L’usine marseillaise de Saint-Louis-Sucre va perdre la quasi-totalité de ses effectifs. Le groupe allemand Südzucker, propriétaire de l’entreprise depuis 2001, va réduire les équipes du site à cinq salariés sur un total de 58 personnes actuellement. La sentence est tombée jeudi 14 février 2019 à l’occasion du comité central d’entreprise à Paris. Südzucker a annoncé un vaste plan de réorganisation de ses activités françaises avec la fermeture de deux de ses usines en Normandie et en Picardie et une réduction au minimum des effectifs marseillais. « Ce projet répond à la nécessité de s’adapter à la nouvelle donne du marché du sucre : libéralisation du marché européen depuis octobre 2017 avec la suppression des quotas, surproduction à l’échelle mondiale et chute des prix sans précédent sur les marchés mondiaux et européens », se justifie Saint-Louis Sucre dans un communiqué.
L’indignation des syndicats et de la gauche locale
Installée dans le quartier du même nom depuis le 19e siècle, l’usine Saint-Louis Sucre de Marseille avait déjà arrêté son activité de raffinerie en 2015. Quatre ans plus tard, c’est la fin du conditionnement qui est annoncé. Seul l’atelier sucre liquide doit être maintenu avec une équipe réduite à cinq salariés.
Chez les syndicats, la décision passe mal : « Les salariés ne doivent pas faire les frais des stratégies des groupes, spéculatives et entièrement tournées vers le profit à court terme », dénonce la CGT. Indignation également de la gauche locale. « De qui se moque-t-on ? Le groupe Südzucker ne peut faire payer ses erreurs stratégiques aux salariés […] Il existe une solution : la nationalisation de l’usine et de la filière sucre », réclame Jérémy Bacchi, le secrétaire départemental du parti communiste français. La sénatrice socialiste et ancien maire des 15e et 16e arrondissement de Marseille, Samia Ghali, dénonce de son côté « un scandale social et environnemental […] Ce sont huit millions d’euros d’argent public dans le cadre du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) qui sont venus renflouer les caisses de la société et 800 millions d’euros de dividendes qui ont été versés aux actionnaires entre 2008 et 2015, sans bénéfices ni pour l’emploi, ni pour la compétitivité », s’insurge l’élue. Elle annonce qu’elle rencontrera mardi 19 février au matin le ministère du travail pour « défendre une autre vision du développement économique et de l’emploi à Marseille ».
Une perte d’exploitation de 23 millions d’euros au troisième trimestre 2018
Début janvier, Südzucker a publié des résultats en berne sur son troisième trimestre 2018 avec une perte d’exploitation de 23 millions d’euros. Le groupe allemand avait fait un bénéfice de 103 millions d’euros en 2017 sur la même période. Pour l’exercice 2019, il prévoit un chiffre d’affaires annuel entre 6,6 et 6,9 milliards d’euros, contre 7 milliards sur l’exercice précédent. Il table également sur une chute du bénéfice opérationnel qui pourrait passait de 445 millions d’euros à 25 millions d’euros.
Lien utile :
> Projet contre projet, les syndicats de Saint-Louis Sucre présentent une alternative à la fin de la raffinerie