Collectif anti-Linky de Sausset-les-Pins, A nos ondes Pays Salonais, No Linky 13, Stop Linky Aubagne, les habitants du département se mobilisent contre le remplacement des anciens compteurs électriques par le compteur communiquant Linky. Vendredi 18 mai, Frédéric Béringuier, directeur territorial 13 d’Enedis, a organisé une rencontre pour rappeler les raisons qui ont poussé l’entreprise de service public à remplacer les anciens compteurs et clarifier certaines incompréhensions.
Gomet’ Tout d’abord qu’est qu’un compteur Linky ?
Frédéric Béringuier. C’est avant tout un compteur, qui mesure l’énergie électrique consommée, en kilowattheure. La nouveauté, c’est qu’il est communicant. Une fois par jour, il transmet à Enedis la consommation globale du client. Linky permet ainsi de réaliser à distance des opérations telles qu’une mise en service ou une résiliation, une augmentation ou une baisse de puissance. Désormais toutes les factures de nos fournisseurs (Plus de 50 dans la région : Direct Energie, Engie, EDF, Total…ndlr) sont réalisées sur des index réels et non plus sur des estimations. Linky informe aussi automatiquement Enedis de l’état du réseau. Si un client manque de courant, nous pouvons intervenir aussitôt et ne pas attendre l’appel de la personne concernée.
Quels sont les avantages de Linky ?
F.B. Nous avons engagé depuis plusieurs années un grand programme de modernisation du réseau de distribution afin d’accompagner les territoires à la transition énergétique. Les compteurs communicants en sont la pierre angulaire : développement de l’éco-mobilité avec les véhicules électriques et accueil en masse des énergies renouvelables. Notre objectif est de synchroniser au mieux ces nouveaux paramètres. Nous venons d’ailleurs d’inaugurer le premier lotissement privé à Forcalquier d’une douzaine de pavillons avec une autoconsommation collective d’électricité. Enedis a proposé une solution numérique pour répartir la production aux occupants selon une clé de répartition qu’ils ont définie. Grâce à Linky, les fournisseurs d’énergie peuvent proposer des tarifs avec des super-heures creuses (prix encore moins cher entre 2h et 6h du matin), destinés aux clients équipés de véhicules électriques par exemple. En utilisant les fonctionnalités de Linky, ils proposent des tarifs à la carte, et un système de pilotage qui permet d’optimiser les infrastructures.
Quels sont les chiffres sur le territoire ?
F.B. Aujourd’hui, nous installons 1000 compteurs par jour dans le département. 320 à 330 000 foyers sont déjà équipés, ce qui correspond à 500 000 occupants. Nous avons démarré les installations au mois de décembre 2015 à Marseille. L’opération s’achèvera fin 2021 avec 1 150 000 Linky dans les Bouches-du-Rhône. Actuellement, nous avons terminé Aix, Venelles et nous déployons les compteurs à Marseille, Gardanne, Arles, Aubagne et les communes de l’Etang de Berre. Sur notre site internet, on peut trouver la période au cours de laquelle les compteurs Linky seront déployés sur les différents secteurs. Au niveau national, le programme coûte 4,5 milliards d’euros pour 35 millions de compteurs.
De nombreux collectifs anti-Linky se sont formés. Comprenez-vous les inquiétudes des habitants ?
F.B. Enedis est avant tout une entreprise publique : nous sommes à l’écoute de l’ensemble des parties prenantes et disponibles pour apporter des réponses objectives en toute transparence aux interrogations. Le déploiement suscite des débats sur les effets présumés sur la santé, le respect des données personnelles, etc. La plupart du temps, nos explications suffisent à rassurer, mais nous observons aussi que des oppositions se construisent autour d’arguments irrationnels et éloignés de la vérité scientifique. Concernant les effets de Linky sur la santé : les nouveaux compteurs utilisent la technologie CPL (Courant porteur en ligne), une technologie qu’on utilise depuis 50 ans pour passer en heures creuses et encore aujourd’hui à Marseille pour éclairer et éteindre l’éclairage électrique. C’est la même technologie que les babyphones. Comme tout appareil électrique, le compteur Linky émet un champ électromagnétique mais il est si faible qu’il ne modifie pas l’environnement électromagnétique dans lequel on vit. Le rapport de l’Agence nationale des fréquences le confirme : il s’agit d’un champ inférieur aux normes, ainsi qu’à ceux émis par un réfrigérateur par exemple (100 fois plus important que celui du compteur).
