C’était le 27 mars dernier. Devant une foule en délire aux pieds de la Tour Eiffel, le sénateur des Bouches-du-Rhône (ex-Rassemblement National) Stéphane Ravier vantait les mérites d’un « ministère de la Remigration dont Marine Le Pen ne veut pas », et critiquait ouvertement la concurrente d’Eric Zemmour, qu’il a rallié le 14 février dernier. Le même Stéphane Ravier qui, quelques semaines auparavant, clamait encore sa préférence pour la présidente du RN… Un changement de discours qui montre à quel point la notion de famille politique semble aujourd’hui désuète.
J’étais ce soir à Toulon avec @Stephane_Ravier et @C_Dudieuzere pour le meeting d’@ZemmourEric ! 🇫🇷 pic.twitter.com/fDu9a57Z5v
— Sandrine D’Angio (@Dangiosandrine) March 6, 2022
L’exemple de Stéphane Ravier illustre la frontière fine entre d’une part, l’extrême droite « traditionnelle » portée la candidate historique de Marine Le Pen et, d’autre part, une extrême-droite poussée à son paroxysme représentée par Eric Zemmour. Cette branche politique semble en effet se partager entre militants les plus extrêmes, qui font le choix d’Eric Zemmour, et une extrême-droite plus « modérée », jugée de plus en plus proche de la mouvance LR. Au premier tour des présidentielles 2017, à Marseille, Marine Le Pen était arrivée en deuxième position (à 23,66% des suffrages exprimés) au coude à coude avec Jean-Luc Mélenchon (LFI, 24,82%). La tendance sera-t-elle la même en 2022, avec la présence de Zemmour et après la victoire du Printemps Marseillais (union de gauches) à la tête de la ville en 2020 ?
Un électorat d’extrême-droite présent dans les quartiers Nord et Est de Marseille
Le sénateur Ravier n’est pas le seul à avoir claqué la porte du Rassemblement national : d’autres figures connues de l’extrême droite marseillaise comme Sandrine d’Angio et Cédric Dudieuzère lui ont emboîté le pas. Dans le bastion RN que sont les 13e et 14e arrondissements de Marseille, où les deux élus sont conseillers départementaux et dont Stéphane Ravier a longtemps été le maire de secteur, l’électorat pourrait donc basculer en faveur d’Eric Zemmour. Cela pourrait être également le cas dans d’autres secteurs tentés par l’extrême droite au premier tour des départementales (10-11-12-15-16e arrondissements qui correspondent aux cantons 3,4,5,6,7 et 8 de Marseille). L’existence d’une alternative au parti historique d’extrême droite pourrait bien entraîner la disparition de ce dernier de la carte, ou du moins son affaiblissement.
Par chance pour son adversaire, l’ex-éditorialiste ne semble pas en odeur de sainteté dans la cité phocéenne. Après un premier passage raté à Marseille, à l’occasion duquel il avait insulté une passante, Eric Zemmour a réitéré samedi 2 avril dernier en se rendant sur le marché à Capitaine Gèze (14e) puis sur le complexe de foot salle Z5 à Aix-en-Provence, d’où il s’est fait sortir manu militari par le frère de Zinédine Zidane lui-même. La candidate du Rassemblement National, pour sa part, s’était rendue dans la cité phocéenne en novembre dernier et avait visité le commissariat du 13/14 puis le marché aux santons sur le Vieux-Port … aux côtés de Stéphane Ravier.
Le spectre d’une alliance Zemmour – Le Pen au second tour ?
Et si au contraire la candidature d’Eric Zemmour faisait le jeu de Marine Le Pen dans les Bouches-du-Rhône ? Dans nos colonnes, le député des Bouches-du-Rhône (LREM) Saïd Ahamada s’inquiétait d’une éventuelle alliance au second tour entre Eric Zemmour et Marine Le Pen. Un scénario qui pourrait permettre à l’extrême-droite de gagner encore davantage de terrain en France et à Marseille. Rappelons toutefois que, si le parti d’extrême-droite est sorti vainqueur du premier tour des départementales et régionales, les cartes ont été rebattues au second tour, un bon nombre de cantons ayant été récupérés par la gauche (cantons 3 et 4) ou par la droite (5, 7,8).
Contacté, le délégué départemental du Rassemblement National, Franck Allisio, n’a pas donné suite à nos sollicitations. De même, la fédération RN des Bouches-du-Rhône n’a pas souhaité communiquer sur le nombre de ses adhérents.
Liens utiles :
> Présidentielle (J-6) : que disent les métropolitains de 2017 sur le scrutin 2022 ?
> Présidentielle : « Rien n’est gagné d’avance » alerte le député LREM Saïd Ahamada
> Nos actualités politiques