Les habitants du quartier de la Madrague-Montredon à Marseille (8e) sont décidés à faire entendre leur voix. Après avoir obtenu l’annulation des permis de construire sur la friche de l’ancienne usine Legré-Mante, les associations FARE Sud, ASLS et UC ainsi qu’une vingtaine de riverains avaient dans la foulée déposé une plainte contre l’Etat, la Ville de Marseille et la Métropole Aix-Marseille pour « carence fautive dans leurs obligations de moyens et de résultats. »
Le cas était donc examiné par la 5e chambre du tribunal administratif de Marseille jeudi 7 novembre. « Si depuis le XIXe siècle, les usines les plus polluantes de l’époque ont émaillé la côte de la Pointe Rouge jusqu’à Callelongue, aucune opération de dépollution n’a jamais été prise pour protéger les populations riveraines ou les usagers du Parc National des Calanques de friches contaminés et autres crassiers laissés à l’abandon. Pourtant, la pollution est connue », écrivent ainsi les plaignants dans un communiqué, transmis par le cabinet d’avocats TTLA.
Pollution des sols à l’arsenic et au plomb
Le site de l’usine Legré-Mante, qui a longtemps abrité une usine de usine de traitement de plomb argentifère et de zinc et de fabrication de soude, puis un site de production d’acide sulfurique et d’acide tartrique, faisait jusqu’à récemment l’objet d’un projet de réhabilitation porté par Ginkgo et Constructa, qui avait reçu l’aval de l’Etat et des collectivités. Il prévoyait d’installer sur site des logements ainsi qu’une résidence senior et de tourisme.
Après de longues années de tergiversations et face à l’inquiétude des riverains, les permis de construire ont finalement été retirés aux porteurs de projet en juillet dernier. Mais cela ne suffit pas à rassurer les riverains.
« Des études menées par l’Ademe au printemps 2024 dans le périmètre de la friche de Legré-Mante révélaient la contamination des terres par l’arsenic et le plomb à tel point qu’une notice sanitaire a été émise par les services de l’Etat en août 2024. Ce document recommande aux habitants d’éviter tout contact avec les éléments extérieurs de leur jardin, de ne pas consommer les légumes de leurs potagers, ou encore de se brosser méticuleusement les ongles après tout jardinage » affirme ainsi le communiqué transmis par les associations.
Dépolluer l’ensemble des sols du Mont-Rose à Callelongue
Leurs arguments ont été confortés par les conclusions du rapporteur public, favorables à leur demande. En effet, celui-ci préconise d’ordonner à l’Etat « d’agir dans un délai de six mois s’agissant de la friche industrielle Legré-Mante de Montredon, et particulièrement son crassier, par la mise en place de servitudes d’utilité publique » et aussi de « dépolluer plus généralement l’ensemble des sols du littoral Sud situés entre Mont-Rose et Callelongue d’ici le 30 juin 2028 au plus tard, compte tenu du risque grave pour l’environnement identifié. »
Ses conclusions condamnent également l’Etat à verser la somme symbolique d’un euro. Les juges administratif doivent rendre leur décision d’ici un mois.
En savoir plus :
> Le site du cabinet d’avocats TTLA
> Annulation des permis à Legré-Mante : Ginkgo et Constructa veulent saisir le Conseil d’Etat
> Legré-Mante : les permis de construire de Ginkgo et Constructa menacés ?