Pendant trois jours, les professionnels de la musique venus de tout le globe se retrouvent à Marseille pour la 13e édition de Babel Med Music. Un événement ouvert le soir au public féru d’une programmation toujours aussi variée et de qualité à découvrir sans hésitation.
« Avec toujours la même envie de musique » sont les mots des organisateurs, lors de la présentation à la presse de la nouvelle édition, et qui résument l’esprit de Babel Med Music. La filière professionnelle connait ce rendez-vous devenu incontournable désormais pour les musiques du monde, et s’y précipite car il y a toujours de nouveaux venus de tous les continents. Et cette année, les opérateurs européens du jazz ont été officiellement invités.
Le J1 pour écrin des rencontres professionnelles
L’une des nouveautés du Babel Med Music, hormis sa programmation, est la sortie de ses murs historiques. En effet, les 150 stands ont pris place depuis ce jeudi matin à l’étage du J1. Pour Florence Chastanier, déléguée générale de Babel Med Music : « L’environnement d’un marché est important. Il faut être inspiré et il nous revient souvent qu’ici nous avons une façon très particulière de recevoir ». Pour en mettre plein les yeux aux 2 000 professionnels attendus – tourneurs, programmateurs, diffuseurs, institutions… -, on ne pouvait pas trouver mieux.
Un marché, ce sont des contrats avant tout qui se signent. « Nous défendons la diversité et la collaboration, poursuit Florence Chastanier. Nous avons créé un collectif des marchés pour faciliter la circulation des artistes pas seulement sur l’Europe mais également sur les territoires lointains. » Babel Made Music accueille, par exemple, des speed-meetings et speed-listening avec des sessions d’écoute pour partir la découverte des terres musicalement fertiles comme la Bretagne, la Catalogne, ou les possibilités d’export au Royaume-Uni, en Allemagne ou en Pologne. Plus près de nous, sur la scène du forum, sept showcases présenteront les artistes régionaux aux couleurs du monde.
Un marché, c’est aussi le temps de “se poser” et de mener des réflexions. Vingt conférences et tables rondes sont programmées cette année sur tous les thèmes sensibles comme le marketing de la musique à l’heure du numérique, la transmission des musiques traditionnelles, la sauvegarde de la diversité culturelle et musicale. D’autres sujets, en lien direct avec l’actualité, sont également abordés comme la mobilisation des musiques actuelles de la région PACA face à l’urgence humanitaire avec SOS Méditerranée, car les artistes ne sont pas épargnés dans les zones de conflit et sont plus facilement menacés de par leur statut. Ou encore se demander comment aborder le marché nord-américain “in the Trump era”…
Autre nouveauté, la collaboration avec le festival Jazz des 5 continents. « On n’a pas attendu 2017 pour faire entendre du jazz à Babel Med Music. On ne compte pas devenir un festival de plus mais bien un marché du jazz car un tel rendez-vous professionnel manque » précisent les directeurs artistiques de Babel Med Music, Bernard Aubert et Samy Sadak.
Et 30 concerts, toujours au Dock des Suds
Pour le public, Babel Med Music est synonyme de concerts et de découvertes. Cette édition ne dérogera pas à la règle et on apprend que les organisateurs ont reçu pas moins de 1 700 propositions de concert venues de 44 pays. Le comité de sélection a retenu au final 30 groupes de 22 pays, ce qui représentera 210 musiciens et 27 heures de musique sur trois nuits.
A Filetta, le groupe phare des polyphonies corses, fêtera ses 40 ans de carrière vendredi 17 mars. On notera également des présences exceptionnelles comme celle d’Alsarah, la nouvelle reine de la pop nubienne, exilée depuis à Brooklyn (jeudi 16), de Betty Bonifassi qui donne sa voix aux chants d’esclaves (samedi 18) ou encore, le même soir, de Black String pour nous faire découvrir le néo-folk coréen. Le Cap-Vert retrouve une ambassadrice de charme avec Lura, la Galice, elle, en propose quatre avec le groupe féminin Ialma. À apprécier aussi dans toute sa sensibilité, venu de la lointaine terre de Nouvelle-Calédonie, le slamer Paul Wamo Taneisi (jeudi 16), entre chants magiques et création contemporaine, rythmes kanaka, rock tribal et folk mélanésien. Rachi Taha, que l’on ne présente plus, sera là également (vendredi 17), lui qui œuvre pour les musiques du monde fait également partie des nominés des prix Babel remis lors de la cérémonie d’ouverture, ce jeudi à 17h.
Les plus jeunes et les adolescents retrouveront également leur temps fort avec Babel Minots. En parallèle des rencontres, des spectacles dédiés au jeune public, sont ouverts à tous, sur réservation, notamment au Nomad Café. Et si on ne doit retenir qu’un moment, ce sera au Doc avec la création La Cité des minots, présentée à tous le samedi 18 mars à 11h. Trois écoles primaires et une centaine d’élèves nous convient autour de sept chants sur le thème de la mer du répertoire de la compagnie Rassegna.
Mais un avenir en demi-teinte
Même si Florence Chastanier salue l’implication des collectivités « parce qu’ici nous accueillons et nous payons tous les artistes avec le même cachet », pour Bernard Aubert « la période est compliquée. Après la crise du CD, on voit désormais les grands groupes financiers investirent dans les salles de spectacles : le Silo, la Nouvelle Arena à Aix mais les trois-quart des festivals et des salles belges sont tenus aussi par des grands groupes. Ça veut dire 85 euros la place de concert, un risque d’écouter tous la même chose et une certaine façon de travailler la musique qui est en train de disparaître. L’enjeu est là ! Pour le monde de la musique, pour Babel Med Music. Et nous devons arriver à en débattre ». Et de conclure : « Une fois encore agissons pour que la diversité passe par la musique. »
PRATIQUE
> Babel Med Music public
> Programmation complète et détaillée sur www.doc-des-suds.org
> jeudi 17 mars à 19h30, vendredi 18 et samedi 19 à 19h au Dock des suds, 12 rue Urbain V – Marseille 2e> Babel Minots
> Nomad Café, 11 bd de Briançon – Marseille 3e
> La Cité des minots, samedi 19 mars à 11h, au Dock des suds