Cette « gauche de centre-ville » est marquée par un activisme politique dont le point de gravité se trouverait à La Plaine, « place symbole des luttes et des évolutions de Marseille » observe l’étude. C’est ici que les trois arrondissements où le Printemps Marseillais a connu ses trois meilleurs scores se rejoignent ( 54,7% dans le 1er, 41,7% dans le 5e, et 35,9% dans le 6e).
Le déplacement du vote de Bruno Gilles – habituellement élu dans le 3e secteur depuis 1995 avant sa défaite face à Michèle Rubirola – vers une ceinture plus « périphérique » est en ce sens révélateur de cette nouvelle « ligne de séparation entre le Marseille dense des immeubles anciens, qui vote à gauche, et un Marseille périphérique, pavillonnaire et des immeubles plus récents, résidences ou grands ensembles, au nord et à l’est » notent les auteurs de l’étude.
Au sud, une « bourgeoisie plus économique que culturelle »
C’est aussi ce que révèlent les tendances électorales du sud de la ville. Face au succès du PM dans les quartiers comme Vauban (6e), Endoume et Bompard (7e), ou la Pointe-Rouge (8e), fief historique de la droite de Jean-Claude Gaudin, il existe toujours au sud une « bourgeoisie plus économique que culturelle » votant à droite. Un électorat similaire à celui de l’est, caractérisé par une vie « plus périurbaine » où le succès du Printemps Marseillais est moins évocateur.
Egalement en périphérie, le PM n’a pas réussi à rallier les « quartiers populaires du Nord », à « l’urbanisme de grands ensembles ». Peu mobilisés lors des élections, les auteurs soulèvent qu’ils étaient « relativement absents du casting géopolitique du PM ». Une observation que l’étude illustre notamment par le retrait de la liste du mouvement dans le 13e et 14e et qui est toutefois nuancée par le succès du Printemps à l’Estaque (16e) cité à plusieurs reprises.
« Une ligne de séparation assez nette se forme entre le Marseille dense des immeubles anciens, qui vote à gauche, et un Marseille périphérique, pavillonnaire et aux immeubles plus récents, résidences ou grands ensembles »
Jean-Laurent Cassely, Sylvain Manternach
Ce nouvel affrontement entre deux styles de vie et le développement d’un nouvel électorat a donc fortement contribué à la victoire du Printemps Marseillais qui a su capter une partie de cette « demande composite » en désignant des candidats en phase avec le « micro-climat local ». Une « aspiration au changement » sur laquelle revient l’ancienne tête de liste du 6-8e, Olivia Fortin dans une autre note publiée par la Fondation Jean Jaurès dans laquelle elle décrypte la campagne du Printemps Marseillais. A lire demain sur Gomet’.
Liens utiles :
> Le rapport en intégralité sur le site de la Fondation Jean Jaurès.
> Toute l’actualité politique sur Gomet’
* Ces arrondissements ont connu un renouvellement de plus de 30% de leur électorat par rapport aux listes de 2014. La méthode est précisée dans la note.
** L’étude cite l’analyse du politologue Joël Gombin et précise qu’« une partie du vote Printemps marseillais est d’ailleurs sociologiquement Macron-compatible si tant est qu’on se réfère au premier Macron, celui de la victoire au centre gauche en 2017. »