Le collectif anti-nuisances environnement (Cane) sonne le tocsin. Agacée par le trop plein de décibels, notamment aux abords des grands axes routiers du département, cette association membre de l’antenne locale de France nature environnement (FNE 13) réclame que le sujet soit pris « sérieusement » à bras le corps par les collectivités locales. Elle appelle de ses vœux la mise en place d’un centre d’évaluation technique de l’environnement sonore. À l’instar de deux structures déjà en activité ailleurs en France, depuis plus de 20 ans, notamment dans la métropole lyonnaise (Acoucité, 1996) et en région parisienne (BruitParif, 2004).
Dans les faits, au sein de l’aire Aix-Marseille, un outil existe déjà depuis février 2019 : l’Observatoire de l’environnement sonore. Une instance pilotée par la Métropole Aix-Marseille Provence. Mais selon Cane, ce data center plutôt discret est « loin de répondre aux attentes et aux besoins des habitants. » Seul le bilan annuel 2019/2020 a été rendu public en trois ans et demi. Et au delà du partage de données jugé défaillant, le collectif anti-nuisances pointe du doigt « une gouvernance solitaire et limitée ». Et pour cause, contrairement aux logiciels mis en place à Lyon et Paris soutenus par un collège de financeurs publics-privés, l’observatoire de l’environnement sonore Aix-Marseille est un service 100% métropolitain.
Aix-Marseille : 100 000 habitants trop exposés au bruit
La Métropole Aix-Marseille Provence dispose d’un parc de dix stations de mesure du bruit de haute précision (dont la moitié est installée à Aix-en-Provence) et d’un sonomètre mobile. Sur le territoire, près de 100 000 habitants, ainsi que 160 établissements de santé et d’éducation, sont exposés à un dépassement des valeurs réglementaires concernant le bruit des infrastructures : réseaux routiers, ferrés, aéroports et certains établissements industriels.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le bruit représente le second facteur environnemental provoquant le plus de dommages sanitaires en Europe derrière la pollution atmosphérique. D’après l’Ademe, chaque année en France, plus de 2000 décès prématurés sont causés par le bruit routier. Le coût social du bruit en France est estimé à 147,1 milliards d’euros par an. Les deux-tiers sont liés aux transports.
Rue Breteuil, Marseille (crédit : JRG Gomet’)
Aucune carte de bruit disponible en ligne
Pour Cane, cette « gouvernance solitaire » pose problème. « Outre les moyens financiers forcément limités, se pose le double problème : juge et partie dans certains endroits, incompétent dans d’autres comme les autoroutes (…) qui relèvent de l’État », remarque le collectif. Il regrette par ailleurs que les campagnes de mesures opérées se concentrent principalement sur « l’embryon municipal aixois (…) au lieu de s’appuyer sur le savoir-faire d’Atmosud ». La Métropole précise pourtant que l’observatoire local de la qualité de l’air est l’un des deux partenaires principaux du projet – l’autre étant le référent lyonnais Acoucité. Leur rôle respectif n’est pas précisé.
Très documenté, mise à jour régulièrement et facile d’accès, l’outil Atmosud semble avoir une bonne longueur d’avance sur son cadet en charge de l’environnement sonore. D’autant que les cartes de bruit des principales infrastructures du territoire, qui illustrent le niveau de décibels aux abords des équipements d’envergure, ne sont pas disponibles en ligne. Ni sur le site de l’observatoire, ni sur celui de la Métropole. Cette ressource est pourtant imposée par la réglementation européenne. D’après cette directive établie par Strasbourg, l’intercommunalité doit également livrer un plan de prévention du bruit dans l’environnement – aucune date n’est précisée cependant.
Liens utiles :
> L’actualité des transports dans notre rubrique
> FNE s’érige en défenseur de la mer avec son application mobile