. : Le rôle d’un groupe d’amitié parlementaire n’est pas de se substituer à la diplomatie de la France, dont je suis solidaire. En revanche, nous voyons bien que les tensions actuelles résultent en partie de l’instrumentalisation de la relation franco-algérienne au profit d’intérêts de politique intérieure. Monsieur Retailleau court derrière l’extrême droite française qui a construit son identité sur la haine des Arabes comme elle l’avait fait précédemment sur la haine des juifs. À charge pour le gouvernement de ne pas laisser faire cet individu et au chef de l’État de siffler la fin de la récréation.
Je demande la libération immédiate et inconditionnelle de Boualem Sansal
Les amis français de l’Algérie ont du mal à réclamer la libération pure et simple de l’écrivain Boualem Sansal. Quelle est votre position ?
L. L. : Ma position n’a pas varié depuis l’arrestation de Boualem Sansal. Je demande sa libération immédiate et inconditionnelle, comme le fait mon groupe politique à l’Assemblée nationale et comme le fait le Parti socialiste dont je suis membre.
Les relations entre nos villes n’ont jamais cessé
Les relations entre Alger et Marseille ont été nouées en 1980 par Gaston Defferre. Mais cet accord d’amitié signé alors, n’est plus qu’un souvenir et les relations entre les deux villes sont distendues voire inexistantes. Avez-vous des projets dans ce domaine ?
L. L. : Les relations entre nos villes n’ont jamais cessé. Les services de la Ville travaillent actuellement avec l’Algérie sur des projets liés au sport et à la santé, à l’environnement aussi puisque nous partageons par exemple la question du sauvetage des herbiers de posidonies. Et puis le maire de Marseille, Benoît Payan a relancé cette relation lors de son déplacement en Algérie en mai 2024 en emmenant une délégation de représentants de l’économie et de la culture de notre ville. Les relations entre les entreprises des deux rives sont denses et continues dans ces domaines, il suffit d’y porter attention. Interrogez les acteurs maritimes et portuaires de Marseille qui travaillent en relation avec l’Algérie. Ils vous diront tous, à quel point cette relation est importante pour eux, pour nous, pour l’avenir économique de Marseille.