Il s’était excusé début juillet pour son absence à l’assemblée générale de Latinissimo, révélant dans son message sa maladie et sa volonté farouche de la combattre. Mais cela n’a hélas pas suffi. En quelques semaines, Bernard Aubert a été emporté par un cancer foudroyant qui laisse sa famille, ses amis, la Fiesta et finalement tout Marseille bien seuls ce lundi 14 août 2023. Bernard Aubert, directeur artistique de la Fiesta des Suds, le grand festival musical de l’automne phocéen depuis plus de trente ans s’est éteint dimanche 13 août à l’âge de 72 ans.
Avec Florence Chastanier, l’ancienne directrice générale de la Fiesta, et les membres fondateurs de l’association Latinissimo, Bernard Aubert a marqué la vie culturelle marseillaise en lançant en 1992 la première Fiesta des suds puis dans les années 2010, le marché des musiques du monde, Babel Med Music.
Au-delà de sa capacité à réunir des plateaux musicaux exceptionnels, Bernard Aubert a su apporter à Marseille un événement qui a réveillé, bien avant la profusion de festivals actuels, l’envie et le goût de la fête et du métissage, dans une ville très endormie à l’époque.
Bernard Aubert, un Méditerranéen ouvert sur le monde
Bernard Aubert avait la Méditerranée dans ses gènes. Venant de Nîmes, ou il créa avec Bernard Souroque, entre autres, le festival des musiques de rues, il cultivait l’amour de la féria et des bodégas. Dans son sillage, c’est une véritable movida marseillaise qui au cours des années 90 fit la une des journaux. Un mouvement qui contribua à redonner à la ville de l’attractivité. Les décideurs publics, et les élus, avec qui Bernard Aubert, indépendant de caractère et adepte du franc-parler, avait parfois des relations tendues, utilisèrent l’emblème Fiesta des Suds comme un étendard du renouveau de la ville.
Bernard Aubert avec Frédéric André, le nouveau directeur artistique, qui lui a succédé en 2022 (Crédit : Jean Yves Delattre / Gomet’)
Car Bernard Aubert, avec une équipe fondatrice solide et de plus en plus expérimentée, parvenait chaque automne, puis au printemps avec Babel Med Music, à attirer des dizaines de milliers de fidèles, bien plus qu’un phénomène de mode. D’autant que chaque année, de nouveaux parcours offraient aux visiteurs de toutes les générations, le plaisir de se retrouver dans des décors parfois inédits. Des Docks de la Joliette en pleine rénovation jusqu’au retour au J4, ces dernières années, Bernard Aubert et ses alliés avaient su faire des changements de site parfois contraints, des lieux propices à la déambulation et à la fête : dans l’ancienne manufacture de tabac à la Belle de Mai, dans l’ancien hangar J4 (avant sa démolition) mais aussi et surtout au Dock des suds où Latinissimo s’installa enfin dans son propre bâtiment. Un Dock que Latinissimo devra quitter en 2024 alors qu’Euroméditerranée et la Région Sud ont décidé d’affecter au site une nouvelle vocation, celle du cinéma.
Bernard Aubert se préparait à cette échéance au sein de Latinissimo avec le noyau dur des fondateurs et nouveaux membres. Au cours des discussions qui animaient les réflexions ces derniers mois, il montrait une passion intacte pour la Fiesta et pour Marseille. Père fondateur de l’événement, il savait tout à la fois partager ses valeurs avec les nouveaux venus, tout en sachant écouter et échanger pour imaginer la suite. Elle se fera sans lui physiquement mais ses idées resteront à jamais gravées dans les fiestas du Sud.
Ses obsèques auront lieu samedi 19 août au crématorium du cimetière Saint-Pierre de Marseille, à 17 heures.
Lien utile :
La Fiesta des suds dans les archives de Gomet’