Un nouveau lieu d’accueil pour les femmes victimes de violences vient d’être dévoilé à Marseille : « l’îlot ». Soutenu par l’État et le Département des Bouches-du-Rhône, « l’îlot » est un centre d’hébergement d’urgence temporaire dans le Nord de Marseille.
Le projet social est porté par la Soleam (Société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire métropolitaine), la filiale d’EDF Enedis, La Varappe pour sa mission d’insertion et La Caravelle, association qui œuvre pour l’hébergement d’urgence des familles. L’État et le Département se sont répartis, à parts égales, le budget global de 1,6 million d’euros sur deux ans pour accueillir 52 femmes et enfants dans les meilleures conditions.
Dans l’îlot, les équipes de La Caravelle pansent les plaies
Que leurs blessures soient physiques ou psychologiques, les victimes ont besoin de compréhension, de soins et surtout de temps. Sept travailleurs sociaux de La Caravelle accueillent les femmes et les enfants dans l’îlot, arrivés ici via le 115 (numéro du SAMU Social). Dans un délai de deux heures, l’équipe reçoit les familles pour les mettre à l’abri et vérifier leurs besoins vitaux. « L’accueil des familles est la mission la plus importante. Elle détermine tout le reste du processus », explique à Gomet’ Christophe Magnant, directeur général de La Caravelle.
L’autre mission des équipes est de « créer de la solidarité entre ces femmes qui ont vécu des événements semblables » poursuit-il. Pour favoriser les liens, l’association a installé un grand salon ouvert en permanence, où les femmes et les enfants « peuvent se reposer, boire le thé ou partager le repas » souligne le directeur. À l’extérieur, une aire de jeu a été construite pour les enfants… Et pour encourager les mamans à discuter entre elles. En complément des actions de La Caravelle, l’association SOS Femmes aide les victimes à comprendre « l’emprise de la peur, de l’affecte ou de la culpabilité qu’elles ressentent » explique Christophe Magnant.
Alors que le cahier des charges prévoit une durée d’hébergement d’un mois renouvelable une fois, le directeur du centre témoigne « qu’en moyenne les femmes restent 98 jours dans les centres d’accueil d’urgence ». Pour lui, les femmes autonomes financièrement rejoignent rapidement un autre hébergement « alors que les femmes sans papier ont besoin d’être accompagnées plus longtemps ». Face à ce constat, lorsque la situation d’une femme est bloquée et alarmante, « l’État accélère souvent les procédures » révèle le directeur.
Le terrain d’Enedis et les containers d’Homeblock
L’emplacement de l’Îlot est tenu secret afin de garantir la sécurité des occupantes. L’endroit a été choisi en concertation entre Enedis et la Soleam.
En novembre 2018, Enedis rachète un terrain de 5000 m2 à la Soleam pour anticiper son besoin « de poste source très haute tension » explique le communiqué. Selon ses prévisions, la Ville de Marseille aura besoin, d’ici 10 à 15 ans, d’une source de distribution d’électricité plus importante. La construction du poste n’étant pas amorcée, la Soleam décide d’installer un projet d’ordre social sur le terrain vacant.
Elle missionne son partenaire Homeblok (groupe La Varappe), constructeur de containers modulables, pour fournir les hébergements. Pour Michael Bruel, directeur opérationnel de Homeblok, « la possibilité de démonter et déplacer les installations en fin de contrat » est un atout non négligeable dans le cadre de ce projet. S’ajoute un volet social, avec des salariés en réinsertion professionnelle et un volet environnemental, puisque les logements sont conformes à la RT 2012 (norme d’isolation).
De son côté, Enedis a souhaité sécuriser le terrain pour les familles. « Nous avons réalisé 200 000 euros de travaux pour clôturer de terrain et installer un portail automatique » indique Valérie Brollo, la chargée de communication d’Enedis.
Un lieu secret et convivial, comme une respiration bienvenue. Car malgré la baisse des féminicides enregistrée par le ministère de la Justice, les signalements de violences conjugales ont augmenté avec les confinements successifs.
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