Ce n’est pas une surprise : le député de la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône (partie du 14e arrondissement, les 15e et 16e arrondissements de Marseille) sera candidat à l’investiture LREM pour sa propre succession lors des législatives en juin prochain. En attendant les investitures officielles, qui devraient être officialisées à l’issue du second tour de la présidentielle, Saïd Ahamada reste concentré sur l’échéance présidentielle pour laquelle il se dit « très préoccupé » en raison du risque d’abstention et de la montée de l’extrême-droite. Saïd Ahamada défend le bilan d’Emmanuel Macron et livre son analyse du paysage politique actuel.
Vous souhaitez vous représenter sur la 7e circonscription. Quels seront les grands axes de votre campagne ?
En cinq ans j’ai réussi ce que personne d’autre avant n’a réussi à accomplir
Saïd Ahamada
Saïd Ahamada : Il est encore trop tôt pour le dire. Pour l’heure, je reste concentré sur l’élection présidentielle. La liste d’investiture pour les législatives ne sera pas dévoilée avant le second tour. J’ai la volonté de poursuivre le travail engagé après l’annonce du plan Marseille en Grand. Aujourd’hui, je travaille à fond. Les trois-quarts des propositions faites par le Président concernent ma circonscription, que ce soit sur les écoles, les transports ou les carrefours de l’entrepreneuriat. Je me suis battu pendant deux ans pour cette reconnaissance de Marseille. Jamais autant de ministres ne sont venus dans les quartiers Nord que sous mon mandat. En cinq ans j’ai réussi ce que personne d’autre avant n’a réussi à accomplir. Mais il y a d’abord les élections présidentielles qui se jouent et, contrairement à ce que l’on pourrait penser, elle ne sont pas gagnées d’avance.
Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
S.A : Pour la première fois, je perçois de très mauvais signaux : il y a d’abord l’abstention, mais surtout le fait qu’un Français sur deux soit prêt à voter extrême-droite dès le premier tour. Je redoute une alliance Le Pen – Zemmour au second tour qui pourrait faire basculer l’élection. Les partisans de La France insoumise (LFI) pourrait aussi être tentés par un vote extrême et je pense que les écologistes ne se mobiliseront pas autour de la candidature d’Emmanuel Macron. En ce sens, le sujet des législatives est pour l’heure anecdotique si Marine Le Pen est élue présidente, ce qui reste un scénario très plausible. Lionel Jospin aussi était donné gagnant dans tous les sondages en 2001, avant d’être défait par l’extrême droite. Et il ne faut pas oublier qu’Hitler a été élu démocratiquement…
Qu’est ce qui explique cette abstention selon vous ?
S.A : On peut craindre que les gens se disent que nous sommes déjà hauts dans les sondages et donc n’aillent pas voter. Un désir de nouveauté peut aussi entrer en ligne de compte, après une période de cinq ans. C’est pourquoi il faut fournir de nouveaux axes programmatiques et aller vers les gens pour les leur expliquer.
Quelle est stratégie du parti au niveau national et local pour mobiliser, alors que le président est lui-même entré tardivement dans la campagne ?
S.A : La consigne au niveau national, c’est de faire campagne sur le terrain, avec des adaptations au niveau local. Il y a les meetings avec les ministres et autres personnalités du parti qui viennent s’exprimer – comme Gabriel Attal et Gérald Darmanin le 12 mars dernier – étant donné qu’il est pour l’heure difficile pour le président de se déplacer, compte tenu du contexte international. Ce sont surtout nos militants qui viennent sur ce type d’événements, ce qui est important car il ne faut pas qu’une voix manque parmi eux, afin de ne pas aggraver l’abstention. La semaine dernière, j’ai tenu une réunion publique sur les diasporas, qui est une thématique propre à Marseille. Mais nous organisons aussi du tractage et nous allons intensifier le porte à porte dans les semaines à venir. L’objectif est d’aller vers les personnes qui ne sont pas forcément adhérentes au parti et de mieux leur faire connaître notre programme.
LREM a quand même essuyé plusieurs revers politiques lors des précédentes élections municipales, régionales et départementales …
Il y a eu un avant et un après Marseille en grand
Saïd Ahamada
S.A : La situation s’est nettement améliorée depuis les annonces de septembre. Il y a eu un avant et un après Marseille en grand, nous le ressentons clairement. Le nombre d’adhérents est en hausse (15 000 adhérents dans les Bouches-du-Rhône, soit +200 ces derniers mois indique la fédération LREM13, ndlr) Mais il ne faut pas se reposer sur ses lauriers.
Ressentez-vous un climat de défiance de la part des électeurs sur le terrain ? Des affaires comme dernièrement celle du cabinet de conseil McKinsey, peuvent-elle faire vaciller la campagne d’Emmanuel Macron ?
S.A : L’affaire Mc Kinsey prouve que les opposants en face n’ont pas d’autres arguments. Valérie Pécresse et Nicolas Sarkozy, y ont aussi eu recours, davantage que sous notre mandature. C’est une pratique courante dans les administrations et dans d’autres pays que la France.
Nous sommes conscients de ne pas faire 100% des voix. Mais globalement, les gens que nous rencontrons sont plutôt reconnaissants de ce qui a été fait sur Marseille. Il n’y a pas un politique, du moins au niveau local, qui critique Emmanuel Macron sur ce point. Ici, la campagne a déjà été faite avec le plan Marseille en grand. Mais si le président avait voulu en faire un argument électoral, il se serait contenté de promesses alors que là, le travail est déjà sur les rails : le GIP transports a été créé, la SPLA-IN pour les écoles aussi ; les premiers travaux ont commencé et les résultats des appels à projets pour les carrefours de l’entrepreneuriat ont été dévoilés. Le travail accompli depuis septembre est considérable. Je souhaite que l’on continue à avancer dans cette voie.
La liste d’investiture pour les législatives sera commune à LREM, Horizons mais aussi d’autres partenaires comme Territoire de progrès
Saïd Ahamada
Que pensez-vous des récents ralliements politiques à LREM (Martine Vassal, Renaud Muselier, Lionel Royer-Perreaut …) ?
S.A : Depuis 2017, on est cohérents sur l’idée qu’il faut dépasser le clivage gauche-droite. La consigne au niveau national est claire : convaincre les gens de la pertinence de notre projet, et la suite a montré que nous avions raison. Il n’y a pas de plan qui consiste à aller démarcher chez les autres, mais des faits qui font réaliser à nos opposants qu’ils doivent nous rejoindre : Marseille en grand, la gestion de la guerre en Ukraine …
Ne redoutez-vous pas la concurrence du parti Horizons, qui commence à se structurer à Marseille et affiche une ligne similaire à LREM ?
S.A : Ils font partie de la maison commune, il n’y a donc pas de concurrence. Nous soutiendrons le même candidat aux élections présidentielles et la liste d’investiture pour les législatives sera commune à LREM, Horizons mais aussi d’autres partenaires comme Territoire de progrès.
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