Tout comme à Marseille avec le Printemps marseillais, la gauche aixoise a opéré un rassemblement inédit en vue des élections municipales de mars 2020. Dans cette ville gouvernée depuis 18 ans par la maire LR Maryse Joissains, le PCF, LFI et le PS ont réussi le tour de force de s’unir sous la bannière « Aix en Partage », qui intègre également différents collectifs citoyens de gauche. D’ailleurs, c’est une personnalité issue de la société civile qui a été choisie comme tête de liste. Il s’agit de Marc Pena, professeur d’université et doyen honoraire de la Faculté de droit et de sciences politiques d’Aix-Marseille, qui s’est fixé le défi de déloger la droite de la Mairie. Entretien.
Pensez-vous que la gauche soit réellement en capacité de reconquérir la ville d’Aix-en-Provence ?
Marc Pena : Même si l’on nous dit qu’Aix est une ville conservatrice, le rassemblement à gauche redonne espoir, parce que cela faisait très longtemps que la gauche n’était pas unie dès le premier tour à Aix. Cela porte les militants au-delà de leurs différences à gauche, ils retrouvent une perspective politique. Il y avait cette idée que la gauche était, après le passage au pouvoir de François Hollande, en très grande difficulté de projet, d’organisation, d’identité. Cela reste vrai sur un plan global et national, mais je pense que, dans le contexte actuel des luttes sociales face aux projets de M. Macron et plus largement en Europe où l’on voit la gauche se reconstituer pour gouverner en Espagne ou en Italie, il y a petit un regain progressif de la gauche. A l’échelon municipal, il est donc possible d’avoir un rassemblement de toutes les gauches efficace dès maintenant.
Pensez-vous bénéficier d’un contexte favorable à la candidature que vous incarnez ?
Marc Pena : Il y a un contexte municipal particulier. Voilà 19 ans que Maryse Joissains gouverne la ville, c’est un long règne comme elle le dit d’ailleurs elle-même, avec de grandes difficultés judiciaires. Elle attend une échéance qui hypothèque une partie de sa campagne et de l’élection municipale. C’est un contexte qui selon moi l’affaiblit. Certes elle a encore des positions fortes dans la ville, mais il y a de plus en plus de lassitude et même de rejet. Je représente donc une liste nouvelle, avec un candidat nouveau, car je suis issu de la société civile, et avec moi la moitié de la liste qui n’est pas encartée. Ce n’est pas du tout la gauche d’autrefois. Je suis donc totalement nouveau en politique, même si j’ai prouvé dans d’autres domaines ma capacité à gérer des institutions comme l’Université [Aix-Marseille]. Je suis en capacité de gérer une ville, et d’incarner ce renouvellement de la classe politique. Cela ne vaut pas que pour Maryse Joissains d’ailleurs. Par exemple Jean-Marc Perrin ou Stéphane Salord sont également là depuis longtemps.
En quoi votre liste se distingue-t-elle de toutes celles qui entendent incarner le renouvellement à Aix ?
Marc Pena : Quand vous regardez l’ensemble des listes, je trouve qu’il y a pour les citoyens aixois beaucoup de confusion, c’est assez illisible, avec deux listes à droite conduites par Maryse Joissains et Jean-Marc Perrin, deux listes au centre-droit macronistes avec M. Laqhila et Mme Petel, deux listes qui porteraient les couleurs de l’écologie, cela fait une très grande dispersion dans laquelle les gens ne se reconnaissent pas et ne se retrouvent pas. Le mérite de notre liste est d’être positionnée clairement. Une liste de progrès, une liste républicaine, ancrée sur des valeurs de gauche, avec le soutien des formations de gauche, mais tournée vers les citoyens. Voilà ce que nous représentons, et c’est pour cela que la campagne selon moi se passe bien, même s’il reste encore beaucoup de travail.