Vous êtes vous déjà demandé comment vos lentilles de contact ou encore la lentille de votre drone obtenaient cet effet lisse et miroité ? Pas forcément. Le polissage est pourtant une étape essentielle pour que les surfaces optiques, quelles qu’elles soient, aient ce rendu net et lisse. A Marseille, au technopôle de Château-Gombert, dans l’Hôtel Technoptic opéré par Marseille Innovation, Nanocam Technologies propose depuis 2021 une technique permettant d’obtenir le même rendu en se passant de cette étape grâce à… des diamants. « Il ne s’agit pas des pierres que l’on retrouve sur les bijoux, bien entendu, mais de diamants industriels » précise Cinzia Meunier, co-fondatrice avec son époux Patrick Meunier, contactée par Gomet’. Plus précisément, ce sont des outils diamants qui sont utilisés pour une plus grande précision dans l’usinage des surfaces optiques.
Un système breveté à air comprimé
« Notre technique repose sur un système breveté de glissières céramiques qui fonctionnent avec de l’air comprimé, là où nos concurrents utilisent plutôt la force hydraulique », poursuit Cinzia Meunier. Une petite différence qui permet une meilleure efficacité : « Le produit n’a pas besoin d’être poli : il ressort tel qu’il est entré dans la machine. Cela évite la légère dégradation que peut causer le processus de polissage et constitue un gain de temps dans le processus global. » Bonus : le fait d’utiliser de l’air comprimé constitue une alternative plus écologique puisqu’aucune huile n’est rejetée, contrairement aux machines hydrauliques qui nécessitent 250 litres d’huile pour fonctionner…
Autre critère qui permet à Nanocam de se distinguer : comme le nom de l’entreprise l’indique, les machines qu’elle commercialise opèrent au nanomètre près, sur des surfaces de 25 millimètres de diamètre pour la première machine qui sera commercialisée. Elle présente en outre l’avantage d’être plus légère, avec un carénage en carbone plutôt qu’en fonte ou en acier. Actuellement, Nanocam développe un nouveau modèle de machine, sur 100 mm de diamètre. L’automatisation de ces machines est également en cours de développement, afin que celles-ci soient capables de fonctionner en totale autonomie, pour un gain de temps encore renforcé.
Un début de commercialisation à l’international
Cinzia et Patrick Meunier n’en sont pas à leur première expérience dans l’entrepreneuriat, ni dans le domaine de l’ophtalmologie. Ensemble, ils fondent en 2003 la société O&O mdc (medical devices consultant), qui est vendue en 2019. Une expérience qui leur permet d’identifier un manque pour les professionnels de l’optique et de mettre au point leur technologie pour Nanocam. Lors du lancement de leur activité, c’est délibérément que le couple Meunier choisit Marseille pour s’implanter, où ils bénéficient de l’appui de la pépinière Marseille Innovation et sont rejoints par trois autres associés. « Nous avons voulu apporter notre part à la réindustrialisation de la France. Nous aurions pu décider d’aller à Paris mais nous avons choisi d’investir dans l’écosystème marseillais. » Un choix qui n’empêche pas l’entreprise d’être aujourd’hui la seule dans l’Hexagone à proposer une telle technologie, ni d’occuper la 6e place au niveau mondial.
Actuellement, Nanocam est en phase de commercialisation de sa première machine, Nanocam25. Un premier modèle est déjà en service en Allemagne, pour un fabricant de lentilles intraoculaires qui pourrait accroître son parc de machines Nanocam prochainement. « Pour l’heure, notre marché se situe à 98% à l’international. Nous sommes en discussion avec sociétés indiennes, brésiliennes, italiennes … Concernant la France, nous échangeons avec des fleurons dans les domaines de l’industrie militaire spatiale, mais nous n’en sommes qu’aux balbutiements des négociations », tempère la co-fondatrice de Nanocam Technologies.
Nanocam recherche des investisseurs pour poursuivre l’aventure
Maintenant que les bases sont solidement posées, Nanocam recherche de nouveaux investisseurs. L’entreprise prépare donc une levée de fonds pour trouver entre 900 000 et un million d’euros qui permettront de poursuivre le développement commercial, la constitution d’un stock mais aussi la recherche pour l’automatisation des machines.
A côté de cela, l’entreprise ambitionne de s’agrandir en s’installant sur un nouveau site de minimum 400 m², toujours à Marseille, et en renforçant ses effectifs. Objectif : internaliser encore davantage la production, qui se fait aujourd’hui entre la France et l’Italie.
Après deux aventures entrepreneuriales, Patrick et Cinzia Meunier envisagent, une fois ces objectifs atteints, une sortie progressive de leur propre entreprise pour laisser la main à de jeunes investisseurs : « on aimerait profiter de la suite de notre vie … »
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