C’est un énième rebondissement depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République, dimanche 9 juin. Interrogé, mardi 11 juin, dans le journal de 13h de TF1, le chef de file du parti Les Républicains Eric Ciotti s’est dit favorable à une alliance avec le Rassemblement national : « Nous avons besoin d’une alliance en restant nous-mêmes, en évitant le danger des Insoumis qui demain pourraient avoir une majorité à l’Assemblée nationale […]. Il nous faut une alliance avec le Rassemblement national, avec tous ceux qui se retrouvent dans des idées de droite », répond le député des Alpes-Maritimes à la présentatrice Marie-Sophie Lacarrau.
La veille, Marine Le Pen et Jordan Bardella (RN) avaient justement tendu la main aux Républicains en évoquant la formation d’un gouvernement avec des cadre LR. De son côté, le camp présidentiel, au travers de la voix de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe ou encore du ministre Stéphane Séjourné, courtise également les Républicains. Eric Ciotti a donc à présent choisi son camp. « Il est hors de question d’entrer dans une coalition avec ce pouvoir qui a tant abîmé la France. Le macronisme, c’est toujours plus d’impôts, d’immigration et d’insécurité. Fidèles à nos valeurs, nous allons mener cette campagne autour des valeurs de la droite ! » réitère-t-il ainsi sur le réseau social X (ex-Twitter).
Il est hors de question d’entrer dans une coalition avec ce pouvoir qui a tant abîmé la France.
— Eric Ciotti (@ECiotti) June 9, 2024
Le macronisme, c’est toujours plus d’impôts, d’immigration et d’insécurité.
Fidèles à nos valeurs, nous allons mener cette campagne autour des valeurs de la droite !
Renaud Muselier : « Honte à lui ! »
Les réactions politiques ne se sont pas faites attendre. « Déjà, quand il refusait de me soutenir aux régionales de 2021 face au RN, il était évident qu’Eric Ciotti était la cinquième colonne de l’extrême-droite chez LR. À présent, c’est clair : il a tué ce parti magnifique, trahi tous ses militants et piétiné nos valeurs. Tout ça pour être ministre de l’Interieur de Madame le Pen : honte à lui ! Ses 30 deniers de Juda » tweete ainsi le président de la région Sud (Ren.), ex-cadre LR, Renaud Muselier.
Martine Vassal, présidente de la Métropole et du Département des Bouches-du-Rhône, également ancienne LR, condamne aussi la décision d’Eric Ciotti : « Après que les partis de gauche ont accepté, unanimement, de se coucher lamentablement devant La France Insoumise, c’est au tour d’une partie de la Droite républicaine de céder aux sirènes des extrêmes. S’allier au Rassemblement National, c’est franchir une ligne rouge. À titre personnel, je ne me reconnais pas dans cette décision. La droite que je défends est ferme sur ses valeurs – celles du travail, du mérite, de l’humanisme, de l’ordre et de l’autorité – mais également sur son opposition à l’idéologie de l’extrême droite. »
Laure-Agnès Caradec : « Notre parti n’est pas à vendre »
Au niveau local du parti, cette annonce crée aussi des remous. Le maire LR d’Aubagne, Gérard Gazay, déclare sans ambiguïtés : « En tant qu’élu du parti Les Républicains, je refuse tout compromis avec les extrêmes ! Je demande la démission d’Eric Ciotti de notre famille politique, famille qui a toujours défendu des idéaux républicains. On se doit d’être dans la fermeté et la clarté de nos opinions ».
Juste avant son intervention au JT de TF1, alors qu’une alliance avec le RN n’était qu’au stade des rumeurs, la présidente de la fédération LR des Bouches-du-Rhône Laure-Agnès Caradec demandait ainsi à Eric Ciotti de « clarifier sa position » : « Notre parti n’est pas à vendre » écrivait alors l’élue. Depuis l’annonce, silence radio du côté des LR locaux. Selon nos informations, Laure-Agnès Caradec a prévu de réunir les membres de la fédération locale d’ici demain pour un point de situation. « Ce qui est clair, c’est que le choix d’Eric Ciotti met la famille de la droite dans l’embarras et crée un marasme quasi historique » commente une source bien informée à droite, contactée par Gomet’.
Nous vivons une tourmente dans laquelle l’affolement prime sur la raison.
— Laure-Agnès Caradec (@lacaradec) June 11, 2024
Je demande à @ECiotti une clarification rapide.
Notre parti n’est pas à vendre.
« Eric Ciotti vient de se vendre au parti de Le Pen pour un plat de lentilles. Il trahit nos valeurs et l’héritage républicain de notre famille politique. Il doit immédiatement démissionner des Républicains » écrit pour sa part Ludovic Perney, délégué LR de la 2e circonscription des Bouches-du-Rhône et vice-président régional, proche de Renaud Muselier. La même requête de départ d’Eric Ciotti a été formulée par le président LR du Sénat Gérard Larcher. Requête qui a essuyé une fin de non-recevoir du principal intéressé, qui a indiqué rester à la tête du parti.
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