Au départ ce sont trois structures du territoire bien connues dans la filière agroalimentaire qui vivent et apportent des services complémentaires. Au cœur du système, l’Aria Sud, l’Association régionale des industries alimentaires, l’organisation représentative de la filière, créée au siècle dernier, par Marc Pouzet (présent lors de l’inauguration), présidée aujourd’hui par Martin Guinchard fondateur de Sacré Willy, créateur inventif de produits laitiers à Tallard (05).
Deuxième partenaire, le Critt agroalimentaire sud, le Centre régional d’innovation et de transfert technologique agroalimentaire, véritable pilote du projet de construction du bâtiment, présidé par Charlotte Trossat. Le Critt créé en 1989 est un lieu de services scientifiques et technologiques pour la filière, un lieu d’expérimentation, de test, de validation et de contrôle. Enfin, le troisième volet est la formation avec l’Ifria Sud, l’Institut de formation régional des industries alimentaires Provence Alpes Côte d’Azur, un CFA dédié aux métiers de l’industrie alimentaire par alternance.
Avec le soutien de l’Opcalim (l’organisme paritaire collecteur agréé en charge des entreprises de l’industrie alimentaire, de la coopération agricole et de l’alimentation en détail), l’Ifria propose des formations adaptées aux besoins des entreprises dans les domaines de la production, de la qualité, de la recherche et développement, de la maintenance et du commercial…
Hébergé à Avignon, mais avec la volonté de se doter d’outils de travail performants et économes, le trio, organisé en réseau Food’in Provence-Alpes-Côte d’Azur depuis 2016, a suscité l’intérêt d’autres structures de la filière : Bio de Provence, la Fédération régionale des producteurs Bio, en lien avec l’amont agricole, l’Apecita, le spécialiste du recrutement agri-agro et Vif, pour la transition numérique à travers ses solutions digitales.
Un bâtiment soutenable
Depuis deux ans, le réseau Food’in Provence-Alpes-Côte d’Azur a choisi de s’implanter sur l’Agroparc d’Avignon dans un bâtiment de 1 000 m². L’équipe a voulu en faire un bâtiment modèle qui vise la certification de BDM (Bâtiments durables méditerranéens) la plus exigeante, « BDM Or ».
Cette haute qualité environnementale est en fait l’antithèse de ce que fut le siège d’Agroparc encore visible depuis la route nationale, un bâtiment créé par Citadis en 1987, totalement agencé en verre fumé, exposé de tous côtés au soleil en été et au mistral le plus glacial en hiver. Après avoir fait souffrir des vagues d’occupants, il est devenu une friche industrielle, une pustule taguée, symbole du mépris du climat et du territoire.
Une nouvelle façon de consommer, de se former et de construire
Le bâtiment Food’in est donc à l’inverse de cet anti-modèle. Clément Rabourdin, architecte et son Ateliers A + de Montpellier ont proposé une ligne directrice : la frugalité architecturale. Le bâtiment s’intègre aux données principales de la plaine d’Avignon : le mistral et le soleil. Le bâtiment, côté nord fait le choix d’une façade en béton bas carbone avec des fenêtres maçonnées de petite taille. Côté sud, de vastes auvents en bois, des « casquettes », protègent les vitrages du soleil. Le bâtiment est chauffé par géothermie, sans climatisation avec une ventilation naturelle et des matériaux biosourcés comme un mur en terre crue. Cette construction sobre R + 2, veut incarner une nouvelle façon de consommer, de se former et de construire, à un coût de moins de 2 100 € du m2.
« Pas de paillettes, confirme l’architecte méditerranéen, les espaces sont flexibles, le bâtiment se met à nu : pas de faux plafonds pas de cache-misère. Avec plafonds bois, réseaux apparents et cloisons vitrées en fenêtres de réemploi. »
Food’In : des espaces flexibles
« Les 1 000 m2 offrent souligne Charlotte Trossat, directrice du Critt Agroalimentaire des « espaces de vie flexibles et qui favorisent la convivialité et la collaboration ». En rez-de-chaussée les « labs ont un usage mixte. Ils représentent, détaille Xavier Vo, directeur de l’Ifria Sud « ce que vous allez retrouver dans les industries agroalimentaires, le Cook lab pour la formulation et la R & D, le Fab Lab avec une ligne de production, le Virtual Lab qui permet au travers de la réalité virtuelle de s’exercer sur d’autres machines, sur d’autres tâches sans limite, l’Open Lab pour faire preuve de créativité pour l’innovation, le Logistics Lab, pour la mise en place de la préparation de commandes et l’expédition avec un ERP, qu’on retrouve dans les entreprises et enfin, le Store Lab pour s’exercer et apprendre sur les techniques de commercialisation et de mise en avant de nos produits. »
Le budget de 2,1 millions d’euros a été doté par le Grand Avignon, la Ville d’Avignon, le Conseil régional Sud, l’Ademe. La Caisse d’épargne Cepac a accordé un crédit de 1,7 million d’euros. Food In s’inscrit dans le projet soutenu par l’État, intitulé Vitamin’A pour Vision du territoire du Grand Avignon sur les Métiers et formations Innovantes autour de la naturalité et de l’alimentation.
- Maître d’ouvrage : Food’in Provence-Alpes-Côte d’Azur
- Assistant maître d’ouvrage : Groupe Citadis Territoire Vaucluse
- Maîtrise d’œuvre : Ateliers A + (mandataire), Acoustic Technologies Midi, Calder Ingénierie, Epsilon Ge, Studio Loco
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