L’UCC Grand Sud, syndicat professionnel de conseils en communication, et l’association des agences de design de stand (Leads) lancent le mouvement « La com’ se manifeste ». Avec un but simple : améliorer la relation entre agences et annonceurs, déjà fragile, qui risque de se dégrader davantage avec la crise liée au Covid-19.
« Ce n’est pas un coup de gueule mais un appel à la raison ». Tel est le message d’alerte lancé par Julien Roset, président de l’UCC Grand Sud et directeur de l’agence Just Happiness (Montpellier). Ou plutôt réitéré. Car, depuis plusieurs années déjà, l’association professionnelle qui fédère 65 agences implantées en Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur, avertit sur les « mauvaises pratiques » qui détériorent les relations entre agences et annonceurs. Briefs pas aboutis, délais de plus en plus courts, coûts sans cesse négociés et, surtout, compétitions non rémunérées. Mais pas que. « Ce ne sont pas des sujets nouveaux, mais il est devenu urgent aujourd’hui de changer les choses si l’on veut passer cette crise », souligne-t-il. D’autant plus que, comme l’a confié la secrétaire générale du syndicat, Murielle Piniac (Ma Boîte de Com’) à Gomet’, la reprise pourrait être synonyme de « risques de dépôts de bilan » pour nombres d’entreprises de communication du territoire.
Agences de communication : tout travail mérite salaire
Différents acteurs du secteur se sont réunis en visio-conférence ce mardi 12 mai pour dénoncer une pratique devenue la norme dans leur métier : répondre à des appels d’offres, publics comme privés, sans être rémunéré. « Chaque compétition à laquelle une agence répond lui coûte entre 5 000€ à 10 000€. On estime que le coût de ces compétitions représente 1 milliard d’euros en France chaque année, supporté par les agences et en quelque sorte jeté à la poubelle. Ce n’est pas normal que ce travail ne soit pas rémunéré », appuie Julien Roset.
Si jusque-là les agences acceptaient de participer à ces compétitions, et donc d’engager des frais sans garantie d’obtenir le contrat derrière, ce risque pourrait bien les mettre en danger dans les prochains mois. Crise du coronavirus oblige, beaucoup ont ralenti voire arrêté leur activité depuis deux mois, fragilisant leur trésorerie. « Si une agence perd deux ou trois compétitions d’affilée à la reprise, elle ne pourra plus se relever », ajoute le président de l’UCC Grand Sud. Et son vice-président, Pierre Niergue (Wonderful), d’appuyer : « On a peur que cette crise nous fasse entrer dans une véritable guerre, que les agences qui ont besoin de reprendre de l’activité pour tenter qu’équilibrer leur exercice se trouvent confrontées à des choix inacceptables. D’où cette unité pour combattre ce qui pourrait finir par tuer certains d’entre nous ».
Les professionnels sont clairs : tout travail mérite salaire. Ils veulent être rémunérés pour le travail avancé, ce qui serait bénéfique pour tout le monde à leurs yeux. « Les agences seront plus motivées et les annonceurs auront moins de travail à traiter. Les relations seraient plus structurées et raisonnées », met en avant Julien Roset, pour qui, actuellement, la situation relève plus « d’un abus de position dominante que d’échanges vertueux ».
Une proposition de loi dans les cartons
L’UCC Grand Sud et l’association Leads viennent donc de publier un manifeste pour dénoncer ces mauvaises pratiques et faire émerger des solutions sous le nom « La com se manifeste ». Chaque acteur, agences de communication comme annonceurs, est appelé à le signer pour témoigner de son accord. Il recense pour le moment plus de 200 signatures.
Le manifeste s’accompagne également d’une boîte à idées. « Cela va nous permettre de faire une proposition de loi au gouvernement pour encadrer notre métier. On est confrontés à une dérégulation du marché car on n’est pas chapeautés par un ordre comme c’est le cas dans certaines professions. On ne pourra retrouver une situation acceptable qu’avec un cadre législatif et pas seulement une nouvelle charte ou de la pédagogie », considère Julien Roset. Parmi les propositions déjà formulées : limiter le nombre de participants aux consultations privées, connaître les participants d’une consultation, céder les droits de ses créations pour seulement un an… La première pierre d’un mouvement que les professionnels de la communication espèrent voir grossir le plus rapidement possible.
Liens utiles :
> Murielle Piniac (UCC Grand Sud) : « Il y a des risques de dépôts de bilan »
> L’UCC Grand Sud lance sa charte de bonnes pratiques RSE
> Retrouvez l’actualité de la communication et des médias dans notre rubrique Com’ et médias