Le tourisme est l’un des premiers secteurs qui a été immédiatement atteint par la crise du Covid-19. Du jour au lendemain, l’activité des hôtels a été quasiment réduite à néant. A Aix, ils sont 70 à se partager le marché. Parmi eux, de nombreux hôtels haut de gamme, qui, de part leur clientèle à majorité internationale, subit les lourdes conséquences de la situation. Fin juin, la quasi totalité de ces hôtels aura rouvert ses portes, mais comment envisagent-ils l’avenir ?
« On se trouve dans une situation complètement inconnue, on a beaucoup souffert de la crise et on est dans l’incertitude quant à la reprise de l’activité », admet Frédéric Boivent, directeur général de l’hôtel Pigonnet. L’établissement, également réputé pour son restaurant, jouit d’un d’un extérieur arboré « idéal pour respecter les distanciations sociales ». La partie restauration a rouvert pour le week-end de la fête des mères, et même si le nombre de couverts était au rendez-vous, l’affluence peine à retrouver son rythme de croisière.
« On ne veut pas dévaloriser notre produit et notre personnel »
Frédéric Boivent, Le Pigonnet
L’hôtel devait faire son grand retour le 26 juin mais, pour l’heure, le directeur déplore « une frilosité dans les réservations ». Frédéric Boivent et son équipe ne prévoient pas de proposer des offres spéciales. « Nos tarifs sont maintenus, on ne peut pas se permettre de “discounter” car on ne veut pas dévaloriser notre produit et notre personnel. Plus on monte en gamme, plus notre effectif est grand et plus nos marges sont faibles ». Avec une clientèle principalement étrangère à haut potentiel financier, Le Pigonnet, qui appartient au groupe hôtelier Esprit de France, craint de ne pas retrouver beaucoup de ces clients cet été.
Pour Michel Fraisset, le directeur de l’office de tourisme d’Aix-en-Provence, « une tendance paradoxale commence à se dégager : on s’attend à plus de réservations en septembre qu’en juillet-août dans les hôtels de la ville. Rien qu’en juin le taux d’occupation est normalement de 80%, contre 30% aujourd’hui. Sachant que les établissements commencent à couvrir leurs frais à partir de 40%, la période estivale risque d’être complexe ».
Hôtel Renaissance : entre dispositif sanitaire et nouvelle expérience client
Pour l’hôtel Renaissance (groupe Marriott) qui attire aussi une clientèle principalement étrangère (60%), il a fallu repenser « l’expérience client », comme le souligne sa gérante Françoise Bézault. L’établissement haut de gamme au coeur du quartier du Forum Culturel a rouvert ses portes le 8 juin afin d’être visible et « d’envoyer un vrai signal fort aux clients, de leur prouver qu’ils peuvent avoir confiance, qu’on est opérationnel, et puis ça a permis à nos collaborateurs de retrouver leur lieu de travail, d’être rassurés », indique-t-elle.
L’hôtel se concentre désormais sur deux grand axes : les mesures sanitaires, l’accompagnement des employés et l’accueil de tout le monde dans les meilleures conditions d’abord ; puis l’expérience client. « On a décidé de créer des moments de bien-être, on a, par exemple, fermé la partie intérieure du restaurant pour que les clients se retrouvent dans un bel espace, dehors, dans nos jardins. Dans un endroit confiné, l’espace est restreint de part la distanciation sociale, et nous souhaitons faire de cette période anxiogène un souvenir passé. On se réorganise pour refaire de l’hôtel un endroit privilégié et se sentir bien », commente la gérante, plutôt optimiste pour la suite.
« On retrouve petit à petit des réservations pour des séminaires et des réunions, on commence aussi à avoir des réservations pour septembre », même si elle avoue une probable perte de 40% du chiffre d’affaires sur l’année, et un effectif actuellement très réduit, 20 employés, contre 84 initialement. « Malheureusement, le chômage partiel est pour le moment prolongé ».
9 français sur 10 ont décidé de partir en vacances en France cette année, et seulement 15% de ceux-là consomment de l’hôtellerie.
Gwenael Le Houerou, président du Club des hôteliers d’Aix-en-Provence
Gwenael Le Houerou, président du Club des hôteliers, de 40 hôtels sur les 70 aixois, admet une légère reprise depuis quelques semaines, mais ne s’attend pas à plus de 40% du taux d’occupation cet été. « 9 français sur 10 ont décidé de partir en vacances en France cette année, et seulement 15% de ceux-là consomment de l’hôtellerie. Ce constat, ajouté à une clientèle étrangère frileuse, ne laisse pas présager de reprise d’activités conséquente cet été », déplore le professionnel des réseaux hôteliers. Pour lui, les difficultés restent à venir, avec 95% des charges reportées, sans visibilité sur l’avenir, « l’activité ne reviendra peut-être à la normale qu’en 2022 ». Mais en attendant, tout est mis en place pour faire briller Aix-en Provence et redonner goût au tourisme. « De nombreuses initiatives, comme Aix en Confiance, ont été créées pour que le secteur redevienne de plus en plus attractif ».
Lien utile :
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