Caché dans les hauteurs de Château-Gombert à Marseille (13e), le domaine de la Bétheline accueillait jusqu’à la fin du 20e siècle la congrégation religieuse de missionnaires du Sacré-Coeur de Jésus. Le lieu s’apprête à trouver désormais une nouvelle vocation. L’entrepreneur Arnaud Castagnède, co-fondateur du Cloître (mais aussi d’Acta Vista), lieu voisin du domaine de la Bétheline, murit depuis cinq ans le projet d’implantation d’un « tiers-lieu de génie écologique et inclusif », définit lui-même l’intéressé, contacté par Gomet’.
Si Arnaud Castagnède et son associé Christian Cortambert (ancien président de Cap au Nord entreprendre) sont les instigateurs du projet, ils ont été rejoints par la famille Gomez, fondatrice de l’entreprise de services Proman (Manosque). Cette dernière a déjà investi 2,6 millions d’euros correspondant au rachat du domaine et projette d’y implanter la fondation Proman. La gestion du domaine, elle, sera déléguée à l’association Culture Eco, fondée par Arnaud Castagnède. Le coût global du projet est pour l’heure chiffré entre quatre et six millions d’euros.
Une « ferme modèle et innovante » adaptée au réchauffement climatique
Chèvrerie, ferme pédagogique, agriculture mais aussi logement solidaire et insertion, avec une pointe d’innovation… Le projet à formes multiples doit être un démonstrateur de l’engagement, qu’il soit écologique ou social. Le projet prévoit la mise à disposition d’une douzaine d’hectares de parcelles réservées à l’agriculture, via les structures Agribio 13 et Adear 13. Les parcelles seront mises à disposition des agriculteurs sous forme de baux d’affermage. Les denrées issues de la production seront partagées entre le grand public et les restaurateurs engagés, dont les Jardins du Cloître, mais une partie sera réservée à la Banque alimentaire. A côté des potagers, les 400 oliviers pré-existants sur le domaine seront exploités pour créer une oléiculture.
Exit les cultures gourmandes en eau : l’objectif est de créer une « ferme modèle » adaptée au réchauffement climatique, avec des fruits et légumes nécessitant peu d’apports en eau. « Nous pouvons envisager de lancer des cultures de figues de barbarie, de dattiers, de pistachiers … » égrène Arnaud Castagnède. Ce n’est pas tout : pour compléter cette logique de sobriété, le projet prévoit aussi un espace dédié aux innovations sur la gestion de l’eau, spécifiquement les systèmes d’irrigations pilotés par intelligence artificielle et mis au point par la société marseillaise Telaqua, qui développera son activité sur le domaine.
Si le projet dans sa totalité ne sera achevé qu’en 2026, l’activité de maraîchage, elle, doit démarrer dans le courant de l’année 2024. Plus tard, viendront s’ajouter une ferme pédagogique et une chèvrerie, pour le plus grand bonheur des petits et grands.
Des logements solidaires pour les seniors
Dans le prolongement du Cloître, acteur de l’inclusion, le domaine de la Bétheline comprend aussi une dimension sociale. Outre les terres agricoles, le domaine comporte en effet 3000 mètres carrés de bâtiments, qui seront rénovés par l’architecte Matthieu Poitevin. Une partie, de 1600 m², accueillera un lieu de béguinage, c’est-à-dire du logement social pour les seniors afin que ces derniers puissent vivre en communauté. « Ce ne sera ni un Ehpad ni une maison médicalisée, mais bien des appartements qui seront gérés par un bailleur et permettront aux personnes âgées de vivre de façon autonome », insiste Arnaud Castagnède. Les logements seront gérés par l’association Siel bleu. Hormis les seniors, une partie des logements sera aussi réservée aux agriculteurs cultivant sur place.
Une partie restauration est prévue avec une éco-table d’hôte intitulée « L’Atelier du goût », de même qu’un laboratoire de transformation et de stockage des produits du domaine, qui permettront de faire travailler des personnes en situation de handicap. Le lieu permettra aussi de dispenser au cœur de l’exploitation des formation en agroécologie en lien avec les Apprentis d’Auteuil.
En savoir plus :
> Le site du Cloître
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