Niché au cœur de la Provence dans le Val de Durance, entre Pertuis et Aix-en-Provence, le village du Puy Sainte-Réparade s’est transformé au cours du temps. Le village est aussi connu pour ses nombreux édifices classés au titre des monuments historiques et le Château La Coste, domaine viticole et lieu de rencontre entre l’art contemporain, l’architecture et la nature. A la tête de la commune depuis 2008, Jean-David Ciot, maire DVG (divers gauche) et ancien député de la 14e circonscription des Bouches-du-Rhône, gère cinq millions d’euros de fonctionnements et 60 agents. iI dresse un bilan d’étape de sa politique communale.
Quelles sont les priorités de vos actions municipales ?
Jean-David Ciot. Jeunesse et proximité, le lot commun de tous les maires. Le Puy est un grand village, avec un emplacement stratégique et privilégié, à une dizaine de kilomètres d’Aix, une demi-heure de Marseille, un quart d’heure du Luberon et deux heures des stations de ski, et une jeunesse de plus en plus importante. On vit à la campagne tout en étant proche de la ville, derrière la Trévaresse (massif forestier) donc “protégé”. Nous avons plein d’avantages mais un inconvénient : amener la culture. On a donc lancé une politique d’accompagnement dès l’école, auprès de notre groupe scolaire en centre-ville et dans le quartier excentré de Saint-Canadet. Il y a dix ans lorsque nous avons lancé nos programmes de logements sociaux l’objectif était de faire revenir nos jeunes, qui ne parvenaient plus à se loger pour des questions de place et de moyens. Et le pari a été réussi : la population du Puy a rajeuni, avec un indice de vieillissement de 89 personnes de 65 ans ou plus pour 100 habitants de moins de 20 ans. Nous prévoyons prochainement à ce sujet d’ouvrir une troisième MAM (Maison d’assistants maternels), pour ne plus se retrouver “tendu” sur l’accueil de la toute petite enfance au Puy. Notre deuxième priorité a été de dynamiser notre centre-ville, avec de nouveaux commerces, une halle de producteurs, des espaces vignerons, un centre de co-working, une maison du tourisme et un parc. Cela a permis de changer l’image du Puy. On a refusé l’installation de grandes surfaces en périphérie pour garder vivant notre cœur de village.
Loi SRU, nouveau PLUI… côté logement, comment le Puy-Sainte-Réparade s’organise ?
J-D.C. En ce qui concerne le logement, le taux de logements sociaux dans notre commune est passé d’environ 15% à près de 20% depuis mon élection en tant que maire. Bien que je trouve la motion du maire de Mimet, Georges Cristiani, un peu plaintive, je vais voter en sa faveur (entretien réalisé le 21 février 2024). La loi SRU est nécessaire pour assurer le logement des jeunes, mais je remets en question la nécessité d’imposer un quota de 25% de logements sociaux. À mon avis, un taux de 20% est déjà suffisant. Certaines communes rencontrent des difficultés à atteindre le seuil de 25% en raison de problèmes fonciers, de risques ou d’injonctions contradictoires. Le Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUI) pose également problème, car il demande de construire dans des zones bien desservies plutôt que dans les villages, mais les seuls espaces disponibles se trouvent souvent dans ces derniers. J’ai entendu la proposition du Premier ministre d’intégrer des logements intermédiaires, avec des loyers inférieurs au marché privé mais supérieurs au marché social, et je pense qu’il est judicieux d’inclure une partie de ces logements dans notre plan. Depuis 2017, nous avons construit deux éco-quartiers totalisant 220 logements chacun, ainsi que 80 logements dans un troisième. En 2025, tous nos projets seront achevés, et je crains que la suite ne soit compliquée. Nous avons fixé notre population cible à environ 7 000 habitants, mais nous risquons de dépasser le seuil de Zéro Artificialisation Nette (ZAN) car le marché du logement est saturé. Bien que je ne sois pas préoccupé pour les dix prochaines années, je m’inquiète davantage pour l’après 2035. Nous disposons toujours de nos deux zones économiques et industrielles en développement, déjà artificialisées et incluses dans le PLUI précédent : la zone de la Confrérie et la zone de la Halte.
Lors du dernier conseil métropolitain (22/02/2024), les élus ont voté pour un assouplissement de la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbains, adoptée en 2000), en réponse à la motion lancée par le maire de Mimet, Georges Cristiani, voir notre article. La loi SRU impose aux communes la construction de logements sociaux pour favoriser la mixité sociale. Les communes doivent atteindre un quota de logements sociaux sous peine de sanctions financières. La loi vise également à améliorer la planification urbaine et à renforcer les outils de préemption pour favoriser la construction de logements sociaux. En 2023, la Métropole AMP a seulement approuvé 2 474 logements sociaux, bien en deçà de l’objectif initial fixé par l’État pour cette année, qui était de 4 165 agréments.
