C’est une étape (pré)historique qui vient d’être franchie dans le projet de reconstitution de la grotte Cosquer. Jeudi 25 juin, le président de la Région Sud Renaud Muselier a officiellement remis les clés de la Villa Méditerranée – qui accueillera la future réplique – à Kléber Rossillon, président de la société éponyme qui avait remporté l’appel d’offre en septembre 2019, pour une délégation de service public de 25 ans. Devant un parterre de journalistes, les deux hommes ont échangé une clé symbolique du fameux bâtiment en porte à faux.
Avec 800 000 visiteurs attendus à partir de l’ouverture en juin 2022, la réplique de la grotte Cosquer devrait générer 8,8 millions d’euros de chiffre d’affaires. Kléber Rossillon, qui gère déjà à travers sa société une dizaine de sites culturels dont la réplique de la grotte Chauvet en Ardèche, s’est dit « heureux de participer à ce projet ». Il a pointé du doigt « l’urgence et l’importance de sauver la grotte Cosquer, alors que le niveau de la mer ne cesse de monter » et que la découverte d’Henri Cosquer pourrait sombrer à jamais sous les flots.
Pourtant, la concrétisation du projet se heurte à quelques défis techniques. Car malgré la remise des clés, la société Kléber n’investira les lieux qu’à partir de septembre 2020, date de début des travaux. En effet, les services de la Région s’attellent toujours à la maintenance de la Villa Méditerranée, en raison de problèmes d’étanchéité. Des travaux qui vont durer durant ceux liés à la transformation du site.
Autre difficulté : adapter le projet à la forme atypique du bâtiment. C’est l’architecte Corinne Vezzoni qui s’est lancée dans ce défi, afin d’occuper tout l’espace de la Villa. Des difficultés architecturales, qui pimentent les défis technologiques que s’est déjà lancé la société Kléber Rossillon pour ce projet de grande ampleur.
Grotte Cosquer : « Un voyage au centre de la mer »
C’est un véritable « Un voyage au centre de la mer » qui attend les futurs visiteurs de la Villa Méditerranée. En termes de réalisme, Kléber Rossillon n’a négligé aucun détail pour que l’expérience soit complète. Pour ce faire, l’entreprise a usé des outils numériques : « depuis trois ans, des plongeurs passent la grotte au scanner, afin d’avoir un modèle 3D de la grotte pour pouvoir sculpter par dessus », détaille Kléber Rossillon. En attendant de pouvoir débuter les travaux dans la Villa Méditerranée, le premier panneau de la future réplique, qui comporte une peinture de bison, a d’ores et déjà vu le jour.
La visite se déroulera en quatre étapes : d’abord, l’arrivée des visiteurs par un ponton traversant le bassin et l’entrée de la villa Méditerranée qui les plongera directement dans l’ambiance d’un bar de pêcheurs à Cassis.
Puis, direction le local de plongée et la descente vers la grotte. Les visiteurs seront alors embarqués à bord de petites navettes, pour une balade de 45 minutes au milieu des peintures rupestres et des roches. « Nous tenions à intégrer de l’eau véritable dans la reconstitution de la grotte, puisqu’il y en a dans l’originale », explique Catherine Bonamy, chef de projet pour la société Kléber Rossillon. De même, pour reproduire un effet de plafond bas, comme dans la grotte, le sous-sol de la Villa devra être totalement relooké : de faux plafond ont d’ores et déjà été installé.
Enfin, le grand escalier en spirale qui se trouve là sera également sacrifié pour laisser place à la reproduction d’un immense puits de lumière. La version finale de la grotte, bien que réaliste, sera toutefois légèrement plus petite que la version d’origine, faute d’espace.
A l’issue des déambulations dans la grotte, les visiteurs pourront visionner un film sur la découverte de cette dernière et poser leurs questions à des spécialistes. Enfin, ils remonteront le temps jusqu’au dernier étage de la Villa pour découvrir une reconstitution de ce qu’était Marseille il y a 25 000 ans. Chevaux, phoques, bisons … Les animaux représentés sur les murs de la grotte prendront vie grandeur nature. « Ici, vous ne verrez plus la mer, mais la glace, la steppe et … les pingouins ! », s’esclaffe Catherine Bonamy, balayant d’un grand geste l’imposante baie vitrée qui donne aujourd’hui sur l’esplanade du Mucem. Cette étape du projet sera pilotée par un comité scientifique composé d’historiens et de climatologues, toujours dans le souci de coller à la réalité de nos ancêtres.
Un véritable projet digne de Disneyland Paris, sans oublier toutefois la dimension éducative de cette reconstitution. En effet, une autre partie de l’ exposition sera consacrée au phénomène de la montée des eaux, afin de sensibiliser le public.
Lien utile :
> Le projet de réplique de la grotte Cosquer officiellement dévoilé