Après le conseil scientifique, Emmannuel Macron a annoncé la création mardi 24 mars du Comité analyse, recherche et expertise : le « Care ». Il est composé de 12 chercheurs et médecins et est présidé par Françoise Barré-Sinoussi, virologiste à l’Institut Pasteur-Inserm et prix Nobel 2008 pour la découverte du virus du sida.
Un avis sur les traitements possibles, les tests cliniques et le « backtracking »
Le Care est en charge de « donner un avis éclairé aux pouvoirs publics dans des délais de 48h, concernant les propositions faites par des scientifiques français et étrangers et vérifier que les conditions de déploiement et de portage sont réunies », explique l’Elysée dans son communiqué. Il étudiera notamment les possibilités de nouveaux tests cliniques pour le développement de traitements. « C’est grâce à la science et à la médecine que nous vaincrons le virus. Je réunis aujourd’hui nos meilleurs chercheurs pour progresser sur les diagnostics et les traitements. Notre effort de recherche est totalement mobilisé dans la lutte contre le covid-19 », a déclaré Emmanuel Macron dans un tweet le 24 mars.
Le comité va également travailler sur la possibilité de mettre en place un système d’identification numérique des personnes ayant été au contact de personnes infectées, le fameux « backtracking », mis en place en Corée du Sud. Le projet fait encore polémique en France, avec notamment la question du respect de la vie privée des citoyens.
Un travail complémentaire avec le conseil scientifique
Dans son communiqué, l’Elysée précise le rôle du conseil scientifique covid-19 qui reste en place : « Confinement de la population, fermeture des lieux publics non-essentiels, fermeture des établissements scolaires, etc. Toutes ces décisions annoncées par Emmanuel Macron durant ses dernières allocutions télévisées ont été expertisées et validées par le Conseil scientifique en amont. Cet organe continuera son travail tout au long de la crise ». Fait notable, le nom du professeur marseillais Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée Infection, y figue toujours même si ce dernier annonçait le même jour « le conseil scientifique ne correspond pas à ce que je pense être un devoir de conseil stratégique ».
Le Care travaillera donc en parallèle du conseil scientifique sur des sujets de recherche médicale comme l’éventualité de lancer des tests cliniques sur de nouveaux traitements. Dans une interview du journal Le Monde publiée le 24 mars, Françoise Barré-Sinoussi, s’est notamment exprimé sur le traitement à l’hydroxychloroquine du Pr Raoult dont « l’efficacité n’a pas été prouvée de façon rigoureuse », estime-t-elle. Elle préfère attendre les résultats de l’essai Discovery, conçu dans le cadre du consortium « Reacting », qui vient de démarrer et qui porte sur 3 200 personnes, dont 800 en France. « De premières analyses fiables devraient être connues dans une quinzaine de jours. Cet essai est fait dans les règles de l’art. Soyons patients », déclare-t-elle.
Les 12 membres du comité Care :
– Françoise Barré-Sinoussi (Présidente) : Virologiste, Institut Pasteur/Inserm.
– Jean-Philippe Spano : cancérologue. Chef de service du département d’Oncologie médicale à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière (Paris)
-Yazdan Yazdanpanah : infectiologue-épidémiologiste à l’hôpital Bichat (Paris). Directeur du consortium Reacting qui coordonne l’essai clinique européen Discovery
– Franck Molina : chercheur au CNRS. Directeur de l’UMR Sys2Diag à Montpellier, spécialiste des technologies de diagnostic et des anticorps monoclonaux.
– Dominique Valeyre : professeur de pneumologie à l’hôpital Avicenne à Bobigny.
– Bertrand Thirion : chercheur à l’Inria. Directeur de l’institut de convergence DataIA, spécialiste des sciences des données-Intelligence artificielle appliquées au domaine.
– Sylviane Muller : chercheuse au CNRS. Immunologiste. Ancienne directrice-adjointe scientifique du CNRS.
– Laetitia Atlani-Duault : chercheuse à l’IRD. Anthropologue, expert auprès de l’ONU, spécialiste de la gestion des crises, de l’aide humanitaire.
– Marie-Paule Kieny : chercheuse à l’Inserm, infectiologue et ancienne directrice-adjointe de l’OMS.
– Muriel Vayssier : Directrice du département santé animale de l’Inra.
– Marc Lecuit : professeur d’infectiologie, directeur adjoint du département des maladies infectieuses et tropicales à l’Hôpital Necker, et directeur de l’unité de Biologie des infections à l’Institut Pasteur.
– Christophe Junot : chef du département médicaments et technologies pour la santé au CEA