Cette campagne des municipales ne parvient décidément pas à retrouver un peu de sérénité dans la cité phocéenne. Dans son journal de 20h du jeudi 11 juin, France 2 publie un reportage dans lequel une co-listière de Martine Vassal, la candidate LR à la mairie centrale, serait au cœur d’un système de fraude aux procurations. Les réactions sont nombreuses dans la classe politique marseillaise.
Une colistière de Martine Vassal prise sur le fait accompli
Dans son reportage d’un peu plus de trois minutes, un journaliste de France 2 affirme que « A Marseille, certains candidats investis par LR ont proposé par téléphone d’établir des procurations sans se déplacer au commissariat, au mépris du code électoral ». Selon cette même personne, qui cite des témoins, des Marseillais auraient reçu « depuis 15 jours » un SMS leur proposant de réaliser une procuration « sans se déplacer, juste par téléphone » (voir texte complet ci-dessous).
Puis le reportage fait apparaître une personne ayant reçu ledit SMS, qui accepte de se prêter au jeu, sous les caméras de France. Appelée par téléphone, la colistière LR abonde : « Je peux m’occuper de faire pour vous une procuration » dit-elle. La procédure est simple. La personne envoie par téléphone une copie recto-verso de sa carte d’identité. Elle se rend ensuite dans un local de campagne de Martine Vassal, où sa déclaration est déjà remplie. En arrivant, elle n’a plus qu’à signer.
« C’est pour faciliter les votes » explique une femme de la permanence, filmée en caméra cachée. La colistière incriminée se charge ensuite de trouver un militant LR pour porter la procuration le jour du vote, et le tour est joué. A aucun moment, la procuration n’est faite en présence d’un officier de police judiciaire, comme le code électoral l’exige pourtant. Ainsi, dès le soir même de la publication de ce reportage, Madame Vassal s’est-elle retrouvée au centre d’accusations de fraude.
« Je pense que c’est une erreur » : Martine Vassal se défend
En clôture de son reportage, France 2 interroge directement la présidente de la Métropole et du Département, au détour d’une rue. « Je pense que c’est une erreur, je vais regarder cela de beaucoup plus près » dit-elle, visiblement embarrassée. Puis, à destination de ses colistiers, elle déclare : « S’ils ne respectent pas les règles et les lois, ils ne pourraient pas rester sur mes listes ». Une ligne de défense qu’elle étoffe un peu plus dans un communiqué diffusé le 12 juin.
J’apprends que des procurations concernant le second tour des #electionsmunicipales auraient pu être réalisées en non-conformité avec les procédures en vigueur. Si ces faits sont avérés, ils sont inacceptables. Je n’admets pas que quiconque puisse enfreindre les règles. pic.twitter.com/UOnRZDICvi
— Martine Vassal 2020 (@Vassal2020) June 12, 2020
« J’apprends que des procurations concernant le second tour des élections municipalesauraient pu être réalisées en non-conformité avec les procédures en vigueur » écrit-elle, ajoutant : « Si ces faits sont avérés, ils sont inacceptables. Je n’admets pas que quiconque puisse enfreindre les règles ». « J’en tirerai le cas échéant toutes les conséquences et je demande à celles et ceux qui auraient pu y contribuer de se mettre en retrait de la campagne et de leurs mandats s’ils venaient à être élus » termine-t-elle. Pour l’heure, l’identité de la colistière incriminée n’a pas officiellement filtré.
Avalanche de réaction dans l’opposition
Alors que Martine Vassal réagissait via Twitter aux alentours de 11 heures ce 12 juin, l’opposition n’avait pas attendu pour s’emparer de l’affaire. Peu après la publication du reportage de France, Michèle Rubirola, candidate tête de liste du Printemps marseillais, déclarait via Twitter : « Je suis scandalisée par ce que nous découvrons sur France 2 et dans Marianne. Si ces agissements sont avérés, ils sont symboliques des pratiques d’un passé que je refuse ».
Je suis scandalisée par ce que nous découvrons sur @France2tv et dans @MarianneleMag. Si ces agissements sont avérés, ils sont symboliques des pratiques d’un passé que je refuse et qui fracturent la confiance des Marseillais.https://t.co/l0TGhNHdys
— Michèle Rubirola ☀🌻 (@MicheleRubirola) June 11, 2020
De l’autre côté du spectre politique, Stéphane Ravier, tête de liste RN dans le 13-14, déclare, également sur Twitter : « Fraudes aux procurations : les équipes de Martine Vassal assassinent la démocratie à Marseille ! Marseillais, le 28 juin, dégagez les voleurs ! ». Candidat DVD dissident de LR, Bruno Gilles estime quant à lui que « L’État est le garant du respect des règles et des lois de la République. Il est urgent qu’il prenne enfin ses responsabilités à Marseille » et juge dans un communiqué que « c’est au procureur de la République de se saisir de cette affaire ».
Les procurations douteuses doivent être identifiées et annulées !
L’État est le garant du respect des règles et des lois de la République. Il est urgent qu’il prenne enfin ses responsabilités à #Marseille.
Retrouvez mon communiqué de presse ⤵️ pic.twitter.com/Dr0SeJWXqB
— Bruno Gilles (@brunogilles13) June 12, 2020
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