Début août, les associations de protection de l’environnement France Nature Environnement (FNE) Bouches-du-Rhône et Var, ainsi que l’association de protection de l’environnement (APE) de Saint-Mandrier portaient plainte contre X pour destruction d’espèces protégées (voir notre article). En cause : le réensablement pratiqué sur quatre plages de la commune de Saint-Mandrier dans le Var. La plainte, consultée par Gomet’, énonce l’importance de la posidonie échouée sur la plage, pour la biodiversité mais aussi contre l’érosion du littoral. Outre l’atteinte à l’environnement, elles affirment que ces opérations de remblaiement ont été faites sans aucune autorisation préfectorale sur trois des quatre plages concernées : La Vieille, Touring, Canon et Coudoulière, non-concédées par l’Etat, et la plage de Saint-Asile, cette dernière ayant été concédée à la mairie.
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Contacté, le maire de Saint-Mandrier, Gilles Vincent, par ailleurs vice-président délégué à la protection de l’environnement à la Métropole de Toulon, se défend de porter atteinte à la biodiversité et voit dans cette procédure une manœuvre politique : « Monsieur Calmet (président de l’APE Saint-Mandrier, ndlr) était candidat aux municipales de 2020 (sur la liste du candidat divers Jean-Ronan Le Pen, ndlr) et nous attaque régulièrement alors que le réensablement se pratique sur de nombreuses plages en France.»
Sur le fond des accusations, l’élu affirme « être en deça des autorisations de tonnage énoncées par la Dreal Paca » en termes de déversement de sable, sans toutefois préciser ce tonnage. « Nous faisons en sorte d’être respectueux de l’environnement. Les posidonies ne sont pas jetées mais stockées, grâce à la technique du millefeuille» qui consiste à recouvrir une couche de posidonie d’une couche de sable, en l’occurrence « du sable de mer lorsque cela est possible ou du sable de carrière. »
Posidonie : « Des écosystèmes qui ont besoin d’oxygène »
Il réfute en outre l’absence d’autorisation pour le remblaiement de ces plages : « Il y a eu des autorisations au cas par cas délivrées par la Dreal. On nous accuse de ne pas avoir fait d’étude d’impact pour les plages, alors que cette dernière n’est pas obligatoire. » L’édile met en doute l’impact réel du réensablement sur les posidonies et considère que les preuves apportées par les associations sont insuffisamment fondées.
« Pourquoi ne pas avoir fait d’étude d’impact si le maire est écologiste ?» rétorque Dominique Calmet, également joint par Gomet’. Pour ce dernier, la technique du millefeuille n’est pas la solution : « Le sable est mélangé avec les posidonies. Or, il y a des animaux qui vivent dans ces posidonies et qui ont besoin d’oxygène» avance-t-il. Il pointe en outre le fait que les plages concernées sont initialement des plages de galets : « le mouvement de l’eau fait que le sable ne tient pas sur la plage et finit en mer. On doit donc en remettre tous les ans, ce qui menace les herbiers de posidonie situés à trois mètres de la mer.»
Outre le Procureur, les associations ont également alerté la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) du Var, ainsi que le préfet de Région. Pour l’heure, aucun retour n’a été fait mais les associations ne désespèrent pas : « C’est le mois d’août et la procédure peut être longue», reconnaissent de concert l’APE Saint-Mandrier et FNE. De son côté, le maire Gilles Vincent promet « une réponse juridique, dès lors que la plainte sera parvenue à la Métropole.»
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