Elle ne lâche rien ! La présidente de l’Acam, l’Association des commerçants et artisans de Belsunce, Thérèse Basse, ne s’est pas laissée démonter par les pillages et émeutes de début juillet qui ont impacté le quartier. Ni par le trafic de drogue qui s’incruste place Louise Michel, ou par le nettoyage des rues qui reste aléatoire.
L’objectif est face aux lourdes problématiques du quartier de « penser des solutions sociales qui sauvegardent les commerces et favorisent l’insertion économique des habitants ». Belsunce (1) se réinscrit dans la cité. Le quartier « du Vieux Belsunce » fait partie des visites proposées par l’Office du tourisme. Les étudiants de Kedge sont venus faire une visite de terrain. Le parking de la Providence abandonné aux déchets a été nettoyé et surveillé. Et le quartier a été très impliqué dans le cadre de FestiCités.
Deux projets économiques majeurs pour le quartier voient le jour cet été
Deux projets majeurs pour le quartier voient le jour cet été, le Concept store au Centre Bourse et la Manufacture de Belsunce. Le concept store est né avec la complicité du Centre Bourse qui a ouvert une vaste boutique côté rue Bir-Hakeim aux artisans et commerçants trop méconnus de Belsunce.
Toutes les couleurs du monde y sont présentées : arts et artisanat d’Afrique et d’Amérique latine, vêtements traditionnels ou contemporains, bijoux et œuvres d’art. Les créateurs et commerçants se relaient pour assurer le lien avec la clientèle. Un espace de restauration permet de déguster des plats qui viennent aussi du Sud, latino ou africain.
Concilier les identités, renforcer le dialogue entre les cultures et les civilisations
Thérèse Basse
À la caisse et à la direction Thérèse Basse voit se concrétiser un premier rêve : sortir du quartier pour mieux le faire connaître et renforcer son attractivité « Je suis, dit-elle, une adepte de l’utopie de l’Unesco, parvenir à bâtir « la culture de la paix ». J’œuvre depuis toujours, sous différentes formes, pour la conciliation entre les identités, le renforcement du dialogue entre les cultures et les civilisations. »
La Maison de quartier de l’environnement de Belsunce est porteuse de ces actions avec la fondation de la Manufacture de Belsunce, un chantier d’insertion agréé en 2022, qui mène deux activités complémentaires, au profit de l’insertion sociale et de la transition écologique du quartier :
- la réduction des déchets d’activités économiques (DAE), des commerçants du « vieux » Belsunce ;
- la transformation en biens des matières premières recyclables avec la mise en œuvre d’ateliers de sensibilisation.

Cette activité est devenue possible depuis que la Métropole applique la loi sur les déchets professionnels, les fameux DAE.
Pendant les décennies Gaudin, au mépris des textes, commerçants et restaurateurs du centre-ville déversaient leurs volumineux déchets, avec les ordures ménagères des particuliers qui devenaient ainsi avec la TEOM, la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, les financeurs de fait, d’activités privées. Les entreprises ont aujourd’hui le choix pour leurs déchets de faire appel à la Métropole moyennant paiement de la Taxe spéciale, ou de solliciter un ou des prestataires privés. « Il a fallu, précise Thérèse Basse, la réforme entraînant la réorganisation de la gestion des déchets d’activités économiques, pour que l’on prenne enfin totalement en considération notre solution. »
Manufacturiers de Belsunce : l’accompagnement technique de Veolia
Concrètement, les Manufacturiers ont réalisé un diagnostic détaillé de l’ensemble des rues, des commerces et des mobiliers urbains pour aboutir à une cartographie du quartier du vieux Belsunce. Ils collectent sept flux, en porte à porte, avec vélos cargos : papier/carton, bois, plastique, biodéchets, verre, textile et métal. Ils sont acheminés vers un local qui fut d’abord à Velten, puis au 17 rue Francis de Pressensé. Grâce à Marseille Habitat, ce local intermédiaire, ouvre la possibilité de la collecte avec 100 m², mais le besoin estimé est de 200 m².
Un atelier de fabrication de biens à partir de palettes, bois et cartons permet la réalisation de bancs, tables, tabourets, arbre en carton… Les Manufacturiers, huit salariés en insertion, bénéficient de l’accompagnement technique de Veolia et du service de la redevance spéciale de la Métropole : toute l’équipe, a pu se former à l’efficience du métier de la collecte.

Ce «remanufacturing» devient un modèle d’économie circulaire urbaine qui associe commerçants, manufacturiers et partenaires privés ou publics. « L’émergence du concept store et de la Manufacture de Belsunce, conclut Thérèse Basse, représente un début d’aboutissement. Contre vents et marées, avec des sacrifices et de faibles moyens financiers, nous avançons les démonstrateurs, les peaufinons, générons un écosystème partenarial… » A suivre.
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(1) Belsunce s’étend sur 38,3 hectares avec 25 commerces tous les 100 m, soit plus de 2 000 boutiques.