Istres s’apprête à changer de visage avec le déploiement progressif d’un nouveau “réseau vélo” de neuf pistes cyclables bidirectionnelles, séparées et sécurisées – coût total des travaux : 20 millions d’euros. Un premier itinéraire en direction de Saint-Chamas, chiffré à 950 000 euros, est mis en service depuis quelques mois, et séduit déjà les usagers sur piste. « C’est une bonne chose à double-titre, se réjouit François Masia, le président d’une association sportive locale, à la fois pour les cyclotouristes que nous sommes (…) et c’est aussi l’idéal pour les gamins ». Pour cet habitué, le goût du vélo ne se développera qu’avec la prolifération d’aménagements sécurisés et bien pensés.
À horizon 2026, une fois l’ensemble des nouveaux tronçons livrés, le circuit global d’environ 28 kilomètres maillera toute la commune avec des points de croisement stratégiques. Les utilisateurs pourront prendre les ronds-points en toute sécurité et traverser la ville en passant facilement d’une ligne à l’autre. Grâce à ce réseau flambant neuf, la mairie entend favoriser la pratique du vélo aussi bien pour le travail que pour les loisirs. Sans oublier que les nouvelles pistes seront à partager « avec les piétions, voire les trottinettes », rappelle la mairie dans un communiqué. À terme, Istres ambitionne de se positionner comme le carrefour cycliste du pourtour de l’Étang de Berre.
Gomet’ a interrogé vendredi 5 août François Bernardini, le maire d’Istres, à propos du plan vélo à horizon 2026 que porte sa municipalité.
Pourquoi avoir engagé cette métamorphose du réseau cyclable istréen ?
François Bernardini : On veut accentuer la fluidité de la circulation au sein de la ville, et développer un cheminement plus indépendant, plus sécurisé, où piétons et vélos peuvent bénéficier de meilleures circonstances. Pour les cyclistes, on veut continuer d’aligner des voies. On a lancé ce processus depuis maintenant une bonne année, avec le concours du conseil régional, de l’État et de la Métropole. Et sous les directives des élus istréens qui connaissent particulièrement la ville, et les cheminements des usagers. Ils peuvent être à la fois les créateurs et les relais de l’exécution de cet ouvrage.
François Bernardini, le maire d’Istres (crédit : JYD Gomet’)
Un réseau cyclable financé par un consortium public
Dans le cadre de la loi sur l’orientation des mobilités (LOM), l’État a libéré à la mi-juillet dix millions d’euros pour subventionner huit projets d’itinéraires cyclables sécurisés. Une manière de contribuer à la décarbonation des modes de transport et au recul du tout-voiture. Grâce à un solide dossier, la mairie istréenne a récupéré une bonne partie du butin (1,75 million d’euros). Une somme qui va lui permettre d’accélérer les travaux en cours, et ceux à venir. Ils sont assurés par la société Colas (Groupe Bouygues). Cette manne financière s’ajoute aux autres fonds déjà captées par la Ville pour financer son ouvrage.
J’espère qu’avec neuf pistes cyclables, les gens trouveront plus de confort à prendre le vélo.
Eric Casado
Rencontré vendredi 5 août sur le chantier d’extension de la piste du bord de mer (ligne G), l’adjoint à l’urbanisme Eric Casado fait les comptes : « les trois prochaines pistes, c’est 6,9 millions d’euros (…) et bien le fonds européen (Feder) contribue à hauteur de 3,2 millions d’euros, et la Métropole complète (avec l’État et la Région, ndlr). La ville met surtout la main à la poche pour tout ce qui est espaces verts, mais c’est dérisoire ». L’élu précise que l’aménagement global sera livré d’ici 2026 « en trois fois trois pistes ». La première salve doit absolument voir le jour d’ici janvier 2023 pour conserver à coup sûr le soutien du Feder. Ensuite, débutera la phase d’études pour trois nouvelles pistes.
Quelques zones d’ombre persistent
Malgré les efforts des services de la mairie, le plan exact du réseau n’est pas encore connu — celui diffusé sur Gomet’ en juillet dernier n’est pas définitif. Et pour cause, le tracé de certains itinéraires est encore susceptible de changer. La cartographie définitive du réseau ne sera communiquée que « d’ici quelques mois », annonce la mairie. D’autres interrogations restent en suspend. Une des lignes annoncées pose question et pourrait être livrée ultérieurement (après 2026). Il s’agit de la ligne B, un tronçon complexe qui traverse la ville d’est en ouest, et chevauche une voie ferrée.
Les 14 membres de la commission “modes doux” istréenne, qui pilote le projet, doivent encore trouver une solution pour que les usagers puissent franchir le passage à niveau situé au milieu de l’itinéraire, et ce en toute sécurité. Une réflexion qui prend du temps, et semble retarder l’échéance finale. En parallèle du plan intra muros, deux opérations inter-cités vers Miramas et Fos seront pilotées par le Département et la Métropole afin qu’Istres s’ouvre un peu plus sur le territoire. Les études sont déjà réalisées.
La municipalité ne veut pas faire de l’anti-voiture
La mairie d’Istres incite la pratique du vélo, notamment avec une aide de 150 euros, déployée depuis 2017, et destinée à financer en partie l’achat d’un vélo électrique. Mais elle ne semble pas vouloir réduire la place de la voiture pour autant. « On ne touche pas le mode de circulation actuelle, on conserve les deux voies », indique Eric Casado. À Istres, « on peut se garer gratuitement partout », ajoute un attaché de presse de la mairie. Il précise tout de même que les trois parkings souterrains deviennent payants après une heure. Les services privilégient d’ailleurs les ronds-points, plutôt que les feux tricolores, pour fluidifier la circulation automobile.
En réalité, plutôt que de contraindre les usagers à moteur, la mairie istréenne fait le pari d’une cohabitation décarbonée. Elle encourage le retrofit (passage du thermique à l’électrique), cette fois-ci avec une aide de 1500 euros pour soutenir l’achat d’un véhicule électrique. Et l’offre séduit les automobilistes istréens. En cinq ans, 288 achats de voitures électriques ont été accompagnés, représentant 432 000 euros. Par ailleurs, une cinquantaine de bornes électriques sont installées en ville – dont 38 étaient déjà présentes avant que la Métropole ne prenne la main sur le parc.
Liens utiles :
> Pistes cyclables : Istres fait la course en tête des aides de l’Etat
> Istres lance Emouv’, son réseau de bornes de rechargement pour les véhicules électriques