Entreprises implantées sur les zones économiques au Puy st-Réparade : Infineon, Power Sys, Actia et Neuroservices Alliance.
Quels sont les points forts en terme d’attractivité pour Le Puy ?
J.D.C. Nous bénéficions de deux vastes espaces naturels remarquables. La commune est traversée par la Durance, dont nous avons réaménagé les berges en collaboration avec le Département, pour un investissement total de 400 000 euros, dont 20 000 euros ont été contribués par la commune. Les rives de la Durance étaient autrefois très dégradées, et ces travaux ont permis de rendre ces espaces naturels accessibles et appréciables à nouveau. De plus, le domaine de La Quille, situé au sommet de la Trévaresse, offre un panorama exceptionnel sur le village. Nous accordons une grande importance à l’accessibilité et à la promotion des modes de déplacement doux. Pour favoriser le retour de la biodiversité, nous avons restreint la circulation à certains endroits. De plus, nous travaillons actuellement sur la mise en place d’une section de la vélo-route européenne partant d’Avignon. Notre plan-vélo est déjà partiellement réalisé, avec deux kilomètres et demi de voies disponibles, et nous sommes en train d’achever trois kilomètres supplémentaires. Notre objectif est de créer des itinéraires sécurisés permettant de se rendre du collège au stade. Nous sommes en discussions pour étendre notre plan-vélo, qui devrait éventuellement couvrir 20 kilomètres au total. Il est à noter que les portions de route départementale ne sont pas sous la responsabilité de la municipalité.
En ce qui concerne le tourisme, Le Puy bénéficie de deux sites majeurs, le Château de Fonscolombes et le Château La Coste, qui représentent des opportunités pour le village. Le second génère entre 35 000 et 40 000 euros de taxe de séjour par an. Nous avons également plusieurs chais qui constituent de véritables atouts et reflètent notre identité viticole (La Coste, Château Paradis, Tour Campanets, et bientôt Fonscolombes), que la commune a encouragé à se développer en entretenant de bonnes relations avec les propriétaires.
Quel est votre lien avec le domaine La Coste ?
J.D.C. Les constructions au Château La Coste sont conformes au Plan Local d’Urbanisme (PLU) de la commune de 2017, comme indiqué dans le document source à la page 12. Le domaine La Coste bénéficie d’une situation privilégiée étant situé dans une zone dénommée STECAL (Secteurs de taille et de capacité d’accueil limités) définie dans les plans locaux d’urbanisme, ce qui permet l’implantation de nouvelles constructions tout en préservant les zones agricoles et naturelles. L’État a fait preuve de compréhension en facilitant l’installation et en soutenant les projets de La Coste, les qualifiant même d'”exceptionnels”. Récemment, nous avons négocié avec l’État un nouveau zonage, moins spécifique que celui d’iTER et Cadarache, mais adapté pour permettre le développement d’activités hôtelières et de restauration sur le domaine, dans le respect des règles en vigueur, pour de nouveaux projets à La Coste. L’évolution du domaine est essentielle pour maintenir sa vitalité, et la municipalité discute avec le propriétaire, Paddy McKillen, de cette dynamique nécessaire. Une des conditions de cette évolution est que le domaine demeure axé sur la viticulture en biodynamie.
L’agriculture biodynamique, une forme de culture biologique, se caractérise par des pratiques visant à renforcer la vitalité des plantes en favorisant l’interaction entre la plante, le sol et son milieu environnant.
La municipalité a fortement encouragé le domaine à maintenir son ouverture au grand public, en particulier pour les résidents de la commune. Il a été décidé que le site ne pouvait pas être privatisé à l’exception de l’hôtel de luxe. La proposition d’un deuxième hôtel offrant des tarifs plus abordables vise à rendre le domaine encore plus accessible. Le Château La Coste envisage également d’accueillir des étudiants en art avec une résidence d’artistes, ce projet est en cours de discussion. J’ai également insisté pour que le domaine reste ouvert aux écoles du Puy, offrant ainsi aux enfants la possibilité d’être exposés à l’architecture et à l’art contemporain à proximité. Chaque année, les écoles organisent leurs spectacles de fin d’année sur le domaine, qui met gracieusement ses espaces à disposition. Il est à noter que la majorité des employés du domaine sont des habitants du Puy Saint-Réparade. Le domaine La Coste a contribué à rendre le village plus attractif, accueillant en moyenne 235 000 visiteurs chaque année.
Document source : dispositions du Château La Coste dans le dernier PLU (2017)
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