Il est des sujets qui mettent tout le monde d’accord. La multiplication des data center sur le port de Marseille semble en faire partie. Pour la pose de la première pierre du quatrième bâtiment du groupe Interxion jeudi 27 mai, le maire PS de Marseille Benoît Payan et le président LR de la Région Renaud Muselier sont sur la même ligne. « C’est la première fois que l’on se retrouve ensemble à une inauguration » fait d’ailleurs remarquer ce dernier dans son discours. Pour le maire de la cité phocéenne, ces centres de données informatiques transforment « le petit port de pêche du XIXe siècle en l’un des grands piliers de l’économie mondiale du XXIe ». Dans la foulée, Renaud Muselier remercie « le plus gros investisseur de la ville (…) Je sais ce que l’on vous doit ». Les élus de tous bords ne tarissent pas d’éloge sur l’entreprise d’origine hollandaise, désormais filiale du géant américain Digital Realty. Il faut dire qu’elle est la première à avoir parier sur l’essor de Marseille comme noeud stratégique du réseau internet mondial.
Interxion mise tout sur l’atout géostratégique de Marseille
« Comme disait Napoléon, “la géographie est la seule chose qui ne change pas” et Marseille profite d’une situation idéale de ce point de vue », explique le président d’Interxion France Fabrice Coquio. Pour bien comprendre, il faut savoir que 98% du débit internet mondial passe par des câbles enterrés sous terre ou immergés au fond de l’eau. « Et cette dernière solution est bien moins chère », explique Fabrice Coquio. Résultats, le réseau de la planète se développe par des câbles sous-marins et la position centrale entre Europe, Afrique et Moyen-Orient de Marseille lui confère un atout majeur. Fabrice Coquio a donc tout fait pour convaincre sa direction internationale de miser sur Marseille. Interxion a ainsi ouvert son premier data center dans le quartier de la Vilette en 2015 et le pari s’est avéré gagnant. Si le premier câble est arrivé sur les plages du Prado en 1999, la ville en compte désormais quatorze connectant 43 pays et 4,5 milliards de personnes. Ces six dernières années, Marseille est passée de la centième à la neuvième place des plus grands hub internet mondiaux et elle devrait encore progresser. De nouveaux câbles sont attendus comme Peace vers l’Asie qui doit arriver à la fin de l’année et « représente le double du débit de la totalité de l’ensemble des câbles déjà connectés », prévient Fabrice Coquio. Et Facebook a lancé un gigantesque projet de câble tout autour de l’Afrique qui doit tripler les débits internet du continent en 2024 et sera relié à Marseille. « Autant dire que le potentiel est énorme », assure Fabrice Coquio qui promet que « Marseille fera partie du Top 5 pour les Jeux Olympiques 2024 ».