Après le rachat d’un site de SFR en 2014, le fournisseur de services de data centers Interxion va investir 180 millions d’euros pour deux nouveaux emplacements dans le port de Marseille. Les connexions de Marseille aux autres continents, via des câbles sous-marins, attirent au plus haut point les géants du numérique.
Un énorme bâtiment en béton armé, construit pour abriter des sous-marins allemands pendant la deuxième guerre mondiale, à l’abandon dans le port de Marseille… Dans ce décor digne d’un James Bond, la société Interxion s’apprête à investir près de 200 millions d’euros, pour y installer deux nouveaux sites destinés à héberger les infrastructures informatiques de ses clients, des grands noms de l’internet et du numérique.
Le projet du deuxième fournisseur mondial de services de data centers, installé à Marseille depuis 2014, porte sur la reconversion de deux bâtiments situés dans l’enceinte du GPMM, avec lequel le groupe a signé un accord pour 49 ans.
Non loin de sa première implantation MRS1 à la Joliette où il a investi 48 millions d’euros sur un site repris à SFR, le groupe d’origine hollandaise attend de manière imminente le permis de construire pour son projet MRS2. Dans les anciens hangars de réparation navale Fouré-Lagadec, bâtis en 1951 et désaffectés depuis une vingtaine d’années, Interxion disposera de près de 4 000 mètres carrés d’espacé équipé pour ses clients. Le projet prévoit des façades photovoltaïques au Sud pour opacifier et produire de l’énergie.
Juste en face, dans l’impressionnante base de sous-marins jadis baptisée « projet Martha » par les Allemands, le fournisseur de data-centers disposera de 7 500 mètres carrés pour installer un troisième site, MRS3. Plusieurs esquisses sont en cours d’élaboration pour changer le look de ce bâtiment d’allure indestructible. Sur le bunker monolithique devrait se refléter le bleu du ciel et de la mer, ainsi que la végétation qui couvrira l’énorme mur autrefois construit pour le protéger des bombes. Le colosse sera coiffé d’un diamant textile comme celui du Vélodrome…
4 milliards d’habitants connectés via Marseille en quelques millisecondes
Cette opération confirme l’intérêt d’Interxion pour Marseille, où débouchent les câbles sous-marins AAE-1 et SEA-ME-WE5. Ces super-autoroutes de l’information, qui charrient des quantités colossales de données, permettent de relier Marseille à Singapour en une poignée de millisecondes. « Marseille devient une ville-monde où peuvent s’interconnecter plusieurs continents. Près de 4 milliards de personnes sont connectées via ces câbles, en Europe, en Afrique et en Asie » souligne Fabrice Coquio, président d’Interxion en France.
La connectivité et la réduction de temps de latence offerte par cet emplacement intéressent au plus haut point les clients de la société, à l’instar de Twitch –plateforme de jeux en ligne (comme Madnix) rachetée par Amazon pour 1 milliard de dollars il y a deux ans-, intéressée pour venir se connecter avec le Viet-Nam via Marseille. « Nous en sommes au début de l’émergence de Marseille », estime Fabrice Coquio, pariant sur un effet « boule de neige » : car les clients viennent souvent s’installer là où sont les infrastructures, ce qui fait présager que bientôt, Marseille ne sera plus une ville de transit, mais de contenu, capable d’attirer les plus grands noms d’internet et des réseaux sociaux. Les représentants du port de Marseille se félicitent de cette avancée supplémentaire sur la voie du “smartport” qui pourrait générer de nouvelles richesses et des emplois. Alors, bientôt Facebook, Microsoft ou Amazon en Provence ? Bienvenue !
En images
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REPERES
> Nom de code «Martha » : En 1943, le IIIème Reich lance la construction d’une base de sous-marins à Marseille sous le nom de code Martha. Conçue à l’origine pour protéger 30 U Boote (nom des sous-marins allemands), la base contient finalement 16 alvéoles capables d’accueillir 20 sous-marins. A partir de 1972, elle a servi au stockage pour les armées puis pour des matières chimiques sous douanes. Au Nord, la partie bureaux a été occupée par le GPMM jusqu’en 2005.
Longue de 250 mètres, la base comprend un bâtiment et des terre-pleins d’une surface totale de près de 9 000 mètres carrés. Son toit est constitué d’une dalle de béton de 5,5 mètres d’épaissseur.
> Les hangars Fouré-Lagadec
La société de réparation navale Fouré Lagadec s’est installée dans le port de Marseille en 1982. Elle y a mené des activités de maintenance industrielle jusqu’en 1982, avant de déménager à Berre. Le site Fouré-Lagadec comprend deux hangars et des terre-pleins d’une surface totale de plus de 8 000 mètres carrés.> Interxion en chiffres:
> Siège social : Amsterdam
> Capitalisation boursière : 2,7 milliards de dollars (Coté au NYSE)
> Chiffre d’affaires 2015 du groupe : 386,6 millions d’euros
> En France : Interxion dispose de 2 plateformes de data centers : Paris et Marseille (dont 11 salariés à Marseille).Lien utile: Telecom: Marseille, carrefour mondial du transport de données