Il avait prôné le changement durant sa campagne présidentielle, ce mantra fut entendu et appliqué dans une terre pourtant acquise à la droite depuis 1978. Claire Pitollat (LREM) bat Dominique Tian (LR-UDi) avec 54,77% des suffrages contre 45,23%. Ambiance dans les QG des deux candidats au soir du second tour.
Le premier tour avait couronné Claire Pitollat et laissé un Dominique Tian quelque peu désemparé. Après une semaine de débats et de couverture du terrain, les urnes ont parlé et décidé de conforter la volonté du président Macron de porter la société civile jusqu’au perron du Palais-Bourbon. La jeune ingénieure dans la production d’énergie sera de l’aventure. Et pourtant, vers 19h30, quand la petite équipe de bénévoles du comité La République en marche se réunit sur la terrasse incandescente de soleil du Welcome Café, les visages semblent trahir une certaine tension. La pression de ceux qui ne doivent pas décevoir. Et Guy Lopez, mandataire financier de la campagne, de confirmer l’impression dégagée : « Je suis tendu, mais confiant. J’ai croisé M. Tian hier soir, il me paraissait pessimiste. »
À quelques encablures de là, justement le quartier général Les Républicains est bien vide à quelques minutes des premiers résultats nationaux. Alors que les cartons de petits fours arrivent, trois femmes, d’un certain âge, regardent le journal de France 2 commentant les importants incendies sévissant au Portugal. Il est 19h47. Pendant ce temps, l’attaché parlementaire de Dominique Tian regarde son téléphone, « Castaner est élu avec quasiment 70% ». Pourtant Camille Galtier attend « sereinement les résultats, même si la participation est ahurissante, il faut reconnaitre un certain ras-le-bol de la part des Français. Même nos militants, pendant les tractages, nous envoyaient un signal négatif en montrant un attrait pour M. Macron. Je suis plutôt confiant, confiant en Dominique. »
« On est loin du Penelope Gate »
Quand les résultats tombent au Welcome Café, les badauds comme les proches de la candidate se tournent vers l’écran plat, les panachés sont mis de côté, tout le monde est suspendu aux lèvres de Gilles Bouleau. 20 heures. Le verdict tombe. Une personne, entre deux gorgées bien méritées pour supporter la fournaise ambiante, lance « 360 députés, c’est bien moins que ce qu’on pouvait espérer ». Très vite, les premiers textos tombent, Vanessa sort son tableau Excel et complète minutieusement. Premier bureau le 852 accorde, après le dépouillement de 100 bulletins, 53 papiers estampillés Claire Pitollat contre 39 pour M. Tian. Un signe.
Quinze minutes plus tard. La candidate En marche arrive, le sourire accroché au visage : « Bon et bien il n’y a pu qu’à attendre ». Alors qu’à l’intérieur du local LR, les militants aimeraient accélérer le temps, la seule table d’émargement ayant trouvé preneur aujourd’hui est celle du buffet, où les pizzas sont englouties avec avidité. Pendant qu’une abstentionniste normande se fait conspuer par les trois femmes assises sur des chaises en plastique, l’attaché parlementaire suit ça de loin la tête déjà ailleurs. « J’ai vraiment beaucoup travaillé depuis ma prise de fonction en fin d’année dernière, on est loin du Penelope Gate, il y a énormément de boulot. Quand je vois les résultats nationaux, ça me fait bizarre. »
« Laissez moi profiter de la soirée»
Il y en a une autre à qui ça fait bizarre, c’est la calculette du Welcome Café, qui se retrouve à agréger les résultats de la candidate En marche. Vanessa a la tête sous l’eau, les assesseurs arrivent avec leurs lots de résultats, et dans le même temps, le téléphone ne cesse de vibrer, mais le sourire est de mise. « On est plus dans le plus, que dans le moins. Je crois qu’on gagne. » Les petites croix, signalant les bureaux, où Claire Pitollat arrive en tête, s’accumulent. Ainsi, sur 23 bureaux dépouillés, 18 sont en sa faveur. Mais l’intéressée ne veut pas se livrer trop tôt : « Les premiers résultats sont plutôt positifs, je veux avoir des données plus importantes et fiables, mais c’est déjà satisfaisant. » Le sourire de conclusion, laisse transparaître la joie d’une personne qui devrait prendre dans les prochains jours, le TGV gare Saint-Charles en direction de Paris.
La victoire se rapproche de minute en minute, les bureaux tombent comme des bastions imprenables soudainement devenus vulnérables. Il aura fallu cinq semaines à Claire Pitollat pour conquérir une deuxième circonscription marquée au fer rouge par Les Républicains. Mais alors que les lumières s’éteignent dans le local de Dominique Tian et que les derniers militants s’en vont, la fête commence pour l’équipe de bénévoles de La République en marche et Claire Pitollat de conclure : « Laissez moi profiter de la soirée, sans me projeter au lendemain, je souhaite juste profiter de l’instant présent ».
Que ressentez- vous après ces résultats?
Claire Pitollat. Ça me fait extrêmement plaisir, c’est une grande joie, beaucoup d’énergie positive. Je suis étonnée, et surprise. Depuis, le début de l’investiture tout ça est très positif, il y a un élan qui nous porte, et il ne faut pas oublier le travail énorme accompli depuis cinq semaines. Est-ce qu’on réalise chaque jour qui vient de se dérouler ? Je ne pense pas, on était dedans pour avancer en y mettant toute l’énergie que l’on pouvait, donc il y a une grosse satisfaction, beaucoup de plaisir et d’échanges.Comment avez-vous vécu cette dernière semaine de campagne ?
C.P. C’était une semaine très éprouvante, couvrir le terrain, faire face aux nombreuses sollicitations des médias… Je n’avais pas eu le temps de préparer les débats, en raison d’un trop grand travail à effectuer, enfin juste par une préparation mentale que je faisais seule. J’avais ma stratégie dans ma tête rien de plus.Vous faites de la danse, cette passion sera-t-elle mise de côté pendant cinq ans ?
C.P. Non, non je ne compte pas arrêter la danse (rires), pendant les vacances d’été sans doute. Mais en septembre je reprendrai, il est important de faire du sport, d’être en bonne santé et d’avoir de l’énergie pour les prochaines échéances.