Une feuille de papier blanc, un pinceau, de la peinture acrylique noire et de la colle à papier peint : telles sont les armes du collectif Collages féministes Marseille. Les membres du groupe, femmes et personnes trans, ne font pas de l’art. Elles interpellent avec des mots qu’elles collent sur les murs de la ville : « Je te crois », « Nos corps, nos choix » ou « Toutes guerrières ». Ces serial colleuses placardent des phrases chocs pour donner à voir et lutter contre les violences faites aux femmes et aux minorités de genre. Le 30 mars dès potron-minet, Gomet’ a suivi trois membres du collectif dans leur action, de la création au collage, pour comprendre la quintessence du mouvement.
La genèse des collages féministes
Le mouvement est né un soir de février 2019 dans les rues de Marseille. Marguerite Stern travaillait alors avec des mineurs isolés. En tant qu’ancienne militante Femen, cela lui manquait « d’exprimer cette révolte de femme et d’être entendue » confie-t-elle a Gomet’. Elle prend donc tout ce qu’elle trouve chez elle et part coller seule la toute première phrase : « Depuis que j’ai 13 ans, des hommes commentent mon apparence dans la rue ».
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— Marguerite Stern (@Margueritestern) March 23, 2021
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Très vite, elle en est venue à aborder la question des féminicides qui la révoltait car « c’est une question de vie ou de mort » qui doit être vue par tous. Au bout de six mois, le mouvement prend de l’ampleur, il se démocratise aux sujets plus larges que les féminicides dont les femmes s’emparent en France et dans le monde.
« Tous les maillons du patriarcat sont à abolir pour enterrer le système dans sa globalité ».
Marguerite Stern
Aujourd’hui, Marguerite salue cet engouement pour les collages qui outrepasse les féminicides puisqu’il « ne faut pas faire de niveau d’importance entre les sujets féministes ». Selon elle « tous les maillons du patriarcat sont à abolir pour enterrer le système dans sa globalité ».
Collages féministes : se réapproprier la rue
Le 30 mars au matin, nous retrouvons Clara* (25 ans) Anna* (25 ans) et Lucy* (20 ans) (*NDLR : Les noms ont été changés), toutes trois membres du collectif Collages Féministes Marseille, dans le quartier du cours Julien. Clara explique avoir rejoint le groupe en septembre 2020 : « Je ne me sentais pas en sécurité dans la rue. Je voulais me réapproprier cet espace qui n’est pas fait pour nous, les femmes, surtout la nuit ». Elle qui voyait ces messages affichés sur les murs depuis quelques mois, se sentait « mieux comprise » et « moins seule ».
« On nous coupe en permanence la parole. Là, on la placarde sur les murs ».
Lucy
Pour Lucy, qui milite depuis janvier 2021, c’est une manière de prendre la parole et de se sentir écoutée. Elle s’insurge : « On nous coupe en permanence la parole. Là, on la placarde sur les murs ».
La suite demain dans notre prochain volet :
Collages Féministes Marseille : les coulisses d’une action millimétrée (2/3)
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