Après avoir tenu durant trois ans, chaque dimanche, son bloc notes d’actualités intitulé “Soit dit en passant”, le journaliste Hervé Nedelec revient dans les colonnes de Gomet’. Il nous fait part cette fois de son humeur de la semaine à travers un éditorial. Merci à lui pour sa contribution fidèle et son regard toujours aussi affuté sur l’actualité locale. Bonne lecture à tous et bon dimanche !
On vient de fêter la Saint Michel. L’archange est connu dans la mythologie abrahamique pour avoir terrassé le malin. Michèle Rubirola, qui porte ce prénom guerrier, s’est-elle pour autant identifiée à ce combattant céleste, après avoir mis fin à deux décennies de gaudinisme absolu ? La médecin écologiste est sans doute trop avisée pour céder au manichéisme qui a, un temps, mobilisé son camp. Et comme elle a décrypté avec soin les chiffres qui lui ont permis de terrasser une droite fatiguée par ses divisions et usée par ses scandales, elle sait que la victoire de mars 2011, reste une divine surprise d’une extrême fragilité. Un seul chiffre vaut alerte : 35% de votants en juin sur la ville et des quartiers, réputés déshérités, où l’abstention a atteint parfois les 90%.
Jusqu’en 2026 une traversée tumultueuse où les récifs seront pléthores : régionales, cantonales, présidentielle…
La « bonne maire » de Marseille, comme l’a titré Libé, doit compter d’abord ses divisions, comme s’en amusait Staline à propos du Vatican, pour affronter jusqu’en 2026 une traversée tumultueuse où les récifs seront pléthores : régionales, cantonales, présidentielle… liste non exhaustive. Les toutes fraiches (l’adjectif est osé) sénatoriales ont démontré que, dans les Bouches-du-Rhône, le pire est toujours sûr. Certes, la droite a encore perdu du terrain en ne retrouvant le chemin du palais du Luxembourg que pour trois d’entre elle, alors qu’elle en comptait cinq dans la précédente mandature. Certes encore Michèle Rubirola peut se féliciter de voir s’éloigner pour le Sénat Valérie Boyer – la Nadine Morano du Sud – qui devra s’accoutumer aux mœurs policées de la rue Vaugirard, en réglant le son de son porte-voix. Certes toujours, l’union de la gauche a une fois de plus fonctionné en plaçant un tiercé gagnant – un communiste, un socialiste et un écologiste – dans la dernière ligne droite. Mais il n’a pas pu lui échapper le retour surprise et révélateur de l’état de la sphère politique locale, de deux sortants sulfureux ; Jean-Noël Guérini (sans étiquette) et Stéphane Ravier (Rassemblement National). Qu’est-ce à dire ? Qu’il y a toujours quelque chose de pourri dans ce royaume du Sud où les petites manœuvres valent autant que les généreux desseins.
L’élue de Marseille sait par ailleurs pour en avoir épluché, le recul aidant, les données chiffrées, que la victoire du Printemps ne signifie pas forcément des moissons à venir. Jacques Chirac disait martialement que les « emmerdes ça vole toujours en escadrille ». Mme la maire, comme le précise désormais les cartes de visite municipales, a déjà eu son lot : incivilités, pollution et bien évidemment en ces temps de pandémie, clusters et autres conséquences du Coronavirus. Il n’est pas certain que sa présence avec Martine Vassal autour du très clivant professeur Didier Raoult, puis dans un trio improbable composé d’elle-même de Renaud Muselier et une fois encore de Martine Vassal, ait été un summum de subtilité manœuvrière. On n’est jamais trop prudent avec ceux qui s’empressent à vous vouloir du bien. Ce n’est pas de la main tendue dont il faut se méfier, mais de celle qui, dans le dos, tient le couteau. Péripéties dira-t-on. Voire ! Quelques bruissements se sont fait entendre après ces séquences très médiatisées dans ce qui est encore le Printemps marseillais.
Le mauvais remake du clasico PSG-OM ou plus exactement le match Paris-Marseille, a convaincu quelques ultras mais laissé perplexes beaucoup d’autres.
Le mauvais remake du clasico PSG-OM ou plus exactement le match Paris-Marseille, a convaincu quelques ultras mais laissé perplexes beaucoup d’autres. La position fragile de Michèle Rubirola a été testée là. Le boulet l’a effleuré, même s’ils furent peu dans les gazettes à souligner un certain intégrisme du médecin qui se revendique « anti-vaccins ». Il y a fort à parier que ce boomerang reviendra. Même si Mme Rubirola a reconnu cette semaine dans Le Monde « des erreurs » dans la gestion de la crise sanitaire, ce qui la démarque opportunément d’une droite marseillaise « populiste » et outrageusement démagogique.