Portuaire, logistique et aéronautique : les entreprises au risque du débat

Le débat public est un apprentissage perpétuel et la vaste consultation sur les projets de réindustrialisation et de décarbonation du territoire de Fos-sur-Mer et de l’étang de Berre qui se déploie du 2 avril au 13 juillet 2025, animé par la Commission nationale du débat public (CNDP) en administre, pas à pas, la démonstration. Le 15 mai dernier à Istres, la Commission nationale du débat public mettait à l’ordre du jour « les activités portuaires, logistiques et aéronautiques ».

Trois heures d’expositions, deux heures de débat, la salle de la Grange s’est peu à peu remplie avec un public avisé et attentif, souvent rodé à l’exercice.

Un effort de pédagogie économique

Fait notable, les entreprises prennent très au sérieux cette consultation. Le Grand port maritime présentait Fos 3XL et l’extension de Distriport. Mais les équipes avaient fait un effort de pédagogie remarquable avec force plans, schémas et roll-up pour plaider ces nouveaux équipements. Le capitaine du port en grande tenue était là en personne et les équipes nombreuses pour répondre au public. La SNCF était en retrait avec un cadre un peu esseulé derrière une carte régionale comportant beaucoup de pointillés.

Les opérateurs de l’hydrogène qui sont en attente d’autorisations et d’un cadre administratif stabilisé ont pris le pli de la confrontation aux citoyens et après quelques échecs ont compris qu’il fallait jouer carte sur table, ce qu’ils ont fait. Air liquide a présenté en avant-première son projet d’unité hydrogène Elyfos.

Le projet d’aménagement du Pôle aéronautique Istres Jean Sarrail dévoilait la carte des nouvelles implantations avec l’arrivée de Sabena pour la maintenance ou le projet Stratobus.

Une Académie de l’hélicoptère

La nouveauté était du côté de l’aéronautique. Pascal Kuhn, le boss du site Airbus Helicopters de Marignane, président de l’Union des industries métallurgiques et minières (UIMM Alpes Méditerranée) est venu défendre les couleurs de l’aéronautique, des 200 fournisseurs d’Airbus, du site Airbus de 80 ans qui fait le pari de se renouveler sur lui-même. Il annonce la création d’une Académie de l’hélicoptère portée par une Scic, une société coopérative d’intérêt collectif qui réunit la filière (UIMM, Gifas… ), l’Éducation nationale et les collectivités territoriales. « Nous voulons, explique-t-il, l’installer à côté de la gare de Vitrolles pour que les jeunes aient envie de pousser la porte ».

Fier de représenter la filière, avec Sud Avenir Hélico qui fédère plus de 200 entreprises, Pascal Kuhn en appelle aux compétences avec près de 6 000 embauches à concrétiser d’ici 2032.

Qui assumera le transport, la mobilité, des salariés du territoire ?

Le débat n’appelle pas de synthèse, mais il fait ressortir une lassitude face à des effets d’annonce qui ne se concrétisent pas ou pas encore. Et surtout les élus, comme les syndicats et les associations s’inquiètent du fait que ce vaste schéma de décarbonation ne s’accompagne pas d’une décarbonation des transports et d’un plan de mobilité.

Les acteurs se renvoient la patate chaude : tous avouent que c’est complexe, que la zone n’offre pas une géographie facile à irriguer, mais ils renvoient à d’autres, l’État, la Région, mais surtout pas eux ! Or comme le problème est justement complexe, avec des infrastructures peu adaptées dans une zone Seveso, il ne pourra connaître de solutions viables qu’avec une coopération active de tous.

A noter vendredi 23 mai à Marseille dans le cadre des 4e Rencontres du vélo et des mobilités
organisées par Gomet’ la tenue du 1er débat mobile Fos Berre Provence, un avenir industriel en débat
avec le kit du débat à Marseille. Contributions et questions seront les bienvenues ! Inscrivez-vous à l’événement

« Fos Berre Provence, une avenir industriel en débat » : la présentation du forum d’Istres (CNDP)

Lien utile :

L’actualité du Débat public « Fos Berre Provence, un avenir industriel en débat » à suivre sur Gomet’