Le Printemps Marseillais annonçait un conseil municipal de Marseille plus consensuel pour la rentrée. L’injonction d’Emmanuel Macron, lors de sa visite, à trouver un terrain d’entente entre les collectivités, devait calmer les oppositions entre gauche et droite. Si le début des échanges est effectivement cordial dans l’hémicycle de Bargemon, la trêve aura fait long feu.
« Ce conseil municipal s’ouvre dans un contexte particulier à quelques semaines de la venue du Président de la République », commence le maire Benoît Payan. « Nous avons la chance de faire enfin réussir ensemble notre merveilleux territoire », poursuit-il. Ce constat est partagé par le maire des 9e et 10e arrondissements, Lionel Royer-Perreaut (LR) : « Les annonces du Président marquent un tournant et nous obligent à l’unité républicaine », avance-t-il. Un discours d’apaisement qui ne l’empêchera, ni lui, ni son groupe, de critiquer les décisions de la majorité municipale présentées ce jour, notamment sur l’immobilier.
Une charte de la construction accusée de bloquer le marché immobilier
Parmi les 170 rapports soumis à l’assemblée municipale, beaucoup d’attributions de subventions, quelques délibérations sur l’éducation mais un sujet a particulièrement animé les débats : le bâtiment.
L’adjointe à l’urbanisme, Mathilde Chaboche, ouvre le bal avec la présentation de sa charte de la construction durable. Un document co-écrit avec les professionnels de l’immobilier pour fixer un code de bonne conduite en matière de construction. « La perspective est simple : construire plus mais construire mieux », résume l’élue. La charte édicte dix engagements comme le développement de la mixité sociale, le respect de l’environnement naturel comme architectural ou encore la qualité de vie des espaces communs.
Une démarche partenariale qui ne convainc pas l’opposition et Lionel Royer-Perreaut en premier lieu : « Vous ne cessez d’imposer de nouvelles règles contraignantes aux opérateurs et cela risque de provoquer la gentrification du centre-ville que vous redoutez tant », alerte-t-il.
Celui qui est également vice-président au logement de Marseille Provence et président de 13 Habitat dénonce « l’augmentation des coûts engendrée par ces exigences. Vous ne pourrez pas construire les logements sociaux que vous projetez si vous continuez à rajouter des obstacles ». Mais il s’inquiète surtout pour les habitants de son secteur et met sur le dos de la majorité la hausse des prix de l’immobilier : « Les Marseillais ne peuvent plus se loger dans nos quartiers et fuient vers les villes périphériques », assure-t-il.
Cet effet pervers, Laurent Lhardit, l’adjoint à l’économie, ne veut pas y croire. Il affirme que « les promoteurs ont compris ce qu’on veut, ils savent construire la ville sur la ville tout en gagnant de l’argent y compris sur les logements sociaux ». Mathilde Chaboche lui emboîte le pas dans la riposte et affirme « au contraire, cette charte clarifie les choses et évite les refus de permis de construire qui coûtent cher aux opérateurs. C’est une simplification qui permet à tout le monde de mieux travailler ».
Parce que @Marseille mérite de la beauté et de la dignité, il ne sera plus possible d’y construire n’importe comment avec l’adoption de la Charte de la construction durable.
— MadMars ☀️ (@MadMars13) October 1, 2021
Élaborée par @M_Chaboche avec les professionnels et la société civile, elle dessine la ville de demain ! pic.twitter.com/C1coBO7ROl
Le PLUI dénoncé par la mairie au menu du prochain conseil métropolitain
Le rapport suivant enchaîne logiquement sur un sujet chaud qui sera débattu la semaine suivante à la Métropole : le plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI). « Nous sommes très inquiets des retours de la Métropole sur nos demandes d’évolution du document », explique Mathilde Chaboche. La Ville a formulé 80 demandes de modification du PLUI sur la sanctuarisation des terres agricoles, la semi-piétonisation autour des écoles ou encore sur les seuils de logements sociaux. Sur ce dernier point, la règle proposée par le texte original prévoit une obligation sociale pour les programmes à partir de 80 logements. La mairie de Marseille veut réduire ce seuil à 30. « Hors, on nous répond que cela est possible uniquement sur les zones bien desservies en transport. Malheureusement, cela ne concerne que 12% du territoire de la ville vu l’étendue du réseau », observe l’adjointe.
Mais l’opposition à la tête de la Métropole présidée par Martine Vassal « attend toujours les réponses de la ville sur nos propositions envoyées au maire de Marseille fin juillet concernant ce seuil des logements sociaux » souligne Laure-Agnès Caradec, l’ancienne adjointe à l’urbanisme. Le PLUI doit être examiné jeudi 7 octobre par le conseil métropolitain et les échanges entre la ville et l’EPCI semblent loin d’être terminés. Le maire Benoît Payan regrette encore une fois cette relation compliquée entre Marseille et la Métropole : « Il est toujours plus compliqué pour Marseille que les autres communes du territoire d’être entendue à la Métropole. Ce sont ces blocages que le président de la République a qualifié de chicayas », rappelle-t-il. L’opposition partisane entre la ville-centre et la Métropole se rappelle au cœur des débats. Emmanuel Macron revient le 15 octobre pour faire un point sur l’évolution des travaux et en finir, espérons-le, avec ces blocages.
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