La transversalité. C’est le maître-mot de ce premier séminaire, qui a réuni plus de 240 participants, entreprises, élus, institutionnels, associations, étudiants et habitants. Santé, urbanisme, innovation, culture, patrimoine, économie : Aix initie un cycle de réflexions prospectives. L’objectif : devenir la ville-laboratoire de l’innovation et du changement, à l’heure du big-data et de la société 3.0. « Le but de cette démarche d’attractivité est d’élaborer une stratégie de développement concertée, associant des milieux très différents pour nous permettre de nous différencier dans la concurrence internationale et attirer ainsi les forces vives de demain », souligne Maryse Joissains.
Et pour étendre son rayonnement, s’exporter davantage à l’échelle nationale et internationale et bénéficier de flux économiques supplémentaires, Aix doit donc se différencier. « La Ville jouit d’une image très forte sur les plans touristique et culturel, elle offre un écosystème favorable à des activités diversifiées : micro-électronique, agriculture, environnement, énergie. C’est une ville attractive mais elle doit le rester et se promouvoir de façon différenciée des autres territoires », argue Karima Zerkani Raynal, adjointe chargée du marketing territorial et des relations internationales. « Nos objectifs prospectifs sont clairs : construire la ville de demain et bâtir des scénarios, anticiper les grandes évolutions des modes de vie : quel habitat demain ? quelle mobilité ? quelles traductions en matière de population et d’emploi ? », précise Pierre Mazzella, directeur général de l’Aupa.
Pourquoi établir son entreprise ici plutôt qu’ailleurs ?
La part du numérique dans cette prospective ne peut être négligée. Mais, selon François Miquet-Marty de l’Institut Viavoice, la ville intelligente n’est pas le seul critère : « L’une des aspirations décisives est la cohésion sociale, une préoccupation qui devrait être majeure pour les pouvoirs publics selon 85% des Français. Autre critère fondamental : celui du bien-être, qui inclut l’attachement à la qualité des environnements et la volonté de bien articuler vies professionnelle et personnelle. Enfin, l’ancrage territorial : identité locale, histoire, récit. »
A ses côtés sur la scène du Conservatoire, Pascale Hébel, directrice du pôle « consommation » du Credoc, aborde d’autres thématiques : « Les changements les plus profonds proviennent des jeunes générations, affirme-t-elle. Les 20/30 ans ne veulent plus prendre leur voiture pour faire leurs courses, boudent les hypermarchés au profit des commerces de proximité. Ils rejettent les grands acteurs et préfèrent manger bio et local par exemple. Ils ont besoin de services différents : de la restauration livrée à domicile. » Le boum du e-commerce est également notable : « Le risque majeur, c’est la désertification des centres-villes. Nous devrions également voir moins d’agences bancaires et moins de magasins de vêtements. »
Pascale Hébel souligne aussi la volonté, en matière de mobilité, de cette jeune génération de moins polluer. Un sujet sur lequel rebondit Yvon Roche, directeur de Citiz Provence : « La ville de demain sera certainement désengorgée, moins bruyante, moins polluée, et donc moins de voiture et plus de transport en commun. » Parti du constat qu’une voiture ne roule que 3 % du temps, il a créé une coopérative qui achète des voitures et les met en location à ses adhérents.
Et la ville de demain doit tenir compte de toutes les réalités sociales : le vieillissement de la population par exemple. « Pourquoi ne pas aménager des rampes, par exemple, suggère Serge Jacquet, vice-président de la Mutualité Française. Il faut également réfléchir à la problématique des déserts médicaux. La santé est un état complet de bien-être physique et moral et La Mutualité Française trouve sa place dans la réflexion à mener pour le mieux-être dans les villes de demain. »
Demain, des villes résilientes
L’été à Aix est très chaud. Mais plus qu’hier et moins que demain. « A cause du changement climatique, nous allons devoir rapidement réfléchir aux alternatives à la climatisation, qui émet de nombreux gaz à effet de serre et rejette de la chaleur à l’extérieur », explique Jean-Pascal Schaefer, directeur du réseau régional EnvirobatBDM, une association qui fédère plus de 1500 professionnels de la construction. Selon lui, des solutions sont à notre portée pour rendre la ville plus résiliente au changement climatique : mieux utiliser l’eau et les végétaux pour favoriser le rafraîchissement, accroître la présence d’arbres, travailler sur l’ombrage des rues, privilégier la construction d’habitats passifs et favoriser l’utilisation, à l’intérieur, de ventilateurs de plafonds. « On peut gagner 2 degrés dans une ville rien qu’en arrêtant les climatiseurs ! »
A ce sujet, Thecamp travaille en collaboration avec l’entreprise Cisco sur la mesure des îlots de chaleur, mais aussi du bruit, des flux de piétons, de la pollution, des odeurs, à l’aide de capteurs disséminés dans la ville. « Nous récoltons ces données nécessaires à la compréhension de l’écosystème citadin puis nous les traitons grâce à un système de data-visualisation », indique Benoît Bailliart, directeur du LAB de Thecamp. Cet outil pourrait ainsi offrir aux élus un nouvel indicateur de suivi pour mener leur politique urbaine : « Si un îlot de chaleur est observé à côté d’une école, créons un îlot de verdure associé et mesurons l’impact tant quantitatif, grâce aux capteurs, que qualitatif, grâce au sondage des citoyens. »
Pascal Nuti, directeur général de Solable a également livré son témoignage pour aider la collectivité à imaginer la ville de demain, à l’aide de ses produits, LaDouche, une chaudière qui permet de réduire 90% de la note énergétique, et LaVie, une bouteille qui purifie l’eau du robinet. « Même dans l’eau d’Aix, nous retrouvons des traces de chlore et de pesticides. Avec ce procédé, elle revient à son état naturel. Il faut connecter le présent et l’avenir. En Paca, nous n’avons que très peu d’industries, je milite pour que l’on crée des micro-factories, capables de proposer des pré-séries à moindre coût, visant à faciliter l’investissement en faveur de la qualité pour tous. »