Après Gênes et Barcelone, Marseille se raccorde au câble sous-marin de fibre optique 2Africa. Plus long que la circonférence de la Terre, l’équipement haut débit s’étendra en 2024 sur près de 45.000 kilomètres, avec 46 points d’atterrissement. Opérationnel dans sa première phase d’ici l’année prochaine, il desservira à terme 33 pays, avec comme principale ambition de renforcer la connectivité en Afrique. Le consortium de financeurs, composé notamment des opérateurs Meta, Orange et Vodafone, espère en effet « favoriser le transfert de données et les opportunités commerciales » des entreprises et des particuliers implantés sur le continent. Il se lance même le défi, à terme, de « décupler le potentiel économique » du berceau de l’humanité, en créant des passerelles numériques avec l’Asie et l’Europe. Près d’un tiers de la population mondiale bénéficiera de la bande passante du réseau 2Africa, dont la capacité est annoncée à 180 terabits par seconde.
En 2100, l’Afrique représentera près de 40% de la population mondiale, contre 18% aujourd’hui. Les promesses de croissance de ce continent suscitent l’intérêt des pouvoirs privés et publics du monde entier. La Région Sud, représentée lors de l’atterrage officiel, mardi 8 novembre, par la vice-présidente Isabelle Campagnola-Savon, voit le développement économique de l’Afrique comme une « manne inespérée ».
Marseille vise toujours le top 5 des hubs numériques
Depuis dimanche 6 novembre, le boyau optique 2Africa est branché à la station d’atterrage du grand port maritime de Marseille-Fos (GPMM), qui en comptait déjà quinze. « C’est notre rôle d’accueillir l’innovation », estime Frederic Dagnet, le directeur de cabinet du Port. Les équipements de terminaison du câble sont quant à eux hébergés, quelques dizaines de mètres plus en retrait, dans les salles informatiques de MRS3, l’ancienne base de sous-marins allemands transformée en data center par Interxion, qu’il faut désormais appeler Digital Realty – le nom du groupe américain qui a racheté le fournisseur local de data centers en 2019 pour environ sept millions d’euros. Cette arrivée conforte la position de Marseille (7e) au classement mondial des plateformes de télécommunication. D’autant que six nouveaux projets d’atterrage sont dans les tuyaux. Digital Realty, qui possède quatre data centers à Marseille, vise toujours le top 5 des hubs internet, dont fait notamment partie la ville de Paris (4e).
Des nouvelles du data center MRS4
En activité depuis cette année, le dernier data center implanté sur le port, le MRS4 (6700 m²), sera achevé au premier semestre 2023 – il a coûté près de 150 millions d’euros. L’information transmise par les ordinateurs du data center voyage de Marseille à Bombay, en Inde, en à peine 0.05 seconde.
MRS4 (crédit : RL)
Le coût global de 2Africa tenu secret par les opérateurs
L’équipement est porté par un consortium d’opérateurs internationaux dont font partie les géants du numérique Meta, China Mobile, Orange, Telecom Egypte et Vodafone. « 2Africa offrira un internet plus rapide et plus abordable, y compris pour les connectivités 4G et 5G », promet Meta. L’ex-Facebook partage même dans un communiqué les résultats d’une « étude indépendante », qui évalue l’impact économique de 2Africa à 27,2 milliards d’euros.
Traverser l’Atlantique, en ce moment, c’est 150 millions de dollars.
Fabrice Coquio
Dans cette vaste opération, la fabrication et le déroulage du faisceau optique sous-marin, en plus de l’installation des 530 répéteurs immergés, sont assurés par Alcatel Submarine Networks (ASN) via son navire câblier Ile de Sein. À flux tendu, plus de dix bateaux seront mobilisés en simultané autour de l’Afrique. Et le projet concerne aussi les entrepreneurs locaux. Le poseur de câbles Louis Dreyfus Travocean (La Ciotat) s’est en effet chargé de l’atterrage du système au sein de la zone Méditerranée. En revanche, malgré les sollicitations des journalistes présents mardi 8 novembre pour l’atterrage officiel, le coût global de l’ouvrage est rigoureusement tenu secret par ses artisans. « Traverser l’Atlantique, en ce moment, c’est 150 millions de dollars », glisse à la presse Fabrice Coquio, le président de Digital Realty France. D’après TV5 Monde, l’enveloppe totale du projet 2Africa se situerait entre 800 millions et un milliard de dollars.
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