Quelles sont les fausses rumeurs qui tournent autour de Linky ?
F.B. Les inquiétudes concernant les données personnelles, par exemple. Nous respectons scrupuleusement les obligations et les préconisations de la Cnil. Nous allons d’ailleurs revoir notre communication d’ici le mois de juillet pour intégrer cet aspect. Les données appartiennent au client, nous ne les vendons pas et nous ne les vendrons jamais. Le client peut consulter sur une application mobile ou sur le site internet à J+1 quelle a été sa consommation, avec des comparatifs, pour qu’il comprenne ses habitudes et déclencher des réflexes de maîtrise de consommation. Mais seulement 0,2% de nos clients utilisent cette fonctionnalité. Nous menons une expérimentation sur une grande copropriété d’Aix pour améliorer cela. Egalement, contrairement à ce que les collectifs anti-Linky clament, nous n’installons pas nos compteurs de force. L’installation est obligatoire mais nous respectons le droit à la propriété. Enfin, certains prônent l’argument écologique : les 35 millions d’anciens compteurs seront tous recyclés. Dans le département, notre partenaire est l’Association des Paralysés de France, aux Milles.
Que répondez-vous à ceux qui affirment que Linky augmente la facture ?
F.B. C’est faux. L’énergie a toujours été mesurée en kilowattheure, c’est la seule unité qui existe. La puissance souscrite se mesure en kilovoltampère, cela n’a pas changé non plus. Parfois, un client souscrit un contrat chez un fournisseur de 6 KVA mais le réglage du disjoncteur est à 18. Il s’agit d’une anomalie, volontaire ou non. Quand nous installons le nouveau compteur, nous rétablissons ce genre de dysfonctionnements et le client peut donc être amené à augmenter son contrat pour qu’il corresponde réellement à ce qu’il consomme. De même, le coût du programme Linky n’a aucun impact sur la facture des clients, puisqu’il est autofinancé par les gains de performance. En effet, grâce à la mesure plus fine de l’énergie consommée, Linky permet de mieux optimiser nos investissements dans les énergies renouvelables et le déploiement des véhicules électriques. Les nouveaux compteurs réduisent aussi les déplacements des techniciens. D’ailleurs, d’ici cinq ans, des métiers, comme celui de releveur, disparaîtront mais de nouveaux apparaitront, plus techniques. Enfin, les pertes non techniques (l’énergie consommée mais non facturée) seront donc réduites.
Et du point de vue de la sécurité ?
F.B. Le dernier incendie survenu à Châteauneuf-les-Martigues le 20 février est en train d’être expertisé. En tant que distributeurs, nous intervenons depuis toujours auprès des pompiers sur les départs de feu pour mettre en sécurité les installations. La sécurité est notre cœur de notre métier. Un incendie peut avoir une origine électrique mais le déploiement de Linky ne montre aucune corrélation avec une recrudescence du nombre de départs de feu. La principale cause d’un incendie est un conducteur mal serré dans une prise, sur le réseau, ou sur le panneau de comptage par exemple.
Que répondez-vous à ceux, comme de nombreux maires, qui arguent un principe de précaution ?
F.B. Si des arguments objectifs démontrent que le principe de précaution est nécessaire, d’accord. Mais le rapport de l’Agence nationale des fréquences montre que ce n’est pas le cas. Les collectifs se nourrissent des mécanismes de la peur. Je n’ai pas encore rencontré des maires opposés au compteur, mais embêtés parce qu’une frange de leur population est contre. Ils se font l’écho des collectifs anti-Linky mais ils doivent avoir le courage d’expliquer que le déploiement n’est ni dangereux ni coûteux. L’ensemble des délibérations prises par les maires à l’encontre des installations n’a pas de base légale. Le rôle d’élu consiste à expliquer de façon transparente la réalité des choses. Linky n’est pas une coquetterie d’Enedis, le programme entre dans une ambition énergique nationale est est absolument nécessaire pour une transition énergétique réussie.