La Maif co-organisait le 15 septembre dernier le So good festival à la Friche de la Belle-de-mai, à Marseille, en partenariat avec le groupe So Press. A cette occasion, son directeur général Pascal Demurger détaille pour Gomet’ les ambitions de la Maif à Marseille et revient sur les engagements RSE de « l’assureur-militant. » Il précise aussi l’action du mouvement Impact France, dont il est co-président, en vue du prochain projet de loi de finances.
Pourquoi avoir choisi d’accompagner So Press pour la mise en place du So Good festival à Marseille ?
Pascal Demurger : Il y a deux raisons. D’abord, la Maif se reconnaît dans les engagements du festival sur l’environnement et l’inclusion. La Maif est précurseur dans ces domaines : c’est elle qui a inventé la réparation des voitures avec des pièces recyclées par exemple. Nous avons aussi mis en place le dividende écologique, dans le cadre duquel nous allouons 10% de nos résultats annuels à des actions en faveur du climat. Un festival sur l’entreprise régénérative, forcément, cela nous parlait.
Pourquoi Marseille ?
P. D. : Marseille incarne un dynamisme et une volonté de faire changer les choses de façon positive
Pascal Demurger
P. D. : Il y a à la fois un dynamisme et une volonté de faire changer les choses dans cette ville… Depuis mon arrivée, j’ai rencontré énormément de patrons engagés pour faire bouger les lignes. Mais c’est une façon positive de le faire : on fait des propositions concrètes sans être en permanence dans l’opposition. Marseille incarne cela, et ça correspond parfaitement à la philosophie du festival.
Quelle est l’ampleur de la Maif à Marseille ?
P. D. : Nous sommes très présents sur le territoire. A Marseille, on dénombre 600 collaborateurs, répartis dans des agences et des centres de gestion, et 70 000 sociétaires. Nous ferons progresser notre présence en fonction de l’accroissement du nombre de sociétaires.
La Maif soutient de nombreuses opérations sur le territoire comme les 2e Rencontres du vélo et des mobilités douces organisées par Gomet’ en mai 2023 (Crédit Gomet’/JYD)
Le So good festival nous offre un rayonnement au niveau local. Cela attire beaucoup de monde, des jeunes qui voient en nous davantage qu’un assureur. Nous incarnons le 21e siècle, tandis que la plupart de nos concurrents sont restés dans le 20e en termes de RSE.
Quelle est votre action en tant que co-président d’Impact France ?
P. D. : Impact est un mouvement qui regroupe des entreprises engagées pour le climat, pour faire changer les choses, y compris en leur sein. J’en ai pris la co-présidence fin mai. Il y a une dynamique exceptionnelle. Le gouvernement nous écoute.
On a fait nos universités d’été le 30 août, il y avait sept ministres présents. Je les vois régulièrement pour essayer d’être force de proposition. Le 3 octobre dernier, nous avons organisé une conférence de presse pour présenter nos propositions pour la prochaine loi de finances et nous allons être reçus par Elisabeth Borne. Les élus nous ont complètement identifié. Ils savent qu’il doivent compter avec nous. Nous sommes identifiés comme une sorte de Medef du 21e siècle : un mouvement d’entrepreneurs conscients des enjeux du 21e.
Par exemple, quelles mesures comptez-vous suggérer au gouvernement ?
P. D. : L’état d’esprit d’Impact, c’est de faire en sorte que la règlementation incite les entreprises à bouger. Pour y parvenir, il faut faire en sorte que les aides publiques versées aux entreprises, 150 milliards d’euros par an, c’est énorme, soient conditionnées. Nous souhaitons qu’elles soient réservées aux entreprises vertueuses notamment sur plan écologique. Idem pour les marchés publics, qui représentent 200 milliards d’euros par an. Aujourd’hui, le critère principal est le prix. Nous demandons que les critères sociologique et écologique soient élevés au même niveau.
On demande aussi que fiscalité soit modulée en fonction du comportement des entreprises, pour les obliger à être plus vertueuses. Cette mesure est bénéfique autant sur le plan de l’accélération de la transition écologique que pour le budget de l’Etat car c’est autant de dépenses évitées pour les années futures. Toutes ces propositions que nous portons sont très concrètes, mais avant tout volontaristes et accessibles. Nous sommes des chefs d’entreprises, il ne faut pas oublier la performance, mais elle doit être au même niveau que l’écologie. Nous sommes en outre convaincus que l’engagement est une source de performance. Cela attire nos talents : à la Maif, nous recevons des tonnes de CV de gens qui en ont marre de la politique du chiffre dans leur entreprise et qui cherchent davantage.
La Maïf était présente aux Rencontres du vélo organisées par Gomet’ avec la ressourcerie Sauvage Méditerranée (Crédit JYD/Gomet’)
Quel est l’impact du réchauffement climatique sur le secteur de l’assurance ? Comment s’adapter ?
Dans le secteur de l’assurance, on touche du doigt les conséquences du réchauffement climatique
Pascal Demurger
P. D. : On a chaque année une augmentation des événements climatiques : des tempêtes, des intempéries… Tout cela prend une ampleur vraiment considérable. Quand on bosse dans l’assurance, on touche du doigt les conséquences du réchauffement climatique.
Comment s’adapter ? La Maif est en pointe là-dessus. On a interpellé les pouvoirs publics sur les conséquences si on ne fait rien : le prix des assurances va augmenter, les gens n’arriveront plus à s’assurer. Il va aussi y avoir des régions entières, sujettes aux dégâts climatiques, où les assureurs vont se retirer car le risque est trop élevé. Pour éviter cela, il faut créer une solidarité entre les assureurs.
Cela peut par exemple prendre la forme d’un seuil minimal de couverture sur les zones touchées. Il s’agit d’inventer un contrat suffisamment couvrant pour ce type de dommages et dont le coût serait pris en charge par tous les assureurs. Ce qui est certain, c’est que si tout le monde continue de jouer le jeu de la concurrence et de l’individualisme, on va droit dans le mur.
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