En ce 5 novembre, jour anniversaire du drame de la rue d’Aubagne, la Métropole Aix-Marseille a souhaité à sa manière rendre hommage aux victimes de l’effondrement des deux immeubles. Tandis que Sophie Camard, la maire des 1er et 7e arrondissements, s’est jointe au recueillement de centaines de marseillais sur les lieux de la catastrophe le matin même, la Métropole a tenu dans l’après-midi une conférence de presse en visioconférence pour dresser un bilan de sa stratégie de lutte contre l’habitat indigne.
500 logements sociaux en centre-ville
En préambule, Lionel Royer-Perreaut, vice-président au logement du territoire Marseille Provence, fraîchement élu président de la Soleam, la Société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire métropolitaine, a tenu à évoquer sa « tristesse » et son soutien « aux proches des victimes » dont il a égrainé les noms. « La travail qui a été fait avant n’a pas toujours été bien compris mais au lendemain du drame, la présidente Martine Vassal a pris des mesures fortes », assure-t-il. Lionel Royer-Perreaut rentre alors dans le détail de la stratégie de la Métropole contre l’habitat indigne. Il cite notamment le programme de renouvellement urbain signé avec l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru), « le premier qui concernait un centre-ville », rappelle l’élu. « Ce sont près de 500 logements sociaux qui ont pu être réalisés dans l’hyper-centre », se félicite Lionel Royer-Perreaut qui préside par ailleurs le bailleur 13 Habitat. Ce dernier a lui-même racheté 16 immeubles à la ville de Marseille pour y créer 70 logements sociaux. Cette acquisition a coûté 550 000 euros mais les travaux de rénovation nécessiteront une enveloppe plus conséquente évaluée à 12 millions d’euros. « Les permis de construire devraient être rapidement déposés à la Ville », indique Lionel Royer-Perreaut. Sur le parc privé, les négociations s’avèrent parfois plus compliquées.
« On a essentiellement affaire à un parc privé et le but n’est pas que le public en devienne propriétaire. Le privé doit faire ce qu’il a à faire et quand il ne peut pas, le public peut se substituer pour l’accompagner », explique Fréderic Guinieri, vice-président de la Métropole chargé du logement. Pour aider les propriétaires privés puissent intervenir, une opération programmée d’amélioration de l’habitat (Opah) permet le financement par la Métropole et l’Agence nationale de l’habitat (Anah) des études et des travaux de réhabilitation. Une vingtaine d’immeubles sont déjà en travaux et cinq ont déjà été livrés. Au départ, l’Anah avait prévu 5 millions d’euros pour cette Opah « et théoriquement, 20 à 25 autres immeubles devraient bénéficier de cette aide », ajoute Frédéric Guinieri.
La SPLA-IN opérationnelle d’ici la fin de l’année
Enfin, la Métropole est l’actionnaire majoritaire de la Société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-IN), avec 59% des parts aux côtés d’Euroméditerranée à 35% et de la Ville de Marseille à 6%. Si le projet partenarial d’aménagement (PPA) a été signé à l’été 2019, « la SPLA-IN n’est pas encore constituée », reconnaît Frédéric Guinieri. Un retard notamment dû à la longue période électorale des municipales et à l’alternance politique à la mairie de Marseille. Un comité de pilotage se tiendra le 25 novembre prochain et son conseil d’administration se réunira pour désigner enfin le directeur général de la SPLA-IN.
Si le PPA s’étend sur un vaste territoire de 1 000 hectares, il va tout d’abord se concentrer sur quatre secteurs prioritaires : deux îlots à Noailles, un à la Belle-de-Mai et un dernier à Hoche-Versailles porté par Euroméditerranée. Une première enveloppe de 150 millions d’euros est programmée sur ces opérations. Sur les relations de la Métropole avec la nouvelle maire de Marseille, Michèle Rubirola, Lionel Royer-Perreaut affirme que « les services des deux institutions travaillent bien ensemble ». Il compte sur la SPLA-IN pour cadrer les discussions et la collaboration sur l’habitat indigne. L’élu semble vouloir tourner la page après la rue d’Aubagne : « Je vous ferai remarquer que l’ensemble des élus au logement, que ce soit à la ville par le truchement des élections, et à la Métropole sont des acteurs nouveaux. Cela incarne la volonté d’impulser une politique nouvelle », promet-il.
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