C’est en « habitué des lieux » que Mounir Mahjoubi s’est rendu à la Friche Belle de mai, mardi 10 juillet après-midi. « J’adore cet endroit. Je fais les spectacles, les soirées… Je suis fan », confie le secrétaire d’État au numérique. Mais aujourd’hui, il ne s’agit pas de faire la fête mais de découvrir l’une des plus vieilles associations de la Friche. Née il y a vingt ans, le Zinc est « un lieu d’accueil pour le public autour de la création numérique et une résidence d’artistes », explique sa directrice, Céline Berthoumieux. Chaque année, il accueille environ 130 projets qui proposent des parcours pédagogiques pour les jeunes, de la formation à l’ingénierie numérique ou de la création culturelle. « Notre porte est ouverte à tout le monde à condition d’adhérer à l’association et de rentrer dans notre thématique », invite la directrice de l’association.
Un fablab pour apprendre en fabriquant le numérique
Il y a cinq ans, le Zinc s’associe avec une autre association, Reso-nance, pour ouvrir le premier fablab marseillais, le lieu de fabrication ouvert (LFO). Imprimante 3D, fraiseuse numérique, découpe laser… il est doté des machines dernier cri pour concevoir et donner vie aux projets imaginés par les résidents et les stagiaires. A la Friche, la musique n’est jamais loin. Le LFO est passé maître dans l’art de l’invention de nouveaux instruments comme un synthétiseur lumière ou encore un kalimba électronique. L’équipe de Reso-nance a également créé la Brutbox qui permet de faire de la musique expérimentale au travers de simples gestes. Elle est notamment utilisée avec de jeunes autistes pour leur offrir une approche intuitive de la création sonore.
Reso-nance milite pour le partage de connaissance et l’émancipation via les cultures numériques. « On essaye de faire comprendre comment fonctionnent les technologies de A à Z pour ne plus être seulement des consommateurs mais aussi des créateurs », avance Eric Dode, l’un des fondateurs de Réso-nance. L’un de ses projets phare, la « malinette », est un kit pédagogique sous licence libre pour découvrir et apprendre à construire des systèmes interactifs. Avec une petite carte électronique Arduino et un ensemble de capteurs et d’actionneurs, il permet de prototyper tous dispositifs multimédia : drones, robots, vidéos…
Régulièrement, le Zinc invite le public à participer à des ateliers de découvertes numériques. Dernièrement, il a monté le passeport Wifilles avec une dizaine de lycéennes. Pendant six mois, elles se sont penchées sur l’influence des nouvelles technologies sur la condition féminine. En quoi peuvent-elles exclure ? Sont-elles un outil d’émancipation ? Après s’être penchées sur toutes ces questions, elles ont été initiées aux outils du fablab pour réaliser un objet symbole de leurs réflexions, la Game Girl, la version féminine de la console portable des années 90.
Elles ont ainsi pu apprendre la programmation, l’impression 3D, le maniement des machines numériques… A l’issue de ce stage, un passeport de compétences leur a été délivré pour recenser les savoir-faire acquis tout au long du projet. « Un bon moyen d’inciter les filles trop peu nombreuses dans le monde du numérique à se lancer dans la filière », estime Céline Berthoumieux. Après la salle « sâle » comme est surnommé le fablab, le secrétaire d’Etat a été invité dans la salle « propre » : le Medialab. Ici pas d’outils lourds ou de machines complexes, le Medialab est un espace de ressources, de pratiques créatives. Équipé d’ordinateurs avec logiciels de montage et d’édition, d’appareils photo et vidéo, il s’adresse à tous les publics, confirmés ou novices dans la création numérique. Mounir Mahjoubi y a rencontré des adolescents se familiarisant à la création numérique et à la réalité virtuelle.
Le Zinc lance la première biennale internationale des arts et cultures numériques en novembre
Promouvoir les usages numériques dans le grand public par tous les moyens, telle est l’une des missions principales du Zinc. Pour toucher le plus grand nombre, l’association marseillaise s’est alliée à sa sœur aixoise, Seconde Nature, afin de lancer la première biennale internationale des arts et cultures numériques d’Aix Marseille Provence : Chroniques. Du 8 novembre au 16 décembre, ils proposeront des expositions, des installations dans l’espace public, des performances live et des expériences immersives sur l’ensemble du territoire dans des lieux emblématiques comme le Fonds régional d’art contemporain (Frac), thecamp ou encore le Pavillon Noir. « Nous avons invité des artistes du monde entier pour en faire un événement international », insiste Céline Berthoumieux. La directrice du Zinc mise gros sur cette biennale qui devrait rassembler 80 000 personnes. Elle a déjà obtenu un budget de 600 000 euros pour le financer, sans compter la participation des lieux partenaires, et profite de la venue du secrétaire d’État pour solliciter son soutien : « Bien sûr que ça m’intéresse. Je viendrai volontiers y faire un tour », a répondu Mounir Mahjoubi visiblement emballé par cette perspective.
Chiffres Clés :
130 projets par an
Effectif : 10 salariés
Budget : 450 000 euros par an
Date de création : 1998
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