Sur les quais du terminal maritime pour la Corse, les fumées noires des navires ne devraient bientôt plus être qu’un mauvais souvenir. Après la Méridionale, la compagnie Corsica Linea va bientôt alimenter trois de ses bateaux à quai à l’électricité au lieu du fioul si polluant. « Si on regarde sur le long terme, on se pose même pas la question d’y aller ou non. C’est inévitable pour l’avenir », estime Pierre-Antoine Villanova, le directeur de Corsica Linea. D’autant plus qu’il bénéficie de soutiens de poids avec la Région et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Ce jeudi 13 septembre, sur le pont du Pascal Paoli, Renaud Muselier a annoncé qu’il participait à hauteur de un million d’euros au projet (250 000 euros pour le port et 750 000 euros pour Corsica Linea). « On abandonne pas aux marseillais un air vicié qui serait susceptible d’être balayé par le mistral », a-t-il lancé à l’assemblée faisant référence aux propos du maire Jean-Claude Gaudin. L’Ademe apporte de son côté 800 000 euros. Au total, cette opération coûtera 4,6 millions d’euros dont 1 million d’investissement à la charge du grand port de Marseille (GPMM).
Le Paglia Orba branché dès janvier 2019
Les travaux sur le terminal comme sur les bateaux devraient commencer très prochainement. Un premier navire, le Paglia Orba, sera équipé et opérationnel dès le mois de janvier 2019. Le Pascal Paoli et le Jean Nicoli suivront en 2020. Pour Corsica Linea, le branchement à quai n’est qu’une étape dans sa politique de lutte contre la pollution. « Nous allons sûrement adopter les scrubber pour traiter les fumées à moyen terme et nous nous intéressons à la propulsion des navires au gaz naturel liquéfié », annonce Pierre-Antoine Villanova. Très attentif aux déclarations du premier ministre, Édouard Philippe, lors du comté interministériel de la mer en novembre dernier, le patron de la compagnie maritime attend maintenant une aide substantielle de l’Etat pour financer sa transition écologique : « On ne peut pas changer toute notre flotte sans aide. Un bateau neuf, ça coûte 150 millions d’euros », rappelle-t-il.
Négociations en cours avec les ferries vers le Maghreb
Après les compagnies qui desservent la Corse, le port de Marseille aimerait maintenant convaincre les autres armateurs d’adopter le branchement électrique à quai. Des discussions ont donc été entamées avec la compagnie tunisienne de navigation et Algérie ferries : « Nous ne pouvons que les inciter. On ne peut pas décider à leur place », prévient Christine Cabau-Woehrel, la directrice du port. Mais le regroupement des terminaux pour le Maghreb au Cap Janet, prévu en 2020 pourrait faciliter les choses. Restent les paquebots de croisières, toujours plus nombreux dans la rade de Marseille et toujours plus gros. Ces mastodontes des mers sont régulièrement pointés du doigt pour leur pollution de l’air à quai et ils semblent trop gourmands en énergie pour imaginer, pour l’heure, de les brancher à l’électricité. Le salut semble se trouver davantage vers l’utilisation de nouveaux carburants propres.
> Liens utiles :
Nos autres articles sur le Port de Marseille et l’environnement