N’existe-t-il pas au sein d’Aix en Partage – comme cela peut être le cas au sein du Printemps marseillais – des dissensions parmi les différentes forces de gauche ?
Marc Pena : Je ne crois pas à la théorie des gauches irréconciliables. On a des gauches plurielles, différentes, mais qui peuvent – en tout cas sur un projet municipal, se mettre d’accord. Car qu’est-ce qui fait que l’harmonie règne ? Nous avons commencé, avant d’avoir des candidats et une tête de liste, par le projet. Nous sommes allés vers les gens, on s’est organisé en ateliers, puis il y a des discussions avec les citoyens, ils ont émis des propositions, on les a ensuite formulées en termes politiques. Et toutes les formations qui sont venues dans Aix en Partage sont venues pour le projet.
Tous ensemble on a réalisé un projet sur lequel on a un accord politique profond.
Marc Pena
Ce sont elles qui, ensemble, ont désignées la tête de liste et l’ensemble de la liste. Voilà le processus qui fait que à Aix, on est bien calés. Il est vrai qu’à Marseille, au sein du Printemps marseillais, il y a des dissensions, il y a une part de LFI qui est dedans, une autre part qui est dehors, nous nous n’avons pas cela à Aix. Tous ensemble on a réalisé un projet sur lequel on a un accord politique profond.
N’avez-vous tout de même pas un regret de n’avoir pas pu vous entendre avec d’autres candidats – notamment écologistes ?
Marc Pena: Je n’ai pas de regrets par rapport aux personnes. Le regret c’est qu’au début, dans le processus d’Aix en Partage, à un moment où d’ailleurs je n’y étais pas encore véritablement engagé, il y avait EELV, et donc la possibilité d’avoir une union encore plus large de la gauche aux écologistes. Il n’en a pas été ainsi. On peut supposer qu’après ses bons résultats aux élections européennes, EELV a pu penser pouvoir structurer une alternative de l’écologie politique. A partir de ce moment-là, ils se sont détachés d’Aix en Partage. Ce qui est beaucoup moins compréhensible, c’est l’étape suivante, c’est-à-dire d’aller choisir un candidat qui est le député suppléant de Mme Petel [ndlr : Dominique Sassoon], elle-même candidate LREM. Il avait été candidat cet été à l’investiture LREM, et c’est après qu’il ait été recalé que petit à petit, il a fini par se rapprocher d’EELV jusqu’à, en un rien de temps, devenir un candidat écologiste. Ce n’est pas crédible…
Vous dites que Dominique Sassoon n’est pas écologiste ?
Marc Pena : D’abord, on ne se proclame pas écologiste. Il vient de publier sa liste, je crois qu’il n’y a que trois écologistes sur 55. Ce n’est pas une liste écologiste… Il a le logo, il a le label, il a la marque. Et c’est ça qui selon moi est assez scandaleux pour l’électeur écologiste, car il ne peut plus s’y retrouver. Il y a finalement trois candidats macronistes, entre Anne-Laurence Petel, Mohamed Laqhila et Dominique Sassoon. M.Salord est pareil, il a essayé de construire une liste avec EELV, il n’y est pas arrivé, il a choisi un autre logo en y allant seul. Stéphane Salord n’est pas sans qualités, mais l’on ne peut pas penser qu’il incarne un renouvellement politique majeur. Il a maintenant des engagements écologistes, mais il était il y a quelques temps plus proche du centre-droit et de Maryse Joissains qu’autre chose.
N’avez-vous pas peur que cet embouteillage de candidatures au centre divise les électeurs face à la droite ?
Marc Pena : Au contraire, je m’en réjouis. J’ai envie que les électeurs de centre-droit se répartissent tranquillement entre les trois candidats, comme ça chacun aura un pourcentage relatif. Cela nous sert, de plus la droite est elle-même divisée. En effet, M.Perrin n’est pas un candidat à négliger pour Maryse Joissains, pas moins que le Front national [ndlr : renommé Rassemblement national depuis 2018]. Nous, nous ne sommes pas dans la dispersion. Moi je dénonce la confusion, je ne l’utilise pas, mais il se trouve que cette dispersion est là, et que nous, nous sommes rassemblés, alors j’espère que cela va se retrouver dans les urnes.
La démarche de renouvellement prônée par Jean-Marc Perrin n’est-elle pas crédible pour vous ?
M.P : Pas un seul instant. Il a co-géré cette ville, il était un élu important de la Ville, maire de la Duranne. Il a porté cette politique que je dénonce, il en est aussi responsable. On ne peut pas dire six mois avant que l’on est pas d’accord – plus sur la forme dit-il d’ailleurs que sur le fond. Donc s’il est d’accord sur le fond nous allons débattre, car moi je ne suis pas d’accord sur le fond. Il a sans doute compris sur la forme que la gouvernance de Mme Joissains avait des limites, il essaie de trouver un espace, mais il ne peut pas se présenter comme l’homme du renouveau. On peut même se demander si ce n’est pas une manière pour la droite de ratisser plus